|
Riches et célèbres
Vie privée, Théâtre Antoine (Paris)
Du 8 septembre au 29 novembre 2009
De Pierre Laville, d'après 'The Philadelphia Story' de Philip Barry
Mise en scène de Pierre Laville
Avec Anne Brochet, Julien Boisselier, François Vincentelli, Samuel Jouy, Claire Vernet, Yves Gasc, Nathalie Boutefeu, Yves Beneyton, Alexandra Gentil, Laurent Meda
Quand on connaît The Philadelphia Story (Indiscrétions en vf), l’exigence est forcément élevée de voir sa transposition théâtrale. Le film, une comédie brillante de Cukor, interprétée par Katharine Hepburn (qui revenait de loin en matière de notoriété), un Cary Grant en pleine ascension et un jeune James Stewart déjà très connu, est sans doute l’une des œuvres les plus représentatives de l’âge d’or hollywoodien. Stewart aura un Oscar et le scénario sera lui aussi primé. Enorme succès de l’époque, le film était l’adaptation d’une pièce à succès de Broadway, signée Philip Barry.
Mais comme nous ne sommes pas là pour disserter de toutes les anecdotes croustillantes autour de cette oeuvre glamour et drôle, nous allons devoir disséquer, brièvement, Vie privée. Traduite et mise en scène par Pierre Laville ("Master Class", avec Fanny Ardant), spécialiste du théâtre américain, la pièce est rapidement un désastre. « Deux heures de bonheur » nous affirme-t-on sur l’entrée du Théâtre Antoine. Deux heures de vide. Marivaudage sans essence et dénué de sens. A l’image d’Anne Brochet, habituellement subtile et excellente, et ici évanescente, absente, vaguement concernée par ce qui l’entoure.
Hormis Julien Boisselier, grand pro, qui incarne rapidement son personnage, les autres s’installent dans une posture un peu binaire qui les empêche de captiver. François Vincentelli paraît bien fade et peu charismatique pour son rôle. Samuel Jouy s’en tire un peu mieux sur la fin. Et les répliques cocasses sont réservées à Claire Vernet. Pour le reste, les dialogues sonnent creux. Et l’on meurt d’ennui devant les affres de la Haute-Société. D’ailleurs la pièce fait écho à ce film vaniteux avec Grace Kelly, Frank Sinatra et Bing Crosby, remake de… The Philadelphia Story.
Vie Privée a conservé le vernis, glacé, mais a oublié le rythme et la légèreté, derrière la satire acide d’une classe sociale désemparée. Cette pièce aurait pu faire écho à notre époque. Elle ne fait que résonner creux. Comme le disait justement un grand critique, du champagne, sans les bulles, du champagne éventé. De quoi donner mal à la tête.
|