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VENDREDI 9 AVRIL

Rencontre avec Claude Miller

La salle est comble. On vient de revoir, quinze ans après, L’Effrontée. Claude Miller rentre dans la salle accompagné de Daniel Toscan du Plantier. Ces premiers mots : « Avant tout, ce qui me touche c’est de voir cette salle archi pleine. Ca faisait longtemps. » La modestie d’un grand...

Revenons de nombreuses années en arrière. Nous sommes en 1965 et Miller sort major de l’IDHEC. Il a très vite « la chance » comme il le dit, de travailler avec les plus grands de l’époque: Carné, Bresson, Demy, Godard, et Truffaut dont il adaptera le scénario de La petite voleuse en 1988. Pendant dix ans il est assistant. « J’étais dans une situation idéale . » Etre au service de grands films sans en avoir la responsabilité. Mais en 1975 Miller prend son envol avec La meilleur façon de marcher et reçoit un césar. Pour une première apparition en tant que cinéaste c’est réussi ; il a même écrit le scénario original. La récompense était d’autant plus gratifiante. Par la suite il se « contentera » souvent de faire des adaptations « à cause du manque de confiance ».

L’Effrontée est tiré d’une nouvelle américaine mais Miller avait depuis longtemps le projet de faire un film dont le personnage serait une jeune fille. L’idée était la suivante : « Confrontons une jeune fille soit disant ordinaire (Charlotte) à une autre jeune fille soit disant extraordinaire (Clara), et voyons ce qui pourrait se passer. »

Une personne dans le public fait remarquer que comme dans son autre film L’Accompagnatrice (troisième volet du thème de l’adolescente mal dans sa peau), il y a la présence d’un piano. Miller raconte... « Quand j’étais jeune je vivais dans un milieu modeste, et tout ce qui était le milieu artistique représentait pour moi une promesse d’ascension sociale. La musique classique représentait quelque chose d’élevé par rapport à la variété. »

Concernant son choix pour Charlotte Gainsbourg , il explique « qu’il était évident que ce soit elle ». Miller la voit dans Paroles et musiques de Chouraqui et a le coup de foudre. « Je cherchais quelqu'un qui ait une grâce mais qui ne soit pas une lolita ; qui soit laide et belle à la fois. » Mais les miracles ne se produisent pas tout le temps et il faut se méfier des coups de foudre : « Les premières impressions sont très importantes mais ce ne sont que des premières impressions. Avec le temps, je deviens plus raisonnable. » Il glisse par la suite : « En fait on ne pense pas aux acteurs mais d’abord à nos personnages. On les cherche à partir du rêve, et non l’inverse. »

Dans la salle, une adolescente demande timidement s’il y a une différence dans la manière de travailler avec des enfants. « Dans le cas de L’Effrontée, c’était particulier, car Charlotte Gainsbourg et sa partenaire avaient malgré leur âge le niveau de comédiennes professionnelles . Mais en règle générale toute la séduction que j’utilise avec des adultes est impossible avec les enfants. Il faut être le plus direct possible. » Durant les tournages Miller fait peu répéter les acteurs de peur « que des miracles ne se reproduisent plus ». « Le travail des acteurs, quelque soit leur technique, est tellement fugace face à la caméra ». Miller, directeur d’acteurs, c’est quelqu'un qui fixe peu les choses. Il veut également voir ce que le comédien a à dire. Le mélange des regards sur les personnages et l’histoire est important.

Des questions, plus liées à la production cinématographiques ont également été posées. A « quel est l’avenir du cinéma européen ? » Miller répond encore une fois modestement, « que c’est une question bien sérieuse mais qu’il s’agit surtout de continuer à s’agiter face au cinéma hollywoodien. » Discrétion dans les mots quand on sait qu’il est à la présidence de l’association « Europa » qui donne de l’argent à certaines salles européennes afin qu’elles programment 50% de films européens.

Question classique : « Quel conseil donneriez vous à quelqu'un qui se lance dans la réalisation ? »
« Aujourd’hui, on a accès à des caméras numériques. Avec ça on fait un film. Tout le monde peut s’exprimer par l’audiovisuel. Il faut commencer de cette manière. Je crois. »

L’impression que nous retenons est peut-être avant tout celle « d’un mangeur de cinéma » comme il aime à dire. Miller ou le cinéaste cinéphile.

Ingrid

 
 

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