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Sur la route de(s) Molière(s)
Dernière chance pour rattraper les échecs de l'automne, ou au contraire profiter du succès sur sa lancée. La rentrée hivernale permet de séduire à nouveau les aficionados de théâtre.
Bis!
Outre Cabaret et le Cabaret des hommes perdus, les créations plus convenues se maintiennent. Parmi les pièces en continuité, celles avec Marthe Villalonga au Saint-Georges, La danse de l'Albatros (où Martin Lamotte reprend le rôle de Pierre Arditi), Catherine Frot pour un mois encore au Champs-Elysées, Pierre Richard (et Pierre Palmade) aux Variétés, Piat qui prolonge son hommage à Guitry (qui sera très à la mode cette année), Lorant Deutsch, Frédéric Diefenthal et Macha Méril qui poursuivent le beau triomphe avec la pièce d'Oscar Wilde (L'importance d'être constant). Wilde a la cote puisque Geneviève Casile passe au privé avec son Eventail de Lady Windermere. Les ladies de la Comédie Française sont appréciées si l'on en croit la vague d'hommages à Catherine Samie ces derniers jours... Il faut signaler, par ailleurs, que Molière hantera l'ensemble de la saison. Du cinéma (le mauvais film de Laurent Tirard) aux livres (Nathan réédite quelques ouvrages), en passant par le théâtre. Le Molière du meilleur comédien semble réservé cette année à Robert Hirsch. Le Gardien (Harold Pinter) l'a mis très rapidement dans la course aux favoris. La pièce déménage du petit théâtre de l'oeuvre au plus grand théâtre de Paris, à deux pas.
De Molière à Pierre Notte
Jean-Baptiste Poquelin sera surtout en vedette sur les boulevards, au Théâtre de la Porte Saint-Martin. L'Avare sera incarné par le grand Michel Bouquet (César du meilleur acteur). La Comédie Française a préféré rejouer Le malade imaginaire...
Les vieux de la vieille. Michel Aumont chez Vincent Delecroix (A la porte, Théâtre de l'oeuvre), Pierre Arditi chez Paul Valery (L'idée fixe, Edouard VII) , Michel Piccoli qui reprend Le Roi Lear ou encore Jacques Weber et Jean-François Balmer qui refont les débats de 1974 et 1981 entre Mitterrand et Giscard d'Estaing (Théâtre de la Madeleine). Sans omettre Jane Birkin en Electre aux Amandiers de Nanterre ou Charlotte Rampling dans La danse de mort (de Strindberg, à la Madeleine).
Le cinéma sur les planches. Cela fait un an que Marigny survendait le rendez-vous. Alain Delon retrouve Mireille Darc, une couverture people en soi, des chapitres de biographies pour chacun, une affiche rêvée pour les Colonnes Morris. La gageure réside plutôt dans la pièce : Sur la route de Madison. Un best-seller à l'origine, un grand film de Clint Eastwood (avec Meryl Streep) par la suite. Delon se prend désormais pour le grand Clint. Il jouera bien César chez Astérix. Ce n'est que pour rire, donc?
Autre moment cinéphilique insolite, Confidences trop intimes, le film de Patrice Leconte, va se transposer sur scène. Mise en scène par Leconte, l'excellent Jacques Gamblin remplace Fabrice Luchini et la talentueuse (et connue à la télé) Mélanie Doutey s'octroie le personnage créé par Sandrine Bonnaire. De quoi se demander si le film n'était pas qu'un bon scénario...
Casting à la carte. Parmi les vedettes que nous apprécierons, François Berléand a décalé un peu sa mise en jambe prévue ce mois-ci pour le mois de mars. Il devait jouer avec Maruschka Dermers dans L'arbre de joie (Gaité Montparnasse). Catherine Jacob (La vie est un long fleuve tranquille) et Claude Perron (Amélie Poulain) se retrouveront au Rond Point des Champs Elysées dans Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Agnès Soral se la jouera One-Woman Show. Et enfin Isabelle Nanty met en scène Irrésistible à l'Hebertot, avec Arié Elmaleh (frère de et icône SFR) et Virginie Ledoyen (tiens elle revient). A savoir que Ledoyen remplace Laura Smet, sûrement trop occupée à gérer sa médiatisation people.
Chauve, nue, Xu. Petit monde de l'absurde.
50 ans qu'elle se joue au Théâtre de la Huchette. Il fallait bien célébrer l'événement. La Cantatrice Chauve sera la star de cette saison, au Théâtre Louis Jouvet - Athénée.
Moins connue, mais à surveiller, Xu. Adaptation du Baleinié, dictionnaire des tracas avec la moliérisée Christine Murillo. Le Rond-Point reste l'endroit préféré du genre. Reprise notamment de Sale affaire, du sexe et du crime de Yolande Moreau, qui a donné notamment l'une des jolies surprises cinématographiques de 2005, Quand la mer monte. Le film sera projeté avec. Autre incongruité, la présence de Sergi Lopez dans Non Solum, pièce co-écrite par l'acteur. Ou encore une sorte de réunion familiale avec Le mental de l'équipe, d'Emmanuel Bourdieu et Frédéric Bélier-Garcia (fils de Nicole Garcia), mis en scène par lui et Denis Podalydès. Avec le frère Podalydès, Bruno, mais aussi Eric Berger, Jacques Bonnaffé, Jérôme Kircher.
Tout cela se fera sous l'oeil blasé, médusé, aiguisé des critiques et de l'intelligentsia parisienne. Avec deux pièces qui leur tendront un miroir : La vérité toute nue, de David Lodge, viariation sur le thème médiatico-littéraire (avec Claire Nebout). Et au Tristan Bernard, la nouvelle pièce de Pierre Notte, Journalistes, succédera à Moi aussi je suis Catherine Deneuve et J'existe foutez moi la paix. La pièce à l'humour noir et mordant avait été lue au Rond Point des Champs Elysées (avec Kalfon et Richard). Lecture triomphale. Il aura fallu attendre le succès de l'auteur pour la voir enfin transposer (sans stars). La pièce s'avère cinglante pour l'ancien métier de Monsieur Notte, critique et journaliste. Et désormais localisé à la Comédie-Française.
On n'en sort pas. Molière est partout.
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