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Aspire, siouplait!
“Cinéma contemporain, état des lieux” - Sous la direction de J-P Esquenazi
Actes du colloque de Lyon, 2002. 310 pages
Il est souvent difficile de synthétiser un colloque tant les thèmes abordés sont variés. Dans le cas présent il s’agit du développement de thèses sur l’économie, le public, l’esthétique et les supports techniques du cinéma. Malheureusement, comme trop souvent, certains intervenants enseignants-chercheurs utilisent un vocabulaire pédant et une phraséologie pompeuse. Ce n’est pas en employant des mots soi-disant savant qu’ils seront à même d’être apprécier en dehors d’un cercle d’initiés (scansion, sémiotique, diègèse(pas dans le Larousse), connivence et implicite, “cogito”, temporalité culturelle et singulière, …).
Le livre est divisé en 4 parties avec un Prologue assez original. Deux grands thèmes en ressortent. L’un est lié aux supports des films: analogique, digital et surtout numérique. Le second est le rapport avec l’Internet et la Vidéo sous toutes ses formes.
Le Prologue est un point d’interrogation: “Le cinéma est mort?” L’auteur pense que le spectateur est devenu téléspectateur et que le télévisuel est une nouvelle espèce filmique. Un film peut être vu seul chez soi en plein jour et non en salle noire au milieu de la foule.
La première Partie est intitulée “Hollywood encore”. Le premier article “Hollywood aime les dollars des autres peuples” insiste sur le fait que 85% des films projetés dans le monde y sont produits. Mais, maintenant ils sont de plus en plus financés par des capitaux étragers (Japon, Allemagne, France,…). L’industrie devient planètaire et ce “cinéma-monde” annoncerait la fin de la suprématie hollywoodienne (concurrences asiatique et africaine). Le second article est un thème proche sur la sortie mondiale et simultanée (large diffusion) soutenue par une intense publicité. Le troisième rapport traite de la place du cinéma aux Etats-Unis, en particulier, la relation cinéma/internet et vidéoclubs. Les critères de diffusion sont liés à la gestion et au classement par genre. Le dernier article dissèque les films de Wes Craven (Freddy, Scream) et de là la culture du second degrè. Le texte est assez difficile à suivre!
La seconde Partie concerne les “Publics” Le premier rapport pose 4 questions: ”Qui a changé? Les critiques? Le public? Le cinéma?” Pour cela l’auteur se rapporte à l’évolution du cinéma Italien et aux nouveaux modes de vie. Pour lui le drame vient de la pauvreté de l’agencement des salles d’où une basse fréquentation et une marginalisation du cinéma. Il est supplanté par le télévisuel. Le second article discute du goût des adolescents et de la différenciation filles/garçons. L’enquête dans un lycée montre que les films doivent être “adaptés à leur besoin”. Le thème du réalisme apparaît majeur. Le troisième article est plus difficile à lire. Intitulé “La connivence et l’implicite” il traite des choix des cinéastes débutants, du public et des heures de fréquentations. Le cinéma Italien est encore pris en exemple. Le dernier rapport est pratiquement illisible: ”Aller au cinéma-Esthétisme de la médiation cinématographique” et n’apporte que peu d’informations concrètes, étant par trop philosophique.
La troisième Partie connexe “Films, Sociétés”. Le premier article est lié au “fabuleux destin” de quelques films français (par exemple celui d’Amélie Poulain). Ces succès se rapportent aux plans culturel, générique (Pacte des loups) et de l’identité nationale (Taxi). L’auteur discute des lieux et des non-lieux des tournages et conclu sur les “mixages” franco-hollywoodiens. Le second rapport est une discussion de l’influence du boulevard sur le cinéma d’auteur (Mélo, On connaît la chanson, Un air de famille). L’auteur traite du féminisme et des relations hommes/femmes. Le troisième article discute du monde ouvrier lié au cinéma social et au réalisme social qui renaissent depuis 1990. Le choix des lieux (opposition Paris/Province, top brand ), des acteurs (parfois amateurs), des thèmes (immigrés, chômeurs, jeunes) et le coût des films sont bien analysés. L’auteur pose la question du lien politique/cinéma. Les quatrième et cinquième articles sont voués à l’analyse des films d’Agnès Varda (Les Glaneurs et la Glaneuse) et de Wong Kar-waï (In the mood for love).
La dernière Partie est consacrée aux technologies. Le premier rapport montre que les petites caméras numériques (Digital Video) améliorent l’effet esthétique et avantagent les prises de vue. Le second analyse comment le traitement du son peut être primordial pour le succès d’un film (Nikita). Le troisième article décrit les enjeux de la numérisation: fabrication des films, effets spéciaux et matérialisation de mondes imaginaires. Enfin, le dernier rapport traite de l’interactivité cinéma/jeux vidéo.
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