Entrevue de Jodie Foster par Studio Magazine
Conclusion

jodie foster dans taxi driver Studio - Jusqu’à ces dernières années, votre mère s’est occupée de votre carrière. Aujourd’hui, y a-t-il quelqu’un d’autre dont l’avis est, pour vous, très important?
Jodie Foster - "Non. Je tiens toujours à l’avis de ma mère parce que c’est quelqu’un de très intelligent, de très cinéphile et qui a beaucoup d’expérience dans le cinéma. Mais c’est peut-être, justement, parce que j’ai longtemps été gérée par elle, qu’aujourd’hui j’ai tendance à travailler de manière solitaire. Je vous ai dit que je n’aimais pas discuter de mon rôle avec les autres comédiens (en revanche, j’adore collaborer avec mes metteurs en scène, c’est même indispensable). Mais les scénarios de mes films, par exemples, je ne les montre à personne, sauf à mon agent, et à quelques personnes, ici, au bureau. En fait, si je les montre, c’est que j’ai déjà décidé de les faire."

Vous ne doutez plus aujourd’hui, comme lorsque vous étiez à l’université, d’être une actrice à part entière?
"Si, toujours! Il y a certains moments, après les succès et les récompenses, où je me dis: « Finalement, c’est vrai, je suis une actrice, je sais le faire. » Mais sincèrement, le plus souvent, je n’arrive pas à croire que je fais encore ça, que c’est ça mon métier alors que je doute sans cesse d’être capable de le faire! Voilà aussi pourquoi j’ai du mal à choisir mes films: j’ai peur, si je ne choisis pas un rôle qui me touche, de ne pas arriver à exprimer quoi que ce soit!"

C’est étrange de vous voir douter alors qu’on dit souvent que vous êtes sûre de vous et déterminée...
" ...Je suis déterminée, c’est vrai, et si je suis sûre de moi, c’est que j’ai confiance en mon instinct. Mais c’est tout ce qu’il y a avant le jeu et après qui me fait douter..."

A 34 ans, vous avez déjà tout connu dans votre carrière: le succès, la gloire, les échecs...
"...J’en aurai d’autres..."

...les récompenses, les passages à vide, les come back, les métiers d’actrice, de réalisatrice, de productrice... Quel est votre rêve aujourd’hui?
"De faire un film comme troisième assistant-caméra! (Rires) Sans avoir le poids du film sur mon dos, sans avoir à me demander s’il va être rentable, si les critiques vont être bonnes, si les gens vont aller le voir.... Mais seulement arriver sur le plateau à 7 heures, boire un café, faire mon travail d’assistant et rentrer le soir chez moi... (Rires) Plus sérieusement, j’ai envie de progresser dans le métier de metteur en scène, d’approfondir cette voie-là, d’être respectée pour les films que j’aurai réalisés... Quand je pense à l’avenir, c’est ce qui m’excite le plus. Et si je rencontrais un étranger...."

...ou, comme dans Contact, un extraterrestre...
"... Je lui dirais, avant tout, que je suis réalisatrice. Et même que j’ai fait vingt films merveilleux qui ont tous gagné des Oscars! (Rires)"

Après tout ce que vous avez vécu dans le cinéma depuis l’âge de 3 ans, qu’avez-vous appris sur Hollywood?
"C’est comme si j’étais une survivante! (Rires) Peut-être que ça me donne une vision plus claire, plus lucide. Quand je vois tous ces jeunes acteurs qui ont leur maison de production, qui ont ceci, qui ont cela, j’ai l’impression d’avoir déjà vu tout ça. J’ai vu tellement de gens venir et partir, venir et partir, que ça me donne un peu plus de recul. Je crois surtout que j’ai appris à ne me fier ni aux modes, ni aux succès d’un jour, mais à la personnalité des gens et à leur talent."

Vous avez une devise?
"Non, mais si je devais en trouver une, ça pourrait être: « More milk, less Mooh! » (littéralement: « plus de lait, et moins de beuglements. » C’est-à-dire: il vaut mieux se concentrer sur le but à atteindre que sur les difficultés du parcours)."

  • FIN
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    (C) Écran Noir 1996-1999 / Studio Magazine - Luc Roux Septembre 97