Le palmarès des Césars
présidence Nathalie
Baye
Meilleur film de l'année:
Le Fabuleux
destin d'Amélie Poulain, de Jean-Pierre
Jeunet
Meilleur Réalisateur:
Jean-Pierre
Jeunet - Le
Fabuleux destin d'Amélie Poulain
Meilleur acteur:
Michel
Bouquet - Comment
j'ai tué mon père
Meilleure actrice:
Emmanuelle
Devos - Sur
mes lèvres
Meilleur acteur dans un second rôle:
André
Dussollier - La
Chambre des officiers
Meilleure actrice dans un second rôle:
Annie Girardot - La
Pianiste
Meilleur jeune espoir masculin:
Robinson Stévenin - Mauvais genre
Meilleur jeune espoir féminin:
Rachida
Brakni - Chaos
Meilleur scénario original ou adaptation:
Jacques Audiard et Tonino Benacquista - Sur
mes lèvres
Meilleur Son
Marc-Antoine Beldent, Pascal Villard, Cyril Holtz
- Sur
mes lèvres
Meilleur Montage
Marie-Josèphe Yoyotte - Le
Peuple migrateur
Meilleur Costume
Dominique Borg - Le
Pacte des loups
Meilleur Décor
Aline Bonetto - Le
Fabuleux destin d'Amélie Poulain
Meilleure Photo
Tetsuo Nagata - La
Chambre des officiers
Meilleure Musique
Yann Tiersen - Le
Fabuleux destin d'Amélie Poulain
Meilleure Première Oeuvre de Fiction:
No
Man's Land, de Tanis Tanovic
Meilleur Court Métrage:
Au premier dimanche d'août de Florence Miailhe
Meilleur Film Etranger
Mulholland
Drive, de David
Lynch
César d'Honneur
Claude Rich, Anouk
Aimée, Jeremy
Irons
Des Césars qui baillent...
Que retiendra-t-on de ces 27ème César? Rien.
Si ce n'est la présence exceptionnelle d'un Premier
ministre candidat à la Présidentielle. Une première.
On accuse Jospin d'être austère, sinistre,
père la rigueur. On ne saura jamais s'il sait
rire. L'humour ne fut pas au rendez-vous du show.
Il y eut bien les amnésies de Claude Rich,
le détournement de Jamel ou encore l'ode
de Daniel Prévost. Le charme de Nathalie
Baye, l'élégance de Darrieux et d'Aimée.
Quelques moments pour sourire.
Le reste fut pathétique. Un spectateur étranger
n'aurait jamais pu deviner que le cinéma français
était à la fête, battant des records, reconquérant
le public. L'atmosphère était froide, distante,
comme une succession de pages en papier glacé.
Cette absence de spectaculaire, de divertissement,
d'extravagance oblige à zapper. Ou à s'endormir.
La direction artistique est minimaliste : un décor
rigide, deux pupitres. Un malheureux pot de fleur
viendra, tel un symbole, combler le vide. Ne parlons
pas de la musique, relativement aléatoire. Aucune
illustration des musiques nommées au César de
la meilleure BOF.
Ce ne fut pas la seule faute de goût. Hélas. Le
discours de Lelouch devait encensé Anouk
Aimée. On eut le droit à un mot personnel pour
Bébel. De même les courts métrages ont été baclés,
sans extraits.
Il faut changer les César. Ils ne reflétaient
absolument pas l'euphorie dans laquelle l'industrie
du cinéma aurait du être. L'OPA par Canal est
une greffe qui ne prend pas. Il suffisait de voir
les montages, mal foutus, ou la présentation précédent
la soirée. Mademoiselle Agnès, ex-"spécialiste"
de la mode, n'avait rien d'autre à citer que l'épouvantable
Tom Ford (le fossoyeur de YSL), et donner son
avis sur tout, et donc sur rien. Loin du cinéma,
loin de la connaissance, on nageait dans la futilité
et la vacuité. Aucune interview de stars, aucune
réflexion pertinente sur les films en course.
Justement, ce Palmarès, éclaté, représente bien
cette tiédeur télévisuelle. Les professionnels
semblent avoir fait des compromis, ne voulant
facher personne. Une certaine forme de snobisme
qui du coup ne profitera à aucun film. Ce n'est
pas avec le faible nombre de César de chacun des
gagnants qu'il y aura un impact sur les ventes
de DVD, à défaut d'exploitation en salles. On
est loin des sacres d'antan. De plus en plus,
les César saupoudrent entre les favoris... Amélie
sort vainqueur, modeste, devant le Audiard.
Tout demeure prévisible. La victoire de Michel
Bouquet rappelle celles de Jeanne Moreau ou
Claude Rich. Celle d'Emmanuelle Devos sent
le remake d'une Sandrine Bonnaire. Sans parler
des répétitions du type Dussollier ou Girardot.
On reste étonné de voir qu'Amélie est sélectionné
à l'Oscar du meilleur scénario et de la meilleure
photo, sans repartir avec ces deux César - ce
qui ne retire rien à la Photo sublime de La Chambre
des officiers ou au très bon scénario de Sur mes
lèvres.
Un effet "puzzle" qui empêche les César d'être
un gage légitime durable pour le cinéma français.
Un élément marketing qu'on a du mal à exploiter,
de plus en plus.
Vincy