|
MARS 2004
LES EXCLUSIONS BARBARES
Propos impertinents sur le cinéma français
de Jean Cluzel
P.U.F. - 214 pages
par Harry Stote
La lecture de ce livre amène à employer un language cher à P. Dac i.e. lin petto.
En effet, au fur et à mesure on se dit et on se répète: Ah! Lexception française!; Cela nest pas près de se faire; Cest bien triste!; Vive le Canada et le Québec!.
Il devient rapidement clair que J. Cluzel fait de lexception française son cheval de bataille. Il est vrai que depuis François 1er et sous tous les régimes Républicains, Etat et Artistes sont compagnons. En ce qui concerne le cinéma la production françaisene ne fut mondialement dominante que jusquà la 1ère guerre. Après elle ne connut que des crises: le parlant, la couleur, les quotas décran, la télé et les intermittents. A chaque étape les réalisateurs eurent assez de mal à sadapter aux besoins du marché et le fameux cinéma français fut supplanté par les Etats Unis, puis par lInde. Alors, comme écrit entre les lignes, serions nous juste à léquilibre où la production française saura soit rebondir (comme Airnus) soit péricliter (comme Concorde)? Pour J. Cluzel la condition serait Il ne faut pas changer LE système, mais changer DE système et malheureusement Cela nest pas près de se faire. En effet, le système fonctionne actuellement sur les desiderata des différents lobbies et corporatismes (et non plus syndicalismes!) des industries et personnels du cinéma. Si bien que tout changement, même minime, est dénoncé comme une atteinte à la profession. Cela se comprend car elle vit en autarcie (qui se suffit à soi-même) comme le montre lauteur par de nombreux exemples (ainsi les César...)
Cest bien triste se rapporte à trois problèmes qui se relient en ce début du XXI ème siècle. Le premier est apparu dans les années 60 où un type de réalisateur devint un être étrange qui voulait imposer ses goûts au public sans connaître les goûts du public. Deuxièmement, le manque de scénario devint aussi une maladie pour de nombreux réalisateurs. Donc, en troisième lieu, malgrè les cocorico et la méthode Coué, ce cinéma français ne sexporte pour ainsi dire pas. Heureusement de temps en temps il y a une Amélie Poulai!
Vive le Canada et le Québec J. Cluzel montre avec force détails comment ce voisin des Etats Unis a su préserver sa culture contre vents et marées en parlant lors des accords de lALENA d"exemption culturelle et non pas d"exception culturelle. Ceci lui a permis, paradoxalement au vu de sa situation géographique, de contenir l"envahisseur Yankee. Selon lauteur cet exemple devrait être repris par lUnion Européenne pour développer son pluralisme culturel.
Paradoxalement ce livre se veut cruel mais il écrit non pas pour saborder la profession mais pour la sauver. Mais qui écoutera cet appel pressant? Lauteur fournit de nombreux chiffres clés sur la production des films et sur le nombre de spectateurs. Il faut ainsi retenir que la France est numéro 1 de la production Européenne. Mais en 2001, sur 204 films produits, 20 ont dépassé le million de spectateurs, 20 nont bénéficié que dune sortie technique et 75 ont fait moins de 50000 entrées. Quel gachis pour près de 50% de la production! Pour conclure il faut reprendre trois phrases clés de lauteur:
Il faut supposer que la France décide dabandonner la politique des illusions pour celle des ambitions;
Linconscience est française; la puissance américaine;
Le financement namène pas le public, alors que le public amène le financement.
EN BREF...
Scarface
de Cécile Giraud
Editions Collector - 84 pages
par Vincy
C'est avant tout un album photo. Papier glacé qui vaut son pesant (150 grammes). L'occasion d'archiver ce film sanglant boudé lors de sa sortie. Mais quel film. Scénario d'Oliver Stone, réalisation de Brian De Palma. Avec de sacrés gueules : Pacino jamais aussi beau, Pfeiffer sublîme, Steven Bauer tout en ambiguïté... Entre Le Parrain et Bonnie and Clyde, le film bénéficie d'un traitement visuel magnifique; cela compense l'absence d'analyse du film. Pour cela on se reportera à l'excellente bio du cinéaste récemment parue.
|