- Décembre 2003
- Théâtre de la Colline
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JANVIER 2004

ENFERS PARADISIAQUES

"PARADIS" de Pascal Rambert
Au Théâtre National de la Colline jusqu'au 23 janvier 2004
Réservations : 01 44 62 52 00 ou www.colline.fr
par Serge

Plus qu'une pièce de théâtre, "PARADIS" est un spectacle qui interroge le spectacle, un objet théâtral / plastique / chorégraphique. Pascal Rambert met en pratique une "écriture en temps réel" sur la scène et ne retient que les principes du poème de Dante, le déplacement du centre vers sa périphérie. Un carré, au centre de la scène, devient l'espace autour duquel évoluent les comédiens. Dans le mouvement perpétuel - jusqu'au chaos parfois - de l'espace scénique, un univers se crée avec des individus se questionnant sur ce qu'était l'humanité. Les acteurs disposent de moments d'interventions et de création, en fonction de leur façon de vivre le spectacle. Pour l'auteur et metteur en scène, cela permet aux acteurs de "vivre le spectacle comme un monde dans lequel ils sont".
Plusieurs questions se confrontent : fait-on des spectacles avec des idées ? ne peut-on plus rien raconter ? as-tu jamais eu peur ? est-ce que tu es un artiste ? Le texte se compose d'interpellations, d'interrogatioons, d'inserts. Des interventions qui, progressivement, développent un propos. Pascal Rambert évoque "les vexations/expulsions que l'homme a subies depuis qu'on lui a fait comprendre qu'il n'était plus au centre de rien".
Le progrès, la recherche et la science ont désacralisé la place de l'homme dans le monde et dans l'univers. Ces déséquilibres conduisent l'homme à un désenchantement. Le paradis de Pascal Rambert est le négatif de la réalité d'aujourd'hui. C'est le rêve qu'hier était meilleur. C'est le regret d'avoir été chassé d'un âge d'or.

Dans le cadre de création de "PARADIS", le dernier spectacle de Pascal Rambert, le Théâtre National de la Colline présente le film "S'éloigner du théâtre" de Jean-Christian Riff. Ce film retrace le processus de construction du spectacle : des échanges entre l'auteur et les acteurs, de la recherche de sens de chaque mot, de chaque geste.
Première projection exceptionnelle le lundi 12 janvier à 20h30.
Réservations : 01 44 62 52 00.

LA VÉRITÉ EST MINORITAIRE

Les Yeux dans les Yeux de J-P. Husson
Atout Editions - 252 pages
par Harry Stote L’auteur étant à la fois réalisateur de court-métrages, auteur et chef monteur de long-métrages (Films et Téléfilms), il apparaît bien que son livre soit un scénario remis en forme. Jusqu’à la moitié de l’ouvrage la randonnée du père (Julien), de sa fille (Isabelle, 20 ans environ) et de son fils aveugle par accident (Mattieu,10 ans) est bien décrite, car, au travers de la lecture on “voit” le déroulement de l’action, comme sur un écran. Par contre, la seconde partie demande beaucoup plus de réflexion, car l’auteur mêle l’action visible à celle ressentie par un aveugle, donc, comme écrit avec un I majuscule, l’Invisible. Les évènements évoluent alors selon un film de frayeur, pour en arriver au cauchemar.
Mais, il faudra alors admettre que la révélation de l’Invisible deviendra difficile à entériner. Même en faisant un effort de synthèse et en se reportant aux pages cruciales, il apparaît une faille dans l’explication des évènements. En effet, ou alors il faut croire aux fantômes, comment peut-on comprendre que la canne blanche de Mattieu puisse réapparaitre seule au milieu des bois, alors qu’il n’ait pu la retrouver 2 jours auparavant à quelques 50 Km de là? Ou encore comment l’Invisible peut-être à deux endroits différents au même moment (don d’ubiquité?). C’est dommage, car le personnage de l’Invisible est plausible au vu des situations dramatiques vécues par les tous les protagonistes.
Ce qui est bien décrit ce sont les impressions ressenties par le garçon. On pourrait penser que l’auteur ait pu avoir vécu avec un enfant de ce type, ou interroger longuement plusieurs aveugles. Malheureusement les adultes et les ados soit ne croient pas les pulsions de Mattieu, soit ne comprennent pas ses ressentiments. Pensez, un enfant, aveugle de surcroît, quelle pourrait être la valeur de ses visions?
En conclusion, ce livre montre que le monde des aveugles (maintenant on dit “non-voyants”) est vraiment différent. Il faudrait surtout tenir compte de leurs sensations auditives et olfactives et essayer de bien décrypter ce qu’ils décrivent, même dans le cas d’un enfant.


 
 
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