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Restore Hopper
Exposition Dennis Hopper & le nouvel Hollywood
du 15 octobre 2008 au 19 janvier 2009
Commissaire : Matthieu Orléan
Catalogue (Skira-Flammarion)
Rétrospective, dialogues et débats à la Cinémathèque Française
51 rue de Bercy, Paris 12e
Dennis Hopper a d’étranges convictions politiques. Il change de bord tous les 20 ans. Dans le dossier de presse, l’artiste Sophie Calle lui demande ce qu’on lui reproche et il répond : « d’être républicain ». Il a voté Bush père et Bush fils, qu’il traite aujourd’hui de menteur. Mais là, résolument, il est pour Obama. Le mystère Hopper réside dans cette provocation, cette complaisance d’être à la marge des bien-pensants, et dans cette propension à séduire en réalisant un effet de surprise, un coup marketing.
Pourtant nous ne pouvons pas douter de la sincérité de 50 années de créations en tous genres : films, sculptures, photos, assemblages, collages… Dennis Hopper était à la Cinémathèque française ce lundi 13 octobre 2008 pour le vernissage presse d’une exposition dédiée à ses multiples talents. « Dennis Hopper et le nouvel Hollywood » est à la fois un cri de résistance à l’industrie hollywoodienne et une déclaration d’amour à l’art cinématographique.
En ce sens, Hopper jour les « icônes de l’underground artistique californien ». Lui-même fait le lien avec la récente exposition du Centre Pompidou consacrée à l’émergence de Los Angeles comme capitale artistique. L.A. or not L.A. Partagé entre Venice Beach et Taos au Nouveau Mexique, Hopper n’a jamais réussi à la quitter. Cauchemar ou jungle, il déteste cet empire de la superficialité mais puise dans ce désastre, une inspiration au bord du gouffre, entre péril et désir.
Cette incarnation du cinéma libertaire, « prototype de l’anti-star border-line » flirte ainsi avec Roy Lichtenschtein, Andy Warhol, Basquiat, mais aussi les taggers des ghettos angelinos. « L’originalité de ce projet était d’y adjoindre des œuvres provenant de la collection privée de Dennis Hopper, qui réunit aujourd’hui des œuvres emblématiques de l’art contemporain. » Choix personnels ou références artistiques, c’est l’univers Hopper qui se révèle. Un artiste qui apprécie le jazz et le hip hop, l’abstrait et les images informatiques. Des œuvres de Dean Stockwell (acteur deux fois primé à Cannes), Viggo Mortensen et Julian Schnabel (notamment un portrait de Hopper en vaisselle cassée) illuminent comme des étoiles cette vision noire et nostalgique d’une Amérique figée dans une utopie disparue. Hopper semble regretter la folie des sixties, avec ses couleurs pop et ses peintures stylisées et vives. La fureur de vivre d’alors est devenu, dans cette Cinémathèque, un objet de musée, une antiquité.
Ce parcours permet cependant de découvrir les multiples facettes d’un artiste culte. Rasé et torse nu, en costard et talons aiguilles, un verre de vin dans le lit, avec John Ford et John Huston en 71… Hopper est dans tous ses états. Et même en Tarzan dans un film amateur de 1963. Belle gueule d’athlète romain se tournant en dérision avec jubilation. Les écrans nous renvoient des extraits de ses performances. De quoi jouer aux devinettes en attendant les crédits…
Photos de tournages, courriers internes des studios, dossiers de presse de l’époque, une publicité japonaise pour un petit canard de baignoire, … cette exhibition a pu avoir lieu parce que la Cinémathèque avait fait un « travail remarquable avec Pedro », parce que « la France est la gardienne du temple culturel ». Il n’oublie pas que c’est Cannes et Henri Langlois qui l’ont crédibilisé comme cinéaste. Aujourd’hui sa famille, ce sont ceux qu’il a photographié : Sean Penn, Jack Nicholson, Quentin Tarantino, Mickey Rourke, Martin Sheen, Jon Voight, Robert Downey Jr, Michael Madsen, Christian Slater. Des rebelles. Ils ont tous évolués, se sont parfois assagis, ont sombré dans les substances illicites. Lui, Hopper, ne se drogue plus, ne boit plus. Depuis 25 ans. Et ça «a changé merveilleusement ma vie » déclare-t-il.
Après tout « Hollywood est le lieu de l’éternel recommencement. » Ce n’est pas ce qui va arriver, c’est la secousse qui est déjà là. Hopper le maîtrise mieux que personne, maniant les matériaux pour reconstituer une vieille Chevy en sculpture murale en résine moulée. Mais toujours ancré dans le présent, filmant le son hip hop des gangs de L.A. dans les années 80 ou finançant sa collection d’art avec l’argent de publicités pour des multinationales.
Mais le passé n’est jamais loin, celui qu’on ne peut pas effacer, celui qui fait émerger les regrets ou les sanglots. Son ami récemment disparu Paul Newman, photographié en 1964 par Hopper, ombre fantomatique de l’exposition, rend cruel cet hommage à ce cinéma américain qu’ils ont contribué à révolutionner. Car de ce cinéma révolté et réaliste est né la contre-révolution conservatrice menée par Reagan et les Bush. Même si Obama a le droit à un cliché en bout de course, n’est-ce pas là l’aveu d’un échec idéologique… ?
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