LOUIS DE FUNES

IL ÉTAIT UNE FOIS SERGIO LEONE




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Mars 2011

STANLEY KUBRICK, L'EXPOSITION
Kubrick's cubes

« Ce genre de choses est souvent sinistre, mais là j’y ai vu une certaine splendeur» (extrait des Sentiers de la gloire)

1 000 mètres carrés pour Stanley Kubrick. L’imposante exposition, sur deux étages, qui s’ouvre à la Cinémathèque française le 23 mars prochain (jusqu’au 31 juillet), est rendue possible grâce à deux éléments importants : le faible nombre d’œuvres du cinéaste et l’importance cinématographique de chacune d’entre elles.

Si le parcours au 5e étage est aussi lisible que passionnant, retraçant chronologiquement le travail de Kubrick depuis ses premiers courts métrages jusqu’à The Shining, la suite, au 7e étage est beaucoup moins lisible et plus confuse, mélangeant ses travaux photographiques, ses projets avortés et ses deux derniers longs métrages (dans le désordre). Ce bémol d’un point de vue scénographique ne gâche en rien l’exposition dans son ensemble. Photographies de tournage, scénarios, plans de tournage, critiques (controverses, scandales, éloges…), maquettes, croquis de décors, réplique de HAL 9000, objets (la machine à écrire dans Shining, le manuel pour aller aux toilettes en apesanteur, les costumes de Barry Lindon) : de l’anecdotique à l’intime, l’univers de Kubrick est omniprésent. Jusqu’au décor miniature de la Salle de guerre de Dr Folamour et aux masques vénitiens de Eyes Wide Open. Sans oublier ces multiples objectifs (dont le Zeiss Planer F 0.7 utilisé pour filmer à la lumière de sbougies) qui émaillent tout le parcours. La technique a aussi toute sa place aux côtés des influences artistiques (littéraires et picturales) mais aussi des censures ou des polémiques (notamment à travers des courriers et des articles). L’indifférence n’avait pas sa place : il fallait toujours aller plus loin.

L’exposition, créée en 2004 au Musée du film de Francfort, a sans doute un seul défaut : l’absence de thématiques. Le commissaire a préféré rappelé les conditions de production de chaque film, s’ébahir sur certaines prouesses techniques que de croiser les obsessions qui traversent la filmographie du Maître.

Quelques citations du réalisateur sur les murs sonnent comme des dogmes. « La meilleure formation en matière de films est d’en faire un ». Pourtant, l’exposition est baignée par le doute du créateur et l’incertitude qu’un projet aboutisse. « Un réalisateur est une sorte de machine à idées et à goûts ; un film est une série de décisions créatives et techniques et il incombe au réalisateur de prendre les bonnes décisions aussi souvent que possible. »

Ainsi la partie où Napoléon, Aryan Papers et Artifial Intellegence se côtoient fascine. Trois projets qui ont eu des destins différents après leur abandon. On découvre ainsi le découpage de Napoléon qui commence et finit avec un ours en peluche. Toute la préparation minutieuse de ces films donnent un relief particulier après avoir revisité ses chefs d’œuvre.

Labyrinthique, à l’image de ce dédale où se figera Nicholson dans The Shining, et pédagogique, la mécanique Kubrick est bien étudiée, à défaut d’être limpide. Il reste sûrement des mystères, souvent dévoilés au travers de livres, ou en revoyant ses films. Ce parcours historique et cinématographique qui remet en perspective le génie avant gardiste du cinéaste pourrait finalement se résumer aux premiers pas dans l’exposition. La photo. Touchant cliché de Montgomery Clift. Visages marqués par la vie. Mais surtout sa première photo vendue au magazine Look, un kiosquier qui a l’air abattu le jour de la mort de Franklin Delanoe Roosevelt. Comme si l’humain gâchait toujours tous les rêves. Comme si la mort nous reliait tous.

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Cinémathèque française. 23 mars 2011-31 juillet 2011
Rétrospective du 23 mars au 25 mai
Rétrospective Autour de Kubrick du 20 avril au 2 mai
Rétrospective nationale à partir du 1er juin dans les salles française
Table ronde "Après Kubrick" avec Olivier Assayas et Nicolas Saada le 20 avril
Table ronde avec Christiane Kubrick, Marisa Berenson, Michel Ciment le 24 mars
Conférences prévues : Michel Ciment, Philippe Fraisse, ...
Livres : Catalogue officiel, hors-série Trois couleurs, hors-série Les inrockuptibles ; chez Taschen : The Stanley Kubrick Archives, Napoleon : The Greatest Movie Never Made, The Complete films ; Kubrick édition 2011 par Michel Ciment (Calmann-Levy) ; Le cinéma au bord du monde : une approche de Stanley Kubrick de Philippe Fraisse (Gallimard)
DVD : coffret de 19 DVD chez Warner Bros avec Les archives de Stanley Kubrick (livre)
Cannes 2011 : Copie restaurée d'Orange mécanique et Leçon d'acteur de Malcom McDowell


- vincy    


Kubrick sur Ecran Noir  - Site officiel de l'exposition