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Le Livre Noir du cinéma français
« Cinéma-télévision : 20 ans de liaisons dangereuses »
Denis Girolami et Nils Hadrien
City Editions 2006 – Documents/Cinéma (Hachette) - 222 pages
Le sous-titre de ce livre aurait pu être aussi : «Cinéma-télévision : un PACS douloureux». Cette « douleur » a été ressentie, dès la création de la télé vers 1940, par toute les corporations des métiers du cinéma (du technicien aux exploitants de salles). Tous ont pensé : « La télé va nous retirer des spectateurs ». Avaient-ils raison ? En France 95 % des foyers ont la télé, mais 1 Français sur 2 ne va pas au cinéma. La cause est peut-être psychologique : dans une salle le spectateur subit l’action, chez lui il la domine par son choix ou en zappant sur une autre action. Mais, encore maintenant, le cinéma reste le 7ème Art, alors que la télé n’est pas le 8ème.
Les auteurs démontrent tout au long du livre que depuis l’année charnière de 1984 (lois Lang, naissance de Canal +) tout a basculé dans le domaine de la finance (donc de la rentabilité). Ils décrivent l’historique et, pourcentages et chiffres à l’appui, le comment de la participation financière des chaînes (TF1, Fr2 et 3, C+, M6 et Arte).
En fait, quatre grandes étapes, liées à Canal +, ont marqué ces 2 décennies :
• Naissance de la chaîne (1984)
• Naissance de Studio C+ (1991) (âge d’or jusqu’à vers 1999)
• Montage hybride Vivendi/Universal de Menier (2001-2003) (trou financier abyssal)
• Absorption de TPS (2006) (2 fois plus d’abonnés et pari gagné sur le football par Canal Sat).
Cependant la confiance des relations cinéma/C+ a été fragilisée
Le second volet se rapporte aux acteurs : ceux qui sont partis de la Télé vers le cinéma, et ceux qui on fait le chemin inverse. Les premiers sont venus de C+ avec « Nulle part ailleurs » (Les Nuls, Jamel, Garcia, …) et de TF1 « Le Petit Théâtre de Bouvard » (Les Inconnus, Robin, …). Ils ont tous le m^me label : ce sont des comiques. Ceux qui produiront des films auront de bons succès. Les seconds (acteurs et réalisateurs) vont se retrouver sur le petit écran : ce fut d’une certaine manière une revanche de la Télé. Donc, en 1998, Depardieu va donner le signal d’une grande « transhumance ». Les cachets sont multipliés par 3. Mais, téléfilms et séries ne sont visibles qu’un soir (sauf sur C+).
Le dernier volet traite d’une part, des producteurs, par exemple Besson et sa société Europa corp (en partenariat avec C+) et ses futurs studios (Cinecitta dans le 9-3 ?) : le but est de produire sans l’aide de l’Amérique, et d’autre part des « auteurs » (Jaoui-Bacri).
Enfin, quel est l’avenir ? La France est la 3ème productrice de films derrière les Etats-Unis et l’Inde. Les nouveaux supports sont en place : DVD, Internet, téléphonie. Les exploitants ont lancé les salles multiplexes. Des films sans support financier « télé » sont réalisés. Pour les auteurs du livre, la mouvance mondiale va amener une nouvelle manière de percevoir les images. Pour eux «la télé ne sera plus la béquille du cinéma français. Le PACS sera révolu, les familles se recomposeront». C’est un pari sur l’avenir, sera-t-il tenu ?
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