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JUILLET 2003
LE FABULEUX DESTIN DES TONTONS
Pleins feux sur les... Tontons Flingueurs.
Pierre-Jean Lancry .
Préface de Georges Lautner.
Editions Horizon Illimité ; 135 p.p.
par Harry Stote
Voici une petite " encyclopédie " aussi agréable à lire qu1à regarder. A lire, car l1auteur a su introduire dans la bibliographie des acteurs et la génèse du film des anecdotes humoristiques, savoureuses, voire même truculentes. A regarder, car la collection de photos, aussi bien pour les décors intérieurs et extérieurs, que pour les expressions (on pourraiT dire les " bouilles ") des acteurs dans les scènes cultes, est très soignée.
En fait, tout au long du livre le lecteur est continuement dans le film. Depuis le début jusqu1à son achèvement, il n1y a pas de temps morts. Le tout est mis en valeur par la démonstration du "travail collectif auquel se sont livrés les trois compères Audiard-Lautner-Simonin" (p. 30).
En outre, nous savons tout sur la vie des acteurs, mais aussi sur toute l1équipe du tournage et même sur le compositeur (M. Magne) et les affichistes. Nous savons aussi avec qui ils ont travaillé, car l1auteur prouve qu1à cette époque il y avait une certaine collaboration de travail pour beaucoup d1entre eux. Mais ce qui aussi bien noté, c1est la " frilosité " des grands producteurs d1une part, et la "lutte" avec les réalisateurs de la Nouvelle Vague du cinéma Français.
Le lecteur amateur de technologie saura tout sur les caméras et leurs systèmes optiques, sur les armes utilisées dans les réglements de comptes, et sur les voitures ayant servies au tournage. Pour d1autres il sera utile de connaître le déroulement des mises en scène des " bagarres " et des " bourres-pifs " orchestrées par H. Cogan. Ce catcheur, lors d1un combat de haut niveau, avait écrasé la jambe de L. Ventura. On apprend ainsi que ce dernier fut champion d1Europe. Quelle destinée! Mais, le livre montre avec précision que nombre des protagonistes du film sont arrivés au cinéma pae des chemins peu conventionnels. Le livre se termine par la Revue de Presse de l1époque. Ce qu1il y a de curieux c1est que, en prenant l1ensemble des différents écrits, nous avons une analyse totale du film. Mais pourquoi, diable, H. Chapier s1est-il fourvoyé ?
Finalement, après avoir vu le film, il faut lire le livre pour en assimiler la substantifique moëlle.
LE POIDS DES PHOTOS, LE TOC DES MOTS
Simenon ou la vraie naissance de Maigret
F. Lacassin
Editions Horizon illimité 103 p.p.
par Harry Stote
Il apparaît indéniable que l1auteur aurait pu écrire une Thèse sur le sujet (Comme dans le cas du Commissaire San Antonio de F. Dard). Mais pour établir ce type d1écrit il aurait fallu être plus clair et plus concis dans la chronologie des faits. La lecture du livre est parfois difficile en raison des nombreuses répétitions, des retours en arrière impromptus et du manque de précision dans le déroulement des activités littéraires et privées de Simenon. En effet, l1auteur, comme pour faire de la pagination, ou pensant le lecteur inattentif, reprend 4 ou 5 fois les mêmes propos. Deux cas peuvent être retenus. L1un est la répétition des titres des ouvrages dans presque tous les chapitres. L1autre est l1analyse de la pensée de Simenon qui est reprise en continu.
Le plus difficile à suivre est le manque de chronologie pour la période 1928 - 1933. On ne trouve pas de fil conducteur entre les différents types de publications et d1ouvrages écrits par Simenon. Il faut dire que ce fut un auteur prolifique et très imaginatif quant à la " fabrication " de héros, aventuriers et personnages en tout genre. Beaucoup évoluant déjà dans une atmosphère " à la Maigret ". L1analyse détaillée des personnages et des lieux où ils évoluent, montre bien que Simenon s1attachait à connaître les penchants de l1âme humaine. L1ensemble des citations est riche, mais la lecture est fastidieuse sinon lassante. En effet, nous sommes face à une mixture très complexe entre les dates et les écrits.
En passant d1un chapitre à l1autre il faut parfois attendre la troisième colonne pour savoir dans quelle milieu nous évoluons et le lien entre chacun d1entre eux. En somme, " la naissance de Maigret " est analysée en petits morceaux au travers de personnages souvent très différents les uns des autres. La Bibliographie n1éclaire guère plus la curiosité, même si l1on décide que l1ombre de Maigret ait été ébauchée vers 1928. Il y a une certaine difficulté de chronologie, Simenon lui-même n1ayant pas la mémoire des dates!
Il est évident que le travail effectué par Lacassin est très profond et fort documenté. Mais cela amène de mouvelles remarques. Tout d1abord il est assez imprudent de déclarer que Maigret soit seul mondialement connu. Il est inconcevable que les noms de Sherlock Holmes et Hercule Poirot ne soient jamais cités. D1autre part, s1il est intéressant de savoir comment ont lieu les tenants et aboutissants de son mariage lors des années 20, l1auteur aurait pu alléger ce chapitre éloigné du sujet, et peu facile à lire. Enfin comme les romans de Maigret leur plus grand succès après 1945, il aurait été intéressant de savoir , même rapidement, comment Simenon avait vécu la guerre et pourquoi il avait été aux Etats-Unis.
Finalement deux types d1informations peuvent être aussi retenus. Le premier est l1admirable collection de photos qui illustre le livre. En particulier, l1art et la manière dont les éditions ont été faites, et surtout la couverture des ouvrages. Le second est l1historique des Editeurs Parisiens entre 1905 et 1945, et la manière dont ils ont évolué.
En conclusion, ce livre est à mettre dans une collection historique pour ses photos-gravures, plus que par sa lecture trop complexe et difficile à suivre.
DU RIFIFI CHEZ LES RROM
Comme un vol de vautours.
J. Giovanni
Ed. Fayard, 283 p.p.
par Harry Stote
Ce livre annoncé comme un " roman " devrait être plutôt classé comme un " policier noir ".
Mis à part quelques passages un peu embrouillés sur le déroulement des faits, le livre se lit assez facilement. Le style de l1auteur esr clair et la phraséologie dépouillée de toute intention philosophique ou psychologique. Par contre on se rend très bien compte que l1auteur est un démocrate convaincu.
Le lecteur tient à savoir comment les trois frères Rrom vont passer au travers des embûches au cours de leur saga. Car, mis à part l1homme qui les commandite en regardant évoluer des vautours (d1où le titre), policiers et mafieux de toutes sortes restent désemparés face au but que se sont assignés les trois frères. Ils rêvent de devenir propriétaitres d1une immense hacienda en Argentine afin d1y élever les chevaux arabes " shagya " en souvenir de leur père originaire des Carpates.
Cependant l1histoire est assez conventionnelle. Il est, en effet, difficile de renouveler le roman noir. Tous les ingrédients de la Série Noire, de Simonin et autres s1y retrouvent. Même le language semble parfois être pris (mais en moins truculent) à F. Dard. Cependant les personnages sont bien campés, même s1ils ressemblent à ceux évoluant il y a déjà 50 ou 60 ans. Même les méthodes du grand gangstérisme parraissent identiques. Si les moyens sont plus modernes, les milieux décrits restent glauques avec des idées (dominer la pègre) et des buts (le grisbi) similaires. Ceci prouve que rien n1a changé en ce bas monde.
En conclusion, les actions décrites avec sobriété, les méthodes et les moyens utilisés par les protagonistes, la trâme du rêve des trois frères, permettent au lecteur de ce type d1ouvrage de ne pas avoir de temps morts (mis à part évidemment les cadavres qui s1amoncellent au cours des 283 p.p.).
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