Jodie Foster
BIOgraphie

Sommaire
Bio
Films
Interviews
Galerie
Liens
Ce qu'elle aime
Portrait

extra-terrestre

Généralement, les bios sont conjuguées à l'imparfait, au présent et au futur du superlatif.
Jodie Foster ne fait pas exception, puisqu'elle est si "exceptionnelle". On loue son intelligence, on fait l'éloge de son talent, et voilà Jodie Foster sacrée Femme idéale.
Bilingue, universitaire, oscarisée, à la fois glamour et normale, glorifiée et modeste...une jeune femme qui a tout fait avant l'âge requis: la publicité coppertone (3 ans), une prostituée chez Scorcese (14 ans), un Oscar de la meilleure actrice (26 ans)...
Les qualificatifs sont nombreux pour définir cette extra-terrestre (donc venue de nulle part, si ce n'est d'ailleurs): génie, surdouée, etc...D'autant plus facile lorsque l'on voit certains de ses choix artistiques (Little Man Tate, Contact, Silence of the lambs).
Et justement. Si au lieu de se pencher sur cette femme aux goûts ordinaires, à la curiosité insatiable, nous regardions plutôt ses personnages, sa galerie de visages qui l'a rendue si célèbre....

Familles
Jodie Foster est énigmatique. Très peu mariée au cinéma (dans Sommersby, elle ne fait que récupérer l'usurpateur, dans le Jeunet, son mari l'oblige à le cocufier), elle a même une tendance à se mesurer d'égale à égal avec les hommes (Maverick) et même à apprendre à vivre sans eux en devenant combattive (Panic Room, Flightplan) .
Une solitaire qui de Nell au Silence des Agneaux l'a conduite dans des introspections vertigineuses...Et lorsqu'elle s'octroie une famille, elle est souvent monoparentale, à l'image de la sienne. Protégeant ses marmots contre la violence du monde.
La famille est aussi son thème de prédilection en tant que réalisatrice. Elle aime les relations humaines: entre amis, avec des parents, entre enfants. Les histoires de gamins l'ont fascinées étant jeune. Depuis quelques temps, elle ne drague pas, elle caline.
Plus que tout, c'est le rapport avec les émotions qui l'intrigue. Malgré une éducation élitiste, un esprit d'analyse indéniable, elle est très attachée aux désirs, aux sens. L'intellectuel, chez elle, explique l'émotionnel.
Pour elle, ne pas les exprimer serait être emprisonnée. Et on comprend mieux ainsi ses rôles: cette jeune fille qui se fait violée parce qu'elle s'amuse un peu trop, ou encore cette enquêtrice qui cherche à comprendre le sens de sa vie, avec un psychopathe.
Evidemment, Nell souligne le mieux cette silhouette sans paroles, où tout geste est un mot, où la pensée se dessine avec le regard, le toucher...Jodie Foster a récemment avoué que le métier d'acteur était avant tout physique, instinctif... Bien la peine d'avoir fait Harvard!

Frayeurs
Intelligents, émouvants, seuls : ces personnages sont aussi déterminés, volontaires, courageux, forts. Et agressés.
Perpétuellement attaqués: par la morale (Sommersby), par la société (Nell), par les hommes (Les Accusés), par le passé et les psychoses qui y sont liés (Le Silence des agneaux). Ses rôles sont ceux de femmes sous pression, cherchant à se libérer (Anna et le Roi, dans un registre romanesque, l'atteste parfaitement). De Little Man Tate à Taxi Driver, elle est toujours menacée dans son équilibre, dans son bonheur, parfois précaire. Dans Contact, c'est son père qui la hante mais la pousse à avancer dans sa quête stellaire. L'homme est mal traité aux côtés de Jodie. Lâche et absent dans Panic Room, mort et malheureux ou traitre dans Flightplan.
Fragile? Elle n'a rien d'un service en porcelaine. Et là nous touchons à la quintessance de son jeu. Cette fille, corps fin et visage expressif, préfère affronter ce qui s'oppose à elle, envers et contre tout. Comme elle va au front lors de la sortie de ses films: le soldat Foster se plie au jeu hollywoodien, par pur professionnalisme. Mais si l'on regarde bien ses rôles les plus marquants ou disons populaires - hormis le léger Maverick où elle a remplacé Meg Ryan au pied levé - Jodie Foster reste cohérente : une femme agressée jusque dans son intimité (qui peut-être un viol sexuel, une maison ou son mental). Et en contre-attaque, elle réplique. Comme un homme. Au coeur de sa manière d'être à l'écran il y a une femme qui court, esquive, frappe, retient son souffle, perd haleine, crispe ses joues, explose de colère, se concentre, calcule... Les yeux sont parfois en larmes, mais elles coulent rarement. Elle craque différemment, en tuant, en cognant, en gueulant avec autorité. Les nerfs sont à fleur de peau. Elle n'a pas peur mais joue à se faire peur. Comme une enfant. Mais en bon adulte ses angoisses se répercutent d'abord sur des leurres, des besoins de sécurité démesurée. La peur du risque, de l'alétoire, l'ennemi est davantage dans la glace qu'en face de soi. Jodie Foster c'est l'art de savoir conjurer ses cauchemars et assumer une indépendance assumée, désirée.

Française
Cela l'empêche parfois de monter des projets ambitieux (Flora Plum, son troisième long métrage ne parvient toujours pas à exister), de s'intéresser aux cinémas d'ailleurs (et ce depuis son enfance).
Elle défendra ainsi La Haine lors de sa sortie aux USA, et s'offrira 3 ans de "retraite" entre 2 films. Privilège rare, quand on sait qu'elle n'a jamais eu autant la cote (d'un point de vue financier). Seul couac: son éviction de The Game, de David Fincher en 96. Mais quand Kidman "droppera" Panic Room, Foster récupèrera le personnage. La rencontre avec le cinéaste de Se7en était évidente, tracée... et "successful". Libre et souvent disponible, elle se permet de choisir ses projets. Mais consciente qu'elle doit toujours confirmer son statut, son talent, sa popularité, elle réussit à choisir des scénarios où elle ne se renie pas, ne sent pas "exploitée", et au contraire a le sentiment de se renouveler plus facilement. On pourrait hélas se plaindre qu'elle fait, cliniquement, mécaniquement, ce métier. Trop raisonnée? Se plaignant de cette industrialisation dans le même temps. Soldat discipliné, élevé avec rigueur dans l'audiovisuel des années 70, il en reste sûrement quelque chose. Cependant, la rêveuse qu'elle doit être, la curieuse qu'elle est, a envie de se confronter à des auteurs. Après le désir de tourner en France - que Jeunet assouvira avec la séquence "chaude" du Long Dimanche de Fiançailles, autrement dit loin du puritanisme hollywoodien et des personnages froids et secs de l'actrice - elle accepte de jouer chez Spike Lee. Le métissage des cultures pourrait être son prochain défi, après une décennie en tête d'affiche dans des thrillers paranoïaques.

Flegme
Séduisante, vénéneuse, féministe, elle inspire autant d'admiration qu'une Katharine Hepburn, par son applomb et sa manière de se confronter aux acquis ou aux tabous.
Elle n'oublie rien pour plaire. Et ce caméléon s'amuse des illusions qu'elle nous envoie. Il y a Jodie qui joue et Foster qui vit. Qui travaille. Car pour elle, le travail est vital. Quel qu'il soit. Même si son oeuvre doit forcément s'inspirer de ses expériences, même si ses enfants ont pris le dessus dans sa vie. "J'ai l'impression qu'on me voit assez souvent. C'est vrai que petite je faisais des films à la chaîne. Aujourd'hui j'ai des enfants et une vie très remplie. Il faut donc qu'un scénario me touche pour m'enlever tout ça. Je lis tout et j'attends. Ca peut arriver tous les ans, tous les trois ans ou tous les dix ans." Loin de l'hystérie de ses récents personnages... Ou même du désespoir de certaines des femmes qu'elle a incarné.
Maintenant nous attendons de la star d'être profondément ému par le regard de la réalisatrice. Car si la comédienne privilégié les films de genre, la cinéaste préfère les comédies mélancoliques et intimistes. Un regard subtil sur les gens et leurs gestes.

- Vincy



(C) Écran Noir 1996-2005/ Création du site: 10 juillet 97