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La liberté retrouvée
Théâtre national de la Colline
du 27 décembre 2007 au 24 février 2008
Places disponibles : Mercredi, Jeudi, Vendredi à 20H30 | Dimanche, Samedi à 15H30.
Tarifs : 31 € tarif plein ou 25 € tarif adhérent
Pièce de Georges Feydeau, montée par Alain Françon
Avec Clovis Cornillac , Irina Dalle , Pierre-Félix Gravière , Guillaume Lévêque , Jean-Yves Chatelais , Julie Timmerman , Pierre Berriau , Philippe Duquesne , Anne Benoît , Gilles Privat , Eric Berger , Alexandra Flandrin , Pearl Manifold , Lionel Tua
photo par ArtComArt/Pascal Victor
Molières 2008 : nominations meilleur metteur en scène, meilleurcréateur de costumes, meilleur comédien (Clovis Cornillac), meilleur comédien dans un second rôle (Gilles Privat)
Alain Françon nous avait déjà dépoussiéré les grands auteurs russes en rendant leur phrasé plus fluide, les décors plus épurés et les liaisons aussi contemporaines qu’universelles. Le travail sur Feydeau est identique, même si le premier décor ne trouve sa véritable dimension qu’au troisième acte, même si la comédie ouvre davantage la voie au burlesque, même si le cocufiage et les bonnes valeurs morales qui le sanctionnent paraissent un peu désuets.
Le spectacle est plaisant, élégant, et la troupe sonne juste dans cette cacophonie criarde où le sur-jeu est avant tout le sur-moi. A vive allure, ça ne traîne pas, nous voici embarqués dans une histoire vieille comme le monde, portée par des comédiens excellents et harmonieux. Cornillac, Berger, Chatelais, Benoît, Dalle, Privat, Gravière semblent se régaler de jouer comme des gosses. Les jeux de mots fusent, les malentendus se nouent. Il faudrait être rabat-joie pour faire la moue et ne pas sourire devant ce maelstrom de quiproquos.
Ceci dit, sans le second acte, la jouissance n’aurait pas eu la même sensation. Ce deuxième acte justement situé dans le fameux Hôtel où l’on échange sa légitime épouse pour une aventure d’un soir. Escaliers, portes qui claquent : la scénographie est minutieusement étudiée et adéquate. De quoi monter, descendre, occuper la scène sur trois niveaux, en trois dimensions. Nous sommes accueillis par un concierge hors-pair et hilarant. Mais surtout, la mise en scène de Françon trouve toute son inspiration avec plusieurs bonnes idées, comme le vilebrequin qui pénètre dans l’arrière train, et surtout la partie musicale où quatre sirènes en lingerie blanche jouent les esprits hantés à merveille.
Le dernier acte complexifie avec délectation une histoire de faux semblants. La morale bourgeoise sera sauve mais les intentions pas forcément bonnes. D’ailleurs la bonne trinquera. La pièce, sans être la meilleure de l’auteur, a la perversité nécessaire pour séduire les plus réticents. Si elle a des allures presqu’abstraites, frôlant avec l’art du cinéma muet, si on peut lui reprocher le manque de « modernisme », avouons quand même que l’expressionnisme de cette mise en scène sied bien au Vaudeville. Cette chorégraphie presque virtuose. Le mouvement dicte sa Loi et n'hésite pas à défier les périls ou nous immobiliser une vedette avec gros plan sur le derrière. Pourtant, même là, tout rapproche des farces de Molière, en moquant toute cette bêtise et toute cette hypocrisie...
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