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Born to Electrify
Vu à Londres, Victoria Palace Theatre
joué depuis mars 2005
mise en scène Stephen Daldry ; livret de Lee Hall ; musique de Elton John ; chorégraphie de Peter Darling
chansons : Stars Look Down - Shine - Grandma's Song - Solidarity -Expressing Yourself - The Letter - Born to Boogie - Angry Dance -
Merry Christmas Maggie Thatcher - Into the Ground - He Could Be a Star - Electricity - Once We Were Kings - Finale
4 Lawrence Oliver Awards (sur 9 nominations) : meilleure comédie musicale, meilleure chorégraphie, meilleur son, meilleur acteur (partagé par les enfants incarnant Billy Elliot)
Inutile de s'appesantir sur le perfectionnisme des comédies musicales anglo-saxonnes. La mécanique scénographique (admirables changements de décors), la technique vocale et chorégraphique de tous les interprètes, la précision des morceaux et des numéraux impressionnent et fascinent. En mixant avec tant de prouesse l'humour, l'ironie, la rage, la violence, le potache, l'émotion mais aussi le hip hop, l'électro, la pop, la dance, le classique, Billy Elliot, "musical" inspiré du film coup de coeur éponyme, reste un spectacle (londonien) à découvrir, voir, revoir.
Si Elton John a formaté sa musique au son de West End (on retrouve beaucoup de Miss Saïgon dans les envolées lyriques), il n'avait pas donné autant de variété et de créativité dans ses mélodies depuis des lustres. Le livret permet, en plus, de transformer Thatcher en grand guignol, de flirter avec les Marx Borthers, de faire rire mais pas seulement.
Stephen Daldry a réalisé un véritable travail d'adaptation entre son film et sa comédie dramatique musicale. Tout est dans la construction. Certains rôles s'effacent comme le grand frère, d'autres prennent plus d'importance pour dynamiser des scènes, comme le pianiste du cour de danse. Mais bien plus que cela, il a déformé l'histoire de Billy Elliot, qui, dans les grandes lignes reste la même.
Deux histoires s'intercalent, se mélangent, s'entremêlent. Deux parallèles qui se croisent à l'entracte. Le conflit social prend ainsi une place plus grande. Comme un combat de la dernière chance. Il atteindra son paroxysme au milieu du spectacle, avec un pic de grève, de violence. Les lumières, la mise en scène permettent de comprendre la colère intérieur du héros, qui fait écho à la colère extérieure de sa communauté. L'un est en échec, les autres croient en la victoire. Les tourments de William Elliot donnent au show un aspect psychologique assez proche du plus traditionnel Fantôme de l'opéra. L'entracte aidant, tout s'inversera, la grève sera réprimée, avortée tandis que le cygne pourra prendre son envol.
Déconstruisant son scénario (le final du film intervient au milieu du spectacle), s'offrant des moments de délire (jusqu'à l'épilogue, entre Broadway et claquettes), cette grande parade amusante et sensible, énergisante et fine, est une réussite qui ne décevra pas les fans du film, tout en les surprenant. On sort évidemment épaté par la performance du gamin, et on garde en mémoire, assez longtemps, quelques instants de grâce. Question d'équilibre entre des séquences modestes (l'adieu des mineurs, les confidences de la grand mère) et d'autres plus extravagantes, utilisant avec inspiration et imagination chaque détails offerts par un tel sujet, de tels personnages. On en sort électrifié.
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