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Critique
Le petit monde du Poulpe convient bien aux acteurs du film. Sa faune excentrique est à la fois odieuse et burlesque, lucide et caricaturale. Les acteurs s'en donnent à coeur joie : il faut voir Clotilde Courau menacer une bande de méchants revolver à la main en tenue d'Eve.
L'humour est grinçant, et le ton est suffisamment léger pour remporter l'adhésion.
L'originalité réside dans la mise en scène qui vient totalement à contre courant du genre. Guillaume Nicloux a choisi de filmer un polar comme un western. Et ça marche ! D'ailleurs, on peut même dire que Le Poulpe est un western portuaire.
On prend un plaisir évident à suivre le rythme de cette histoire loufoque. C'est un film qui évolue constamment en ellipses, le récit s'accélère et on ne peut plus revenir en arrière. Et comme Le Poulpe est également très musical, le rythme du récit et la musique sont très liés.
Ainsi, la musique tient un rôle important dans ce film. On dénote une véritable couleur au son, quelque chose de fort, de lourd, où les basses sont assez présentes. Il y a un vrai travail autant sur l'univers sonore que sur l'image.
L'ensemble se révèle vraiment original et bien interprété.
Le Pouy du Poulpe:
Le "père" du "Poulpe" est Jean-Bernard Pouy, auteur en 1983 de "Spinoza encule Hegel" et signature-phare de la Série Noire. Ce fils d'un employé de la SNCF voulait alors relancer la littérature dite "de gare" avec des livres pas trop chers (de 39 à 42 francs) et faciles à lire.
Il lance aux éditions Baleine la collection, en hommage aux "pulp fictions", cette littérature bon marché en vogue aux Etats-Unis jusqu'aux années 50, et clin d'oeil au célèbre film de Quentin Tarentino.
En exergue de "La petite écuyère...", Pouy plante le décor: "Le poulpe, ça ne s'attendrit pas. Faut taper dessus à coups de marteau". Gabriel Lecouvreur, alias "Le poulpe", est un jeune homme "grand et balèze", ainsi surnommé en raison de ses trop longs bras ballants.
"Simplement quelqu'un qui contre-balance la vacherie du monde en tatanant quelques indélicats, en remettant des salauds sur le chemin de la rédemption, en expérimentant une technique toute personnelle de reprise individuelle", précise l'auteur.
Partant de "ces petits faits divers qui expriment, à tout instant, la maladie de notre monde", le détective libertaire, antilepéniste, "qui aura 40 ans à l'an 2000", évolue dans le 11ème arrondissement parisien, entouré de Gérard, le patron fort en gueule de son "rade" préféré, "Au pied de porc à la Sainte-Scolasse", de Pedro, l'imprimeur anarchiste fournisseur de "flingues", et de Cheryl, sa concubine, shampouineuse de son métier.
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