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L'imprévisible moustique frappe sur deux étages
Exposition Gosse de peintre
Fondation Cartier, Paris 14e
11 mars / 12 septembre 2010
Catalogue publié par la Fondation et Actes Sud (200 pages)
Autobiographie Kitano par Kitano, éditions Grasset
Rétrospective au Centre Pompidou : Takeshi Kitano, L'iconoclaste, du 11 mars au 26 juin 2010
Le "sale môme" Kitano s’expose enfin ! Ayant toujours refusé les nombreuses sollicitations de divers musées, la Fondation Cartier et son directeur Hervé Chandès ont finalement convaincu l’artiste. Comme au cœur d’un gigantesque parc d’attractions, le visiteur déambule à son gré et à son rythme, que ce soit dans le jardin ou dans les espaces intérieurs, se confrontant à un univers enfantin et coloré qui s’adresse aux enfants et à celui qui sommeille en chaque adulte.
Drôle et pertinent, Kitano joue de ses nombreuses facettes, mélangeant les genres (peinture, vidéo, installation), les thèmes (temps, science, art) et sollicitant le public (dessins à réaliser en fonction d’un son, tour de Hanoï à laquelle se confronter). Critique de la société d’hier et d’aujourd’hui, jouant avec les clichés liés à son pays, Kitano se plait à manier l’absurde pour lequel on finit toujours par se demander « et au final, pourquoi pas ? ». Il fait sourire, rire et réfléchir. En effet, pourquoi les dinosaures n’auraient-ils pas disparu de la surface de la Terre simplement parce qu’ils ne pouvaient pas allonger une droite suffisamment longue ? ou bien parce qu’ils ne pouvaient pas mettre les mains véritablement en l’air lorsque les flics le leur demandaient ? Absurde ? mais pas tant que ça finalement…
Les installations du rez-de-chaussée laissent ensuite la place au sous-sol présentant des vases-animaux et de nombreuses toiles (dont la plupart ont été réalisées spécialement pour cette exposition) très colorées dans lesquelles le personnage du chat revient très souvent, animal porte-bonheur, protecteur de l’enfant au Japon. A travers ces vingt-quatre tableaux, le chat nous apparaît également comme un personnage lubrique et espiègle. Ce chat "couillu" serait-il l’artiste lui-même ?
Cet étage renferme également un stand de phénomènes de foire ainsi qu’une salle qui, derrière ses rideaux rouge et noir, dévoile « le vrai travail de Beat Takeshi » présentant des extraits de shows TV qui l’ont rendu si célèbre au Japon. Délirant, extrême, sans limites à la folie et à la cocasserie.
A l'opposé du sous-sol, on découvre une farce autour de reliques ancestrales funéraires et surtout deux courts métrages réalisés expressément pour cette exposition. "C'est ça le Japon" où un P-DG vire de la paranoïa à la chanson, du politiquement incorrect (manger de la baleine et du requin, c'est mal) à un Hara-kiri obligé (une rayure sur une copie d'un tourne-disque). Il donne ensuite, dans son autre court-métrage, une leçon mémorable de calligraphie.
Avoir flâné au milieu de cette exposition peu commune est une expérience peu banale. Kitano réussit, dans un espace et un temps défini, à nous entraîner au cœur de son univers infini où la part de l’enfant qui est toujours en lui a pu s’exprimer largement. On ressort de là touché, ému, amusé… Des émotions qu’on aimerait plus souvent ressentir lors d’une exposition. Aligato monsieur Kitano.
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