LES RETROSPECTIVES

Détaillons le programme et parlons d'abord des rétrospectives. Elles ont été au nombre de trois. Tout d'abord, il y a eu celle consacrée à Brigitte Helm, la célèbre actrice allemande découverte par Fritz Lang pour " Metropolis " (elle y interprétait le double rôle de Maria et de son ersatz maléfique). Elle a été une des rares actrices du muet à s'adapter sans problème à l'apparition du cinéma parlant. Après une carrière relativement riche (elle a tourné avec divers réalisateurs, de Lang à Pabst, en passant par L'Herbier) elle s'est retiré du monde du cinéma en 1935 pour élever ses quatre enfants. Dans le cadre de cette rétrospective, l'équipe du festival a eu une excellente idée : projeter deux de ses films avec un accompagnement musical. Le premier, " La Mandragore " de Henrik Galeen a été, pendant ses 2h07, accompagné classiquement par un pianiste. Grâce au second, nous avons pu vivre une expérience intéressante : regarder " Metropolis " avec la musique (en live) de deux DJs techno. Cet accompagnement, pour le moins inhabituel, a très largement relevé le côté moderne du film de Fritz Lang.
La seconde rétrospective a été consacrée au réalisateur américain prolixe William Wyler avec la projection de 24 de ses 46 films datant de 1925 à 1970 (dont les célèbres " Hauts de Hurlevent " avec Merle Oberon, Lawrence Olivier et David Niven, "La maison des otages " avec Humphrey Bogart, l'illustre " Ben Hur " avec Charlton Heston, " La rumeur " avec Audrey Hepburn et Shirley Maclaine, " Funny Girl " avec Barbara Streisand et Omar Sharif). Ce cinéaste, pour lequel le critique André Bazin déclarait " Vive Wyler à bas Ford ! ", fût considéré comme l'un des grands réalisateurs américains. Il a notamment fait tourner de grandes actrices américaines, dont Bette Davis dont il aura su mettre en valeur le caractère indépendant et tranché.
Enfin, la dernière rétrospective a permis aux festivaliers de redécouvrir la filmographie en solitaire de Stan Laurel, le comparse d'Olivier Hardy, avec plusieurs courts-métrages de la collection Lobster.

LES HOMMAGES

Parallèlement à ces trois rétrospectives, plusieurs hommages ont été rendus. Premièrement, à Danièle Dubroux, cinéaste française qui a réalisé des perles d'absurdité débridée telles que " Le Journal du Séducteur " et " L'Examen de Minuit ". Le festival nous aura permis de (re)découvrir des films plus anciens tels que " Les Amants terribles " et l'émouvant " Borderline ", longs-métrages dans lequel le côté loufoque de la réalisatrice transparaissait déjà, mais de manière plus intimiste, plus discrète.
Il y a également eu le double hommage à Fernando Arrabal (Espagne) et Alejandro Jodorowski (Chili) que l'on peut rapprocher puisqu'ils ont tous les deux fait partie (avec Rolland Topor) du mouvement Panique. Le cinéma de ces deux réalisateurs anarchistes reste très particulier puisqu'il tourne autour de thèmes érotiques, violents, sanguinaires, cruels, parfois scatologiques, et souvent empreint d'une symbolique un peu curieuse qui peut paraître légèrement sibylline. Parmi leurs films, on peut noter le premier de Jodorowski, " Fando et Lis " tourné en 1968 et narrant les relations d'un couple dont la jeune femme est paralysée. Le tournage a pour particularité de montrer de réelles tortures et du vrai sang. Une expérience qui donne le " la " pour leurs œuvres à venir !… D'autres hommages ont également été rendus à Karen Chakhnazarov (Russie), Joao Mario Grilo (Portugal) et Silvio Soldini (Italie).

 
   (C) Ecran Noir 1996-2000