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Plus de musique pour plus de vie
168 000 festivaliers en 3 jours… record battu pour ces Solidays 2010 qui ont permis plus que jamais de faire du bruit (et surtout de la musique) contre le Sida. Une bonne nouvelle, puisque c’est ainsi près d’1,8 million d’euros qui devraient être reversés cette année à la lutte contre le Sida (programmes d’aide aux malades d’urgence, prévention, accès aux soins…).
Toutefois, comme l’a fait remarquer Luc Barruet, directeur général de Solidarité Sida et créateur des Solidays, le Festival en plein air situé sur l’hippodrome de Longchamp ne pourra guère faire mieux. A moins de revoir sérieusement l’organisation et la logistique…
Car il faut l’avouer, déjà comme ça, les festivaliers ont dû composer avec d’interminables files d’attente pour aller aux toilettes, manger un morceau ou simplement retirer de l’argent ! Sans oublier l’inénarrable sketch pour pouvoir accéder au site lui-même : jusqu’à 3/4 h d’attente en plein soleil, le tout pour subir une "fouille de sécurité" un peu à la tête du client (certains parviennent à faire entrer de l’alcool ou des récipients en verre censés être interdits, d’autres se voient confisquer… leur brumisateur). Heureusement, pour les habitués, même si c’est agaçant, ça fait partie du folklore.
Car si Solidays est victime de son succès, c’est bien parce qu’il associe cause juste et programmation éclectique, le tout dans une ambiance bon enfant inimitable. Musicale, bien sûr, avec 80 concerts en 3 jours, mêlant tous les genres et toutes les générations, mais également militante. Arborant l’un des fameux Tshirt de la manifestation ("Jeune, con et solidaire" ou encore "Music saved my life") artistiquement agrémenté d’un auto-collant "l’homophobie tue", le festivalier a en effet pu assister à une table ronde sur le droit à la santé, la féminisation de l’épidémie de Sida ou encore les actions concrètes menées en Afrique pour faciliter l’accès aux soins. Puis rencontrer l’une des 100 associations représentées et visiter l’une des expositions proposées sur le site, dont l’intrigante "Sex in the city" qui promet "d’explorer sa sexualité dans les moindres recoins". Tout un programme !
Sur scène, c’est politique aussi, avec une nette préférence pour le propos anti-sarkosyste. Jacques Higelin a quasiment appelé à la révolution tandis que l’incroyable groupe français The inspector Cluzo a menacé de faire subir les derniers outrages au président. C’est à la mode, ces temps-ci…
On retiendra également des moments de grâce : Archive qui reprend avec deux fois plus d’intensité après une coupure de courant intempestive ; Vanessa Paradis parcourant avec simplicité ses 20 ans de carrière, un éventail à la main ; l’énergie débordante et charmeuse de Florence & the machine ; le délire absolu des chansons d’Oldelaf ; M clôturant avec folie et générosité la dernière soirée du festival… Habitués ou nouveaux venus, tous les artistes ont joué le jeu, conscient du caractère particulier de l’événement.
Un joli cadeau, en toute réciprocité, puisque dans le public, malgré la fatigue et la chaleur, l’ambiance est presque toujours au rendez-vous : on saute, on danse, on hurle et l’on reprend les refrains à tue-tête, même si c’est la première fois qu’on les entend. Car les seules choses dont Solidays n’incite pas à se protéger, c’est bien la solidarité, le partage et le bonne humeur.
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