|
SOIREE JEAN-PIERRE THORN
Dans le cadre des 8e Rencontres Cinématographiques de Seine-Saint-Denis, Catherine Haller, la directrice du cinéma lEcran 1 et 2 de Saint-Denis nous propose :
de Jean-Pierre Thorn (1997/1h28) avec Franck De Louise et Gabin Nessier (Aktuel Force compagnie) Un film racontant merveilleusement bien la culture hip-hop en France. Présentation de la soiréeLa salle est complète pour la projection de ce soir. Beaucoup de jeunes sont venus, même Meaux, pour assister à ce film qui explique la provenance en France du mouvement hip-hop. Le réalisateur Jean-Pierre Thorn et Franck De Louise arrivent devant les spectateurs impatients (présence denfants). Lanimatrice, Catherine Haller annonce le déroulement de la soirée dont la projection dun court-métrage qui sintitule Sans papier de France, puis donne la parole au cinéaste en guise dintroduction : Je crois que pour nous tous cest important à Saint-Denis, parce que Franck est originaire de la ville. Tout à lheure on est passé à coté de sa cité qui est juste à lentrée. Et puis, Gabin Nessier habite aux Francs-Moisins, donc cétait un peu normal quon soit là. Je crois que le 93, cest vraiment un des lieux des racines du hip-hop, voilà. Donc Franck (il le présente de la main) était le breaker fou de lémission de Sydney. Donc la première émission de Sydney à la télévision qui parlait du hip-hop.. Le réalisateur passe le micro à Franck De Louise : Je vais dire que que je suis bien content dêtre là, et ça me fait chaud quil y est autant de monde, les mecs y vont gallérer pour voir le film, mais je vous remercie. Et en fait, jétais même jamais rentré dans ce cinéma, parce quà lépoque quand javais 15 ans y avait pas de cinéma, y avait le petit Écran au théâtre Gérard Philippe. Et y avait rien pour la culture surtout à Saint-Denis, pour une ville de cent mille habitants. Justement le hip-hop est venue vraiment au bon moment au début des années 80, justement enfin... le hip-hop est venue pour moi comme quelque chose, comme une réponse à ce que jattendais parce quà Saint-Denis y avait rien du tout, ça ne ressemble pas à celui daujourdhui. Alors, je suis très content dêtre à Saint-Denis aujourdhui avec vous, voilà et bon film et à tout à lheure si vous avez des questions. Ils ressortent de la salle sous les applaudissements du public.Le film montre les rencontres des danses urbaines qui a eu lieu en 1996 au parc de la Villette en fond dhistoire, pour mieux présenter certains groupes de hip-hop comme Aktuel force, MBDT et bien dautres afin quils nous parlent des racines de ce mouvement musical et culturel dans notre société. Par exemple, Franck De Louise explique quil a fait des études déléctro-technicien qui navait rien avoir avec sa vie future. Il raconte quil doit tout au hip-hop pour être là aujourdhui. Pareil, pour Gabin Nessier expliquant où il venait breaker dans sa cité et faisant une figure de free-style pour le plaisir à ses copains. Le hip-hop est mélangé à beaucoup dautres danses contemporaines afin de le faire reconnaître comme un art à part entière. Cet art est lespoir de certains jeunes de banlieue pour sen sortir. Le film se termine sur les rencontres de danses urbaines à la Villette.
Le débatLa base de lhistoire du film est racontée par le réalisateur : Moi, jai découvert le hip-hop y a pas longtemps, il y a quatre ans à Lyon où il y avait une rencontre régionale qui rassemble toutes les compagnies hip-hop. Puis, y avait 200 danseurs, 4 000 jeunes à la Maison de la danse de Lyon. Jai été époustouflé par la beauté car pour moi avant tout cest la force, la beauté de cette danse et lénergie de ces danseurs. Et puis bon en discutant un peu, jai été épaté par cette énergie, cette volonté qui travaille, et en même temps javais assisté aux répétitions. Et là, je me suis dis faut faire un film. Je suis allé voir les chaînes de télévision, et ce quétait incroyable, cest que toutes les télévisions nous disaient : Oh! cest pas intéressant, cest de la sous-culture, ça leurs passera cest de la sous-culture américaine, je vous jure! Et moi jétais sidéré ; je leur dit :vous vous rendez pas compte mais il y a des millions de jeunes qui sont en train de développer ça et cest une chance formidable pour notre pays que ce mouvement artistique existe , et jai été extrêment surpris devant la frilosité pour pas dire plus, même des fois le mépris franchement dun certain nombre de responsables culturels des chaînes qui résonnent en terme daudimat, ils disent :Cest une mode, ça leurs passera!. Et du coup, jen ai été plus convaincu quil fallait faire un film, parce que je crois quun des problèms de la France, cest ce côté obtu où les responsables culturels des chaînes ne voient pas que dans la jeunesse il y a un tel mouvement qui bouge en ce moment et qui produit un art à part entière avec ses codes, avec son message, son écriture extrêment précise et que jétais assez scandalisé de ça. Donc, le film a mis un certain temps à se faire parce que à des moments donnés, jai même fini en Hi-8 avec des petites caméras, car personne ne voulait produire. Jai même eu une aide de lEurope, cest ce qui ma permis de démarrer, une aide du documentaire Editor Médias. Et puis au bout de trois ans, je travaillais, contactais les groupes, je filmais les rencontres jeunes mais jarrivais pas à faire le film que je voulais qui était de rentrer dans les familles de voir qui était ces personnalités qui faisaient le hip-hop. A la longue, jai convaincu France3 Rhône-Alpes, donc par des petits moyens, jai fait un premier montage qui sappelle : génération hip-hop, qui sest passé à Lyon. Et ayant fait ce film, il était reconnu puisquil a été sélectionné à Biarritz. Du coup, Arte qui la vu ma dit : Cest incroyable! il faut quon aille plus loin, il faut quon vous donne les moyens de continuer, cest comme ça que jai pu avoir les moyens là de filmer avec des moyens à la danse avec trois caméras pour travailler comme javais envie vraiment près du sol, arriver à montrer tout ce que javais envie moi de filmer sur le hip-hop. Et peut-être, que cétait bien aussi dun côté, comme dirait mon ami Gabin (Nessier) : Transformer le négatif en positif davoir cette contrainte que jai eu du temps, finalement à été bénéfique. Parce que ça ma permis moi de vraiment prendre beaucoup plus de temps de rencontrer les compagnies et puis moi javais peur quils se découragent et disent : Finalement, ce mec là, cest un bluffeur, il fait jamais son film, donc il a fallut que je leur montre des images, ce que je ne fais jamais dhabitude. Cest tous les rushes que javais tourné quand jai démarré début 1993, jai tout montré aux compagnies et du coup ça leur a donné confiance, ils ont vu ce que je cherchais. On a discuté ensemble, comment aller plus loin, et même je crois pour convaincre Aktuel Force, et puis dautres danseurs comme Ibrahim, Akim Aîche et tout ça de participer au film. Le fait que javais fais un film avant, a permis de ce fait de voir comment je travaillais, et a permis vraiment davoir plus de confiance ensemble. Voilà, donc finalement, je dois remercier aux chaînes de télévision davoir eu tellement peur de faire ce film, que à larrivée ça ma permis moi, davoir du temps pour travailler, parce que je crois que la qualité pour un cinéaste, cest davoir le temps découter les gens, le temps de pas partir des idées quon a a priori, mais vraiment se pénétrer, rester en dialogue, connaître et puis cest aussi échanger, donner de soi pour que en face, on puisse se respecter, donc aller plus loin pour dépasser les idées préconçues et à toucher à des choses fortes.Voilà lhistoire de "Faire kiffer les anges. Franck De Louise ajoute à ce commentaire de Jean-Pierre Thorn : Moi, quand il est venu me voir, moi jai été frimer un peu... je sais pas limage... enfin il ma dit que ça serait bien que je sois dans le film pour parler un peu de mon chemin, et en fait, jétais pas trop daccord. Et effectivement, quand jai vu le monde quil y avait derrière, bon les Aktuels et tout ça? Gabin ma dit : Ouai, ça serait bien et tout, parce que cest bien de le montrer quoi, parce que tout le monde ne connaît pas, apparemment, même si on a limpression dêtre connu des gens depuis longtemps. Pour nous on est pas au courant de ce qui se passe réellement à travers ça. Notamment, le fait de reconnaître cette nouvelle culture, et ça cest déjà un grand pas. Quand je dis culture cest que dans le hip-hop on retrouve, ce quon peut appeler des disciplines, bien connues de nous. A savoir lexpression graphique (la peinture, les graffiti), le rap, la conception musicale quand le DJ fait des remix instrumentaux et tout ça et puis la danse. Je veux dire à lintérieur de ça on a assez déléments pour exprimer quelque chose quon a au fond de nous. Parce que cest une une réaction, enfin moi je lexplique comme ça, cest une réaction à un système qui justement qui ne veut des gens qui peuvent pas saffairer. Et à travers ça, on arrive à sexprimer et donc cétait bien de pouvoir le montrer dans le film. Et je trouve que cest une expérience intéressante, puisque aujourdhui on est là pour appuyer le film et ce qui permet de faire des rencontres, de voir la réaction des gens. Et ça, cest vachement important parce que nous de lintérieur, on se rend pas vraiment compte de limpact que ça peut avoir sur les gens qui sont de lextérieur. Et cest toujours bien déchanger des réactions. Donc, je voudrais remercier Jean-Pierre pour sa démarche, et puis sâchez quen prévision on a une fiction sous forme de comédie musicale et jespère que ça va aboutir parce que ça serait bien de faire un film français là dessus. Le cinéaste pose une question dans la foulée à ses deux acteurs : Pourquoi Franck au début tu étais très méfiant, cest intéressant je trouve. Franck préfère laisser Gabin Nessier répondre à cette question sur leur méfiance à tous les deux : Pour moi, ça fait longtemps que je suis dans cette culture. Le fait que Jean-Pierre avait déjà fait un premier film, qui na vraiment pas touché la véritable identité de la culture hip-hop. Pour moi, cétait un moyen de remettre un petit peu les choses à niveau. De dire voilà, on est une compagnie, ça fait longtemps quon est là, on a vraiment une bonne racine et ça serait bien quon arrive à montrer quelque chose de différent par rapport de la culture de Lyon. Parce quil faut dire ce qui est, chaque région, chaque ville de la France ont plus ou moins une influence contemporaine, ça peut être une influence plus africaine, à Paris cest beaucoup plus, il y a une plus grande souche, ça part sur lAfrique, il y a beaucoup plus de divergences plus importantes. Mais cest vrai, on peut voir du côté de Roubaix, cest plus commercial un peu dans les styles de clips commerciaux. Donc si tu veux le travail quil avait fait premièrement, avec le film, je me suis dis que ça serait bien quon arrive à remontrer un petit peu cette culture et pour moi et toute la compagnie cétait quelque chose de très intéressant. Par la suite, cest vrai quil y a eu des choses positives, ça veut dire que ça a touché un argument public, le film à été bien vu par Arte et pour nous le fait quon arrive à remontrer cette culture, quon puisse prouver quon est capable de faire des choses artistiques avec une écriture chorégraphique, pour moi je trouve que cest vraiment important. Cest pour ça que je dis que chapeau à Jean-Pierre Thorn qui a fait ce film. Bon, javais cette opportunité dêtre lun des premiers sur ce film, donc jai donné des amis, des gens qui sont dans la culture depuis longtemps, jai donné des noms à Jean-Pierre entre autres Franck De Louise qui a fait beaucoup pour la culture au sens de la musique. Un premier spectateur pose une question à Franck De Louise : Pourquoi tu dis que le hip-hop cest pour les caïllra (signifie racailles), les jeunes des banlieues?, lair étonné de cette question ambiguë, il répond : Enfin je sais pas qui dit ça dans le film, mais je pense quon fait allusion, quand on dit hip-hop, on fait allusion au rap. Et ce qui est véhiculé dans le rap, et lexpression qui est utilisée actuellement, cest clair que ça vient quon sais doù voilà. Ca vient de la culture des cités, si on rap en verlant cest presque tout juste. Ce que je veux dire, il y a association pour linstant du hip-hop au rap, et ce que ce film veut démontrer, il y a pas que ça, et que même si le rap il véhicule si cest pas des messages négatifs, cest de la démagogie en général. Et nous dans la danse , on est complètement, enfin je pense, on a pas le même discours et on parle avec le corps et dun sens complètement positif. Et cest ce quon voulait défendre justement, cest quon veut montrer une autre image du hip-hop, que cest pas simplement du rap, et que le rap est associé à racaille, cest limage donnée par les médias, lattitude des gens qui font du rap, cest pas lattitude bon chic bon genre, faut pas se fermer les yeux là dessus. Un spectateur prend la parole, et se présente comme un rappeur sappelant Mistik : Le rap cest une culture déchange, faut pas dire nimporte quoi, Gabin répond à son interlocuteur : La culture hip-hop cest quatre grandes branches :le rap, le DJ, le graffiti, et la danse. Quand on parle de hip-hop, ce sont ces quatre branches qui sont ensembles. Tout à lheure, il a parlé de, si je fais allusion à ce que je sais, il a parlé de racaille dans la culture hip-hop. En fin de compte cette culture, on ne peut pas dire que tout le monde sont des racailles, des gens qui sont dans des banlieues ou dans Paris ce sont des racailles. Mais, je pense que cette culture amène une communication. Pourquoi ça touche des gens qui sont un peu délestés, qui ont du mal dans la société à trouver un apport, parce quil y a une histoire de communication, avant tout la vie est une communication. Si y a pas de dialogue avec lautre , il y a un sentiment de peur, quelque chose quon créé et quon a du mal à sapprocher de lautre. Cette culture hip-hop arrive dans les milieux défavorisés, des gens qui ont du mal à se canaliser. Et grâce à la culture hip-hop, ils arrivent à trouver un canal déchange de communication vis-à-vis de lautre, aussi bien par le rap, le graphe, la danse et la musique. Et moi je trouve que cest vraiment important, et que si y a de plus en plus de masse qui arrive et qui rentre dans cette culture hip-hop, cest pas spécialement pour la culture hip-hop, mais pour la communication. Et elle ne sarrête pas seulement en France, cette communication déborde actuellement dans tous les pays, parce quon constate que la culture hip-hop prend ses racines aussi bien au Japon, en Suisse, en Allemagne, en Hongrie. On consacre la culture hip-hop. Cest non seulement un phénomène national, mais mondial Je constate que cette culture qui arrive à notre époque, cest quelle ramène une certaine source dune communication, quelle pouvait pas ramener avec les autres arts. Donc, cest pour ça que cette culture nest pas faite que pour les racailles, mais cest une culture qui nous permet de nous comprendre et de mieux nous connaître.
Une dame demande comment est né le titre du film ? le réalisateur nous répond : Jai hésité longtemps à quel titre donner, et cest un titre que dit un des danseurs. Cest Akim Aîche quand il pose la question : pourquoi tu danses? cest pour faire kiffer les ANGES. Cest le verlant de GENS. Et kiffer est un terme très répandu. Aujourdhui dans le langage jeune... je dirais qui vient du mot KIF au Maroc, et qui signifie PLANER, AIMER, le titre cest du hip-hop.
|