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Chic, sobre et sombre
Le marathon international des présentations des collections de prêt-à-porter de l'hiver prochain s'est achevé dimanche. Sur un mois, 500 collections environ ont défilé ou ont été présentées à New York, Londres, Milan et Paris. La scène internationale de la mode va continuer à vibrer encore avec les collections de la Athens Fashion Week ou de la Russian Fashion Week à Moscou. Les premiers rangs étaient envahis par les stars et les people... Les Sharon Stone, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert et autres étoiles du moment (Lou Doillon, Marion Cotillard,...) sont courtisées par toutes les maisons pour apparaître aux défilés.
Au-delà du glamour, les enjeux sont de taille pour chaque maison. Le défilé doit permettre d'exister sur la scène internationale de la mode et chacun doit montrer sa capacité à créer, innover et se renouveller. Gaultier, Marc Jacobs, Prada, Rochas, Balenciaga ou Lanvin ont marqué cette saison en donnant le ton de l'hiver prochain. Si le monde de la mode ne connaît pas de révolutions majeures cet hiver, la silhouette évolue. Une mode sobre avec un retour de lignes minimalistes et rigoristes (Rochas par Olivier Theyskens ou Jil Sander par Raf Simons), des jeux sur les volumes et sur les longueurs. Les matières de l'hiver sont des clins d'oeil au passé (lainages, maille, chevrons, princes de galles et pied-de-poule) sur des tons noirs ou gris.
Couture toujours
Les créateurs continuent à proposer une mode facile, sophistiquée et raffinée après des années de streetwear, de grunge et d'ethnique. L'esprit couture continue à règner sur les collections. De Jean-Paul Gaultier à Alber Elbaz chez Lanvin, il y a une recherche d'excellence et de formes féminines. On atteint parfois le raffinement suprême chez les créateurs de mode. Alber Elbaz, pour Lanvin, arrive à trouver l'essence du vêtement avec ses robes bustiers sobres et chics. Jean-Paul Gaultier continue à travailler sur les coupes au tombé exceptionnel avec une collection aux multiples influences. Olivier Theyskens a redonné à la maison Rochas de la consistance. Son travail touche parfois à la perfection. Avec sa collection de l'Hiver 2006, le jeune créateur belge a montré un nouvel aspect de son travail avec des tailleurs ultra élégants et féminins. Une silhouette nouvelle pour Rochas.
Chez Balenciaga, Nicolas Ghesquières s'est plongé dans les archives de la maison pour retrouver l'esprit du grand maître de la couture parisienne. Le résultat est, une nouvelle fois, une collection où la beauté réside dans cette simplicité aux multiples détails cachés comme dans les collections des jeunes créateurs New-Yorkais Derek Lam ou Behnaz Sarafpour.
Une femme virile
L'une des tendances forte de l'hiver prochain est la récupération du vestiaire masculin. Les codes masculins sont revisités par de nombreuses maisons, de Miuccia Prada qui propose une femme urbaine guerrière à Raf Simons, chez Jil Sander, qui joue sur les vestes droites et longues. Tissus masculins, vestes , jodhpurs, pantalons droits... les bases des collections femme sont issues de la mode masculine. Jean-Paul Gaultier, pour Hermès, s'inspire de l'univers équestre et revisite les clasiques vestes cavalières en leur apportant une touche d'une modernité absolue.
A New York, Marc Jacobs bouleversait certains codes du chic new-yorkais avec un look grunge moderne, des inspirations streetwear revisitées pour une femme urbaine. Anna Sui, la reine des imprimés, prend un virage et propose une silhouette de tailleurs pantalons plus précieux avec des chemisiers victoriens. Une façon singulière et très réussie de mêler romantisme et nouveau chic.
De nouveaux volumes
Les tendances romantique ou ethnique ont marqué le pas laissant la place à une mode qui joue sur les extrêmes : les mini et les maxi. Les jupes mini se portent sur des pulls oversized. La meilleure illustration est la collection de Miuccia Prada pour Prada avec des blousons oversized ceinturés sur des jupes fluides ou des corsets portés sur des mailles ultralongues. On retrouve cette inspiration également chez Marc Jacobs pour Louis Vuitton. Ces nouveaux volumes oversized accompagnent un nouvel esprit minimaliste.
Yohji Yamamoto revisite, avec succès, les proportions du vêtement avec son regard d'architecte. Rei Kawakubo, pour Comme des Garçons, joue aux illusionistes et crée des superpositions de faux gilets, de fausses manches ou de fausses robes. Même Chloé, la maison qui a incarné le nouveau romantisme féminin, explore ces nouveaux volumes boule et structurés.
Une saison riche encore même si certains regrettent le manque de révolution. Chaque saison permet aussi de découvrir ou de confirmer le talent de certains jeunes créateurs. Parmi les confirmés, il y a Anne Valérie Hash et ses collections à la féminité subtile, le minimalisme épuré de Felipe Oliveira Baptista, la maîtrise parfaite des coupes de Richard René (tous trois ayant présenté leurs collections en janvier) mais aussi Boudicca et son esthétique rigoriste à New York, ou les Londoniens Preen. Cette saison encore, la mode aura montré que le talent et l'intuition des créateurs restent la base de la réussite.
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