A-C D-K L-O P-Z
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Août 2005
MUSICBD (BDCINE)
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Traits d'union
Tandis que tout se fusionne en notre monde - les cultures, les cuisines, les entreprises - afin de réinventer des styles ou de nous faire croire à la nouveauté, Nocturne, éditeur musical principalement, diffuse une collection mélangeant bande dessinée, cd de musique et contenu cinématographique.
Pour cela, prenez une star du 7ème art, de préférence une légende, retracez sa vie à l'aide d'un bout coup de crayon, rajoutez une filmographie et une biographie, puis, en bonus, vous écoutez deux CD de musique. Il est donc assez logique de retrouver des actrices-chanteuses ou des danseurs de génie, ou encore un cinéaste jazzman dans cette collection. Marilyn Monroe et Marlène Dietrich, Fred Astaire et Gene Kelly, Rita Hayworth et Woody Allen sont de la partie.
Si la forme est relativement similaire entre chacun des "livres", le fond peut offrir quelques différences qui rendent chacun des portraits plus ou moins bons. Au bon soin du dessinateur finalement. Marilyn a par exemple été croquée (fantasmée même) par Philippe Peseux, storyboardeur à ses heures. Ici point de chronologie ou de réalisme. Le délire est de mise. Un tournage inventé avec Marilyn, qui passerait presque au second plan. On y croise Tony Curtis, Billy Wilder ou encore Ella Fitzgreald. Sans omettre la poitrine opulente et nue de Norma Jean. Clairement onirique, l'histoire en soi n'apporte pas grand chose si ce n'est un hommage aux hommes de l'icône. Le double CD, en revanche, est un best of inoubliable de ses plus belles interprétations, soit une quarantaine de morceaux cultes issus de ses films.
De Marilyn passons à Marlène. Autre diva. Dessinée par Hippolyte, jeune touche à tout (de l'illustration presse au design d'un snowboard). Ici nous sommes davantage dans l'impressionnisme. marlène est un fil conducteur, un mystère que l'on devine au fil des pages et qui s'inscrit dans des atmosphères berlinoises, américaines, parisiennes. Une forme de tristesse traverse l'image de la page. C'est une histoire de fantômes. Au delà de la bio chronologique, le volume consacrée à la Dietrich est clairement représentatif de la collection : une trame sonore nostalgique et lyrique, une interprétation des mythes par un jeune talent du crayon, le cinéma comme référence ultime (découpage, cadres, plans).
Pas étonnant dans ce cas, et dans le but d'étoffer ou d'élargir la collection, que Musicbd se soit attaqué à un genre. Après les deux danseurs d'Hollywood (Kelly, Astaire, pas forcément les meilleurs), Nocturne propose la vision du belge Alain Poncelet d'un genre en soi : le cinéma "fantastic". Avec musiques classiques à la clé. Dans la BD, chaque morceau est extrait d'un film culte du genre (Evil Dead, Le fantôme de l'opéra, Fantasia, Beetlejuice...). Passant ainsi de Saint-Saëns à Chopin, de Wagner à Gounod. Histoire en une image évocatrice (L'apprenti sorcier) ou en univers sans paroles (Nuit sur le Mont chauve). Pas un gramme de texte. Pour le son, les CD nous emmènent dans les symphonies de Berlioz, les valses de Liszt, les airs de Rachmaninoff ou de Bazzini. A vous de vous faire votre film...
Finissons par le premier réalisateur de la série. Il a tâté du mythe et du fantastique. Il préfère le jazz au classique. 2 heures 25 de musique, 20 pages dessinées par Corboz (du jeu vidéo aux skis Dynastars) et scénarisées par Nicolas Pothier (de Poitiers), fondateur du magazine BoDoï. A la manière d'un film de Woody Allen, multipliant hommages et références, reprenant névroses et obsessions, joliment dessiné et plutôt bien écrit, il est sans doute le plus fidèle de tous à son modèle. A la fois biographique (comme Marlène) et fictif (à l'instar de Marilyn), ce métissage est représentatif de l'ambition de cette collection. Une façon originale de prouver notre admiration pour ses artistes.
Seule restriction : si la partie musicale est généreuse, nous restons un peu sur notre faim pour ce qui est de la BD, lues en dix minutes. Peut-on se dire, alors, que ces BD agissent comme des bonus pour des CD? Si tel est le cas, l'emballage et le contenu valent l'achat. Une autre manière d'aimer le cinéma et la musique.
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- vincy
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