A-C D-K L-O P-Z
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Février 2005
LA FEMME SQUELETTE
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Du nerf mais pas de vertèbres
La femme squelette, par la compagnie Les Souliers Rouges
Théâtre du Chaudron, Cartoucherie de Vincennes, 75012 Paris
du 21 janvier au 13 février 2005
Cette histoire de Femme squelette, adapté, chorégraphié et mis en scène par Nadia Vadori s'avère très souple mais aussi trop liquide. Dans cet univers aquatique, les danseurs tordent leurs corps et s'attirent aimants, amants. La musique aux petites touches électroniques, les accessoires écarlates et ludiques, les gestes fluides et regards mélancoliques contribuent à nous séduire, nous attirer dans leurs filets. Notamment les sirènes. Ce conte flottant nous happe grâce à sa poésie. On y retrouve de l'univers un peu morbide et légèrement marginal de Tim Burton ("The Melancholy of Oyster Boy") mais aussi les allures fantastiques d'un Amenabar, dialoguant entre la vie et la mort.
Tous ces spectres nous hanteraient avec délectation s'il n'y avait le guide du Manoir. Echappé d'un théâtre d'un autre temps, il débite un texte aux airs de Porto Alegre. Déjà entendu, et sans aucun apport (ou rapport), il nous largue en pleine mer, dans une ère improbable, et nous ennuie avec sa diction dramatiquement inutile. Les effets visuels assassinent la poésie. Ces Souliers rouges n'ont pas compris qu'Anna Karenine suffisait pour les chausser. Que l'image et les mots sont parfois les pires perversions dans un spectacle comme celui-là. Alors que nous vivons chaque instant de danse comme des moments de grâce, l'écriture facile et à peine pamphlétaire (trop synoptiques pour cela) nous contraint à écouter au lieu de voir. Ce one-man-show involontaire nous fait regretter l'universalité du propos romantique. Il y a du nerf dans le mouvement mais aucune colonne vertébral dans le textuel.
On frôle la crise de fou rire avec Bette Davis Eyes, chanté (hum) par le gourou chaman. Peut-on expliquer à Nadia qu'il suffit de voir ses yeux pour deviner la star fantomatique...
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- vincy
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