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Pas besoin d'être affranchi
Scorsese est assurément l'un des plus grands cinéastes vivants. A la fois héritier des génies de l'âge d'or et auteur résolument moderne et singulier, ce réalisateur (jamais oscarisé) s'est affirmé comme l'une des grandes signatures du 7ème Art, aux côtés de Coppola et Spielberg (les seventies), passionné de cinéma italien (De Sica, Fellini, Rossellini), fanatique de sa ville de New York (à l'instar de Allen).
Le livre plonge film par film avec anecdotes, photos et chiffres, dans les racines du mythe. Divisé en 4 grandes parties chronologiques (ce qui lui ôte, hélas, une approche thématique et donc plus analytique), il fouille dans les sources biographiques, les inspirations cinéphiliques et les obsessions psychologiques. L'approche est souvent passionnante, notamment cette comparaison toute en image entre son court métrage The big Shave et la scène de la douche dans Psycho (d'Hitchcock). A la manière d'une étude d'un peintre et de ses influences, le livre décode, parfois avec précision, le cinéma de Scorsese. Ce qui le distingue et ce qu'il apporte. Il manquerait presque un CD pour nous passer des extraits musicaux indissociables à ces images...
La partie la moins riche, vaguement nommée Les années indéfinies, est compensée par tous les débuts de Marty. Tout ce qui conduira à son film qui va sortir, The Aviator, véritable hommage à un mégalo et à la grande époque d'Hollywood, celles des stars de son enfance. L'argent, la corruption, la passion, et les références au passé (désenchanté : Liza n'est pas Judy, Cruise n'est pas Newman, Lewis n'est plus drôle) imprègnent ces pages qui ne disent pas tout, mais révèlent beaucoup.
Livre intéressant pour les cinéphiles, indispensable pour les fans, ludique pour les cinéphages, c'est un décryptage en règle pour comprendre le cinéma, tout court, et ce qui fait un auteur. On saisit vite à quel point cette oeuvre est majeure, magnifique et intelligente. Une anthologie qui complète bien celle d'Ecran Noir ...
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