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19 th Century Fox
Zorro, le Musical
Aux Folies Bergère (Paris 9e), à partir du 5 novembre 2009
Vu le 3 novembre 2009 sur invitation
produit par Stage Entertainement
Livret et paroles : Stephen Clark d'après le roman d'Isabel Allende ; adaptation française d'Eric Taraud
Musique : Gipsy Kings et John Cameron
Mise en scène : Christopher Renshaw
avec Laurent Ban, Georges Beller, Yan Duffas, Benoît de Gaulejac, Geraldine Larrosa...
Si nous avions été un peu cruels avec Le Roi Lion lors de ses débuts parisiens, il est juste de revaloriser ce spectacle musical pour ce qu’il est réellement : un « musical » haut de gamme. Un million de spectateurs plus tard, Le Roi Lion remplit toujours Mogador, avec quelques modifications ici et là au fil des saisons, émerveillant un public jusque là gavé de soupe épaisse qui tenaient lieu de comédies musicales "à la française". Comparé aux productions du moment, dont la dernière catastrophe, Mozart, Le Roi Lion est presqu’un chef d’œuvre, même si, de tous les spectacles venus de Broadway, ce n’est jamais notre préféré. S’il n’y avait pas ce souci d’adaptation et de certaines interprétations, elle serait au niveau de Starmania ou de ses équivalents de Broadway et West End.
Le même producteur ne pouvant pas proposer Billy Elliot en France a opté pour Zorro (en attendant Mamma Mia!) pour ravir les aficionados du genre. Retour aux Folies Bergère où Cabaret avait séduit il y a quelques années. Mais tout était à craindre : la surdose de flamenco, la musique des Gipsy Kings, … Adapté de la version narrée par Isabel Allende, Zorro est un cran au dessous du Roi Lion, artistiquement. Production plus modeste, mais vibrante, elle souffre de quelques inégalités scénographiques, passant de séquences très inspirées à des parties plus insipides, du très bel effet visuel (le Z en feu) au délire baroque un peu raté (la croix qui tombe dans l’église).
Cependant Zorro captive même les plus réticents avec cette partie où les chaises font la claque et les mains tapent en rythme. Même les chansons utilisant les tubes des Gipsys comme des « samples » sont écoutables et entraînantes. Les tableaux de groupe sont largement plus réussis que les solos et duos. D’autant que Laurent Ban, qui interprète le renard masqué, est un peu trop lisse, pas assez latin, un peu trop « star ac ». Il n’est pas aidé par l’amour de sa vie, Liza Pastor (Luisa), sans charisme.
Une fois de plus le spectacle est porté sur les épaules du brave, de la brute et de la gitane. Benoît de Gaulejac (Sergent Garcia) tient sur son fil comme un équilibriste, entre burlesque et douleur. Yan Duffas (Ramon) se déploie et s’épanouit au fur et à mesure de l’histoire, pour devenir un parfait salaud. Mais tous les yeux sont rivés sur Geraldine Larrosa (alias Ines), sublime gitane, tragique, qui emporte les foules avec elles, se place au centre des attentions, y compris la nôtre.
Avec son air de West Side Story et son histoire d’insoumissions, le « musical » comblera ceux qui veulent se réchauffer aux sons hispanophones en ce frileux et grisâtre hiver. Zorro n’est pas spectaculaire, mais il respecte le contrat assigné : divertir et sortir avec plein de soleil dans la tête.
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