L'HISTOIRE EN QUELQUES MOTS
"Vous avez l'air d'une fille qui va faire une connerie." Un pont de Paris, la nuit, une fille aux yeux embués, penchée au-dessus des eaux glacées de la Seine avec une grosse envie d'y noyer ses tristesses. Et puis derrière, un type surgit de nulle part, inattendu, intéressé. Il s'appelle Gabor, il est lanceur de couteaux, il a besoin d'une cible. Elle s'appelle Adèle, elle n'a jamais eu de chance, elle n'a plus envie d'insister ; et c'est vrai qu'à tout prendre, quitte à mourir, autant se rendre utile. Il y a comme ça des modèles qui inspirent les artistes ; il y a des chances qui vous tombent dessus sans prévenir, au détour d'un pont, quand deux destins fêlés se rencontrent, que côte à côte ils deviennent les deux morceaux d'un numéro gagnant, une sorte de trèfle à quatre feuilles recollé. Et brusquement la vie se met à leur sourire. Les couteaux peuvent pleuvoir, les billes tourner sur les roulettes des casinos, ils peuvent traverser des mers ou des pays, marcher en équilibre au bord du vide, jouer leurs vies à pile ou face, tant qu'ils seront ensemble la chance les tiendra tous les deux par la main. Mais la chance c'est fragile, c'est susceptible, ça vous quitte pour un rien. Il suffit de la contrarier, qu'Adèle et Gabor se tournent le dos, fassent un pas l'un sans l'autre, et la chance, ils peuvent faire une croix dessus. D'ailleurs il n'est pas impossible qu'un soir, sur un pont d'Istambul, vous croisiez un lanceur de couteaux qui ait envie de se foutre à l'eau. Et puis derrière, peut-être, avec un peu de chance, une fille viendra vers lui, une fille revenue de loin, et qui s'appelle Adèle et qui a besoin de lui : "Vous avez l'air d'un type qui va faire une connerie".
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