Quelques notes discordantes...
Au delà du pont, tout ne tourne pas rond à Avignon... Un Quatuor d'Alexandrie insupportable au delà de l'inimaginable (au point de faire fuir Maitre Binoche avant l'entracte. Un retour autant attendu que décevant de Michel Bouquet sur scène. Les éternels habitués qui ne laissent pas la place aux autres créateurs. Une cour d'honneur qui ne répond pas aux critères élémentires des consignes de sécurité. Et puis la malchance : le déluge qui annule la dernière du flamboyant "Platonov", la canicule qui fait étouffer les spectateurs dans la salle Benoit XII... Avignon c'est un mélange de perfectionnisme et d'artisanat, de grosse machine et de bugs intempestifs.
Festival de l'imprévisible,de la débrouille, le "spectateur" est harcelé aux terrasses, dans les ruelles, à chaque instant. Le charme se mélange à l'agacement, selon la situation. Le Off utilise tous les moyens pour se vendre y compris une forme de mendicité. On finit rapidement avec 4 tonnes de tracts, cartes postales promotionnels et prospectus mal foutus dans ses poches. D'autant qu'Avignon est uen ville où on ne bouffe pas très bien, à de rares exceptions près. Aussi le temps passé à l'intérieur des murailles ressemble à une forme d'emprisonnement où on s'oblige à s'intéresser à chacune des créations.
Il y a les spectacles qui font parler d'eux par leur mise en scène provocante et innovante, d'autres dont on retient avant tout les textes. Il ne faut pas être difficile mais plutôt curieux. La SACD organise chaque année des séances de lecture : des comédiens célèbres lisent des textes de jeunes auteurs. Jacques Gamblin a ainsi lu "Clémence à mon bras" de Pierre Notte. Ces moments intimes le disputent aux farces de moeurs ou aux spectacles pour enfants. Un grand bazar où l'on s'y perd un peu. Alors certains se contentent de suivre les itinéraires fléchés par la critique et l'élite tandis que d'autres préfèrent suivre leur instinct vers des shows de café-théâtre.
La logitique empêche de tout voir : prix exhorbitants, aucun forfait ou abonnements, réservation des billets archaïques (pas de carte bleue, quotas ghettoisant)... Avignon mériterait de se moderniser. La ville s'est dotée d'un TGV la mettant à deux heures et demi de Paris, mais les panneaux d'indication sont si rares ou si mal placés qu'on pourrait croire qu'elle cherche uen fois de plus à nous maintenir dans ses murs...Pourtant, pas loin, il y a Orange (Chorégies) et Aix (musique lyrique). Et surtout Arles : musiques du monde et photos. De Kudelka à Here's in New York, la capitale de la Camargue se rêve d'être le Cannes de la photo.
Avignon, malgré ses défauts, est évidemment le Cannes du Spectacle Vivant. Il lui manque juste un peu plus de risques et un peu moins de dépendance vis-à-vis des programmateurs des scènes nationales pour n'être non pas suiveur mais précurseur.
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