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JUILLET 2004
CARNETS DE VOYAGE
Le voyage a commencé à la Fondation Cartier. Pain Couture est une exposition qui marie l'art et l'artisannat, la couture et la boulangerie, Gaultier et la baguette. Gaultier a fringué les héroïnes d'Almodovar et s'est laissé filmer par Tonie Marshall. Ici vous admirez une robe en langues de chat, ou une autre avec des petits beurre. Vous retrouverez le pull marin et vous serez étonné des miracles d'un fou en contemplant un parapluie. Au sous-sol, les fourneaux s'activent pour vous servir des croissants et des madeleines (hors de prix). Et puis vous pourrez rire e tous les essais ratés, de ces marquises en meringues, de ces crêpes qui font les jupons...
Le costume a aussi son importance chez Pina Bausch, en prologue et en épilogue de Parle avec elle. Toujours Alamodovar. Elle a fait escale au Théâtre de la Ville, comme chaque année, avec un spectacle inspiré de son séjour à Istanbul ("Nieves"). La chorégraphe semble perturbée. Point de décors flamboyant, tout juste cette eau omniprésente. Peu de séquences chorales et de trop nombreuses musiques lentes pour nous emporter. Istanbul serait-elle si ennuyeuse? Déroutant spectacle à cheval entre l'Inde et l'Europe centrale, elle parvient quand même à nous imprimer de magnifiques séquences visuellement sensationnelles. Il s'agit, certainement, d'un magnifique "pestacle". Cependant, si les hommes et les femmes sont toujours aussi élégants, l'apparence cache mal un mal être créatif.
Plus loin, à la Villette, il y avait un festival, Terre de Cirques. Le cirque n'a plus rien à voir avec Sous le plus grand chapiteau du monde. Philippe Ménard présentait sa création, "Zapptime". Un exercice fascinant où le jonglage (à deux!) n'est qu'un élément d'une mise en scène ludique, véhiculant un message social, dans une scénographie imaginative. Que de compliments! Doués, le duo de jongleurs s'amuse, tour à tour se travestissant, pratiquant l'auto-dérision, jouant de leur talent de comédiens (très expressifs) et défiant les limites de leur art. Pour résumer, on se croirait dans un film entre Tati et Charlot : une critique par l'absurde de notre monde qui ne tourne pas rond. On perd la boule et eux savent, avec style, la rattraper. Le juste équilibre.
FILMOGRAPHIES CACHÉES
Coupez! Ces films que l'on aimerait oublier.
Christophe Greuet.
Eds. Carnot - 238 pages
par Harry Stote
Christophe Greuet est chroniqueur Cinéma au Midi Libre.
Depuis bientôt 20 ans, il fréquente assidûment la Croisette au moment du
Festival. Pour comprendre la finalité de son livre il dévoile quelques petits
secrets des lieux et montre comment certains ont pu évoluer. Dans ce livre il
s'attache à raconter la petite histoire du Marché du film. Pour cela il fait un
inventaire des échecs, des faillites et des non-réalisations d'acteurs, de
réalisateurs et de sociétés de production. Il présente, sur un thème récurrent,
la jungle de l'underground des films classés entre B et Z.
Il y a d'abord les films qui ne sont encore que dans
l'esprit des producteurs. Mais cela ne fait rien! Les affiches sont
quand même imprimés! Les fans attendent cependant la sortie de l'oeuvre. Car
souvent la vedette du moment est sensée être la tête d'affiche. Puis il y a
ceux qui ont été réalisés. Stars, réalisateurs et productions sont
alors passés au crible. L'auteur démonte les mécanismes de la déconfiture de
nombre d'entre eux avant, pendant et après le tournage. D'où le titre: "Coupez!
ces films qui aimeraient être oubliés". Les plus grands noms se retrouvent tout
au long du livre: de Clooney à Carradine en passant par Réno, Bellucci, Thurman
et Tarantino; de Spielberg à Lucas; de Troma à Carolco par exemple. Ce super
Marché est parfois bien ingrat. C'est une grosse machine qui peut avoir de
grosses défaillances. Ainsi la sortie même d'un film peut être annoncée 3,
voire 5 ans de suite. Il est vrai comme le montre le second chapitre qu'il faut
bien débuter et que les choix ne sont pas toujours appropriés. Mais les débuts
devraient-ils toujours être honteux? Il est vrai que l'auteur a fait l'impasse
sur ceux et celles ayant tournés des films X. Il n'y a rien de croustillant de
ce côté là.
L'ensemble du livre est facile à lire. Il est surtout bien
illustré par de nombreux clichés presque introuvables maintenant. Il faut
cependant déplorer la présence de quelques cuirs et de phrases inachevées qui
émaillent certaines pages. Il manque aussi quelques traductions d'expression
anglaise pas forcément compréhensible en dehors de la profession. En fait c'est le moins bon côté de la corporation Cinéma-Internet qui est
un peu révélé au grand public. Les lecteurs d'Ecran Noir apprécieront comment
fut vécu la mascarade du Bug de l'an 2000! Les images parfois ne sont que des mirages...
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