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Dandysmes décontractés...
Sur les podiums, les adolescents androgynes maigrichons laissent progressivement leur place à une virilité plus affirmée avec barbes, muscles et poils. Retour à plus d'authenticité ou simple effet de mode ?
Quoi qu'il en soit, les collections homme de l'été 2010 ont été marquées par une attitude toujours plus raffinée et décontractée. A l'unisson, les créateurs évoquent le mot "classique" et chacun essaie de trouver sa propre interprétation de cet homme à venir. La partition parisienne était plutôt joyeuse, colorée et légère pour l'été 2010 en contraste avec l'ambiance morose règnant dans les maisons. Une hirondelle ne fait pas le printemps mais tous espèrent des jours meilleurs avec cet été 2010 !
Parmi les temps forts de la saison, la présentation de Raf Simons est l'une des plus marquantes. Le créateur belge poursuit ses recherches rigoristes et minimales sur le vêtement pour des silhouettes d'une sophistication absolue. En jouant sur les proportions et les volumes des vêtements, Raf Simons transforme l'allure masculine en alliant vision futuriste et pure tradition. Le détail est toujours juste, sans en faire trop. Raf Simons va à l'essentiel sans se laisser envahir par l'accessoire et l'ornementation.
Chez Hermès, Véronique Nichanian réussit à transformer l'homme Hermès avec
discrétion. Raffiné et bohème, la silhouette évolue avec ce souci de
"sophistication dans la simplicité". La créatrice décline les fondamentaux masculins avec des trenchs, des vestes, des pantalons et des mailles fluides déclinées dans les beiges et chocolats. Sans ostentation, Hermès propose un homme plus sensuel avec des accessoires et des bijoux. Dans le même registre, Dries van Noten saisit l'air du temps et y apporte son sens unique des couleurs et des matières. On retrouve l'esprit de l'esthète dans cette collection d'une subtile sobriété. En magicien des temps modernes, il sait associer rayures, carreaux, unis, soies précieuses et cotons. C'est un
style, un vrai, pour un homme cultivé et poète.
Kris van Assche, pour Dior homme, aime bousculer le vestiaire masculin classique avec l'univers sportswear et streetwear.
Cette saison, il se détache progressivement de l'héritage d'Hedi Slimane et propose une collection moins rock et plus douce avec des nuances autour de la transparence. Au diktat du slim, Kris van Assche substitue, chez Dior, de la fluidité et de l'ampleur. Il avoue avoir voulu travailler sur la structure même du "costume noir", cet essentiel intemporel. Pour sa propre ligne, Kris van Assche a développé des jeux superpositions pour un casual chic renouvelé. Chez Givenchy, Riccardo Tisci a trouvé sa voie. Il s'est inspiré du look des icônes pop des années 90 Axel Rose et Michael Jackson, à qui il dédiait sa collection d'ailleurs. Les "bad boys" de Givenchy sont
grunge et glamour, sensuels voire sexuels, au coin de la rue et dans les soirées où le champagne coule à flot.
Cette saison, Agnès b. créait la surprise en dévoilant sa collection dans la suite présidentielle de l'Hotel Meurice. C'est dans ce cadre qu'elle présentait son nouveau dandy parisien un brin arty. Du pur style Agnès b. avec son vestiaire anti-bling bling qui correspond à l'air du temps.
Jean-Paul Gaultier n'est plus "l'enfant terrible" de la mode depuis bien longtemps mais il continue à faire entendre sa petite musique dans le monde des "superbrands". Après un hommage à Cardin et aux années 60, Gaultier nous montre sa parfaite expertise du vêtement. On retrouve ses rayures mythiques sans dessus dessous ainsi que ces désormais classiques "jupes-pantalons" pour homme. Il développe son idéal "latin lover" légèrement brut en lui apportant finesse et délicatesse.
Lucas Ossendrijver, chez Lanvin, dévergonde le jeune dandy romantique pour lui donner un côté plus sauvage. Le jeune homme s'émancipe et est moins sage pour l'été prochain. Fines moustaches et cheveux peroxydés s'intègrent ainsi dans ce nouveau look Lanvin. On peut, néanmoins, regretter que cela se limite à un bon exercice de stylisme "retro" post-moderne. On aimerait trouver plus de vie chez cet homme Lanvin trop lisse et propret. Chez Louis Vuitton, c'est aussi un exercice de stylisme mais avec une certaine dose d'humour. L'homme voyageur Vuitton est la synthèse de la décontraction chic de l'époque : couleurs criardes s'associant aux classiques, chapeaux et noeuds papillon, bas de pantalons retroussés, souliers dorés,... Paul Helbers et Marc Jacobs décryptent le monde et offrent une sorte de dressing idéal.
Comme toujours, Walter Van Beirendonck joue avec les convenances et des idées reçues. Il développe son univers ludique avec des "bears" ventrus, crânes rasés et barbus en salopette verte, shorts et veste rose flashy.
Pour finir en beauté, il fait débarquer sur le podium une dizaine de gogos musculeux. Complètement décalé mais c'est frais ! Romain Kremer, ancien lauréat du Festival d'Hyères, poursuit ses exercices de déconstruction du vêtement. Alexis Mabille, le garçon aux noeuds papillon, présentait sa première collection au salon de thé Angelina. Une collection pour minets parisiens et snobs avec pantalons slims, cardigans ajustés et Converse.
Alors que les frères Campanas revisitaient le crocodile de Lacoste dans le cadre d'une campagne pour la sauvegarde des alligators, Sebastien Rodriguez présentait sa collection sur la passerelle Solférino. La cool attitude était encore au rendez-vous.
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