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Voleur de vie

"Le voleur de vie ?... C'est le temps. On court toujours après le temps qui passe."



Fiche technique
Synopsis ~ buzz
Galerie de photos
Interview Beart/Bonnaire
Making of
Emmanuelle Béart
Sandrine Bonnaire



INTERVIEW
SANDRINE BONNAIRE
EMMANUELLE BEART


Emmanuelle Béart. Pour moi c'est dans les silences et dans l'absence que se trouve mon personnage, que je comprends le mieux. Dès qu'une chose la blesse, elle en fait abstraction, tourne le visage. Elle a une capacité impressionnante à se fermer, comme les portes d'une prison où plus rien ne passe. Dès la lecture du scénario, j'ai senti en Alda une forme d'autisme, de frigidité, d'absence... en fait, uniquement des choses froides. Ce qui totalement contradictoire avec ses actes. J'avais beau lire, voir les scènes, imaginer le personnage comme un professeur, ou avec les hommes... C'est toujours le contraire de la vie que je ressentais.

Sandrine Bonnaire. Elles sont toutes les deux prisonnières de quelque chose. Alda consomme, mais reste très seule, Olga éprouve, sans pouvoir toujours l'exprimer. Toutes deux sont dans l'extrême. Chacune a coupé sa vie à sa manière. Pour moi, ce qui caractérise Olga, c'est le secret. Par rapport à sa maladie notamment. Elle est terriblement généreuse, dévouée, ne se plaint jamais et ne partage absolument pas ses souffrances. C'est pour cela que les scènes les plus difficiles à tourner ont été celles où elle est avec les autres, à cause de cette retenue, de cette difficulté, liée au non dit, à cette grande pudeur...

E.B.. Alda dit "oui à tout", et Olga est dans le renoncement. Mais seulement en apparence. En fait, c'est l'inverse. Je n'ai pas senti Alda terrienne, je l'ai sentie comme quelqu'un qui a décidé de vivre, de toute façon, et de continuer à marcher quoi qu'il arrive. Ve genre de personnage est très étrange, il n'y pas grand chose de concret à quoi se rattacher, en tant que comédienne. Olga ressent les choses. Elle n'est pas frigide, mais dans une sorte de plaisir avec elle-même, de jouissance dans la douleur, même si c'est terrible à dire. Elle vit certains moments avec le vrai trouble de la première fois... même si ce n'est pas la première fois. Quand Olga rougit, moi, Alda, je l'envie pour ça. Alda fait monter les hommes, les embrasse, n'a pas de problèmes avec l'amour et a certainement du plaisir, mais ne fantasme pas l'amour : elle le fait.

S.B.. On peut supposer qu'elle a décidé de s'éloigner de son corps depuis longtemps, elle n'a plus l'habitude qu'on la regarde, d'où le trouble qu'elle éprouve dans cette scène. Sinon, Olga vit pour les autres, pas pour elle. Les seuls moments où elle est seule avec elle-même sont les moments de souffrance. Elle est déjà morte pour elle-même depuis longtemps, mais n'est pas morte pour les autres. Alda est également déjà dans la mort. Elles sont dans le même état, avec des comportements très différents.

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CHRIS

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