|
Initiales capitales
Yves Saint Laurent, Musée des beaux-arts de Montréal
Du 29 mai au 28 septembre 2008
Une première rétrospective sur 40 ans de création
YSL, trois lettres qui évoquent Paris, l'élégance, et la sophistication.
De sa première collection comme couturier de la maison Christian Dior à son dernier défilé de janvier 2002, Yves Saint Laurent a régné comme le maître incontesté de la mode parisienne. Un mythe, un génie, un géant. Malgré sa carrure et son charisme, on devinait sur ses portraits une fragilité, une angoisse permanente. Il était avant tout un révolutionnaire. Des révolutions de chiffons, mais des révolutions quand même. Alors que Poiret, Dior ou Balenciaga ont marqué l'histoire du style, Yves Saint Laurent, avec Mademoiselle Chanel, est certainement le créateur qui a le plus influencé les modes de vie des femmes. En posant nu pour Jeanloup Sieff, en faisant défiler des mannequins noires, en créant des lignes de prêt-à-porter ou en appelant son parfum "Opium", Saint Laurent bousculait les valeurs établies pour leur substituer la beauté et la liberté.
"L'élégance ne serait-elle pas l'oubli total de ce que l'on porte ?"
Saint Laurent, c'est une attitude, plus qu'un simple look. Le vêtement Saint Laurent suit la vie de la personne qui le porte, il s'efface pour mettre en valeur la personnalité de la femme. S'il a habillé les plus belles femmes, dont la plus célèbre est Catherine Deneuve, c'est aussi parce qu'elles incarnaient une certaine forme de modernité, une certaine forme de liberté. De Claudia Cardinale à Zizi Jeanmaire, toutes les femmes qui l'ont aimé mêlent charme, intelligence, talent et raffinement. Il a largement détourné le vestiaire masculin pour l'offrir aux femmes :
pantalons, sahariennes, trenchs et smokings étaient ses pièces favorites.
La virtuosité n'est pas dans l'exubérance, elle est dans la justesse. Ses lignes soulignaient avec précision et discrétion les corps.
Le noir était sa couleur. Il disait d'ailleurs "le noir est mon refuge".
Mais il savait aussi magnifier les couleurs vives comme le vert émeraude ou le rose fuchsia et rendre l'imprimé léopard d'un chic unique. Depuis, certains ont transformés cet imprimé en symbole d'un luxe vulgaire et ostentatoire. Curieux, Yves Saint Laurent a exploré les imaginaires russes, marocains, classiques et baroques. Il puisait dans ces univers exotiques des détails, des nuances qu'il réinterprétait avec sa propre grammaire, celle de la mode.
Malgré le talent de Stefano Pilati, il ne reste plus rien de cela dans la maison qui porte aujourd'hui son nom, si ce n'est ces trois lettres légendaires.
|