FILMOGRAPHIE

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EST - OUEST
Un film romanesque injustement boudé...
 



Sortie en France le 1er Septembre 99
Sélection Officielle Locarno 99
Golden Globe meilleur film étranger, Nomination oscar meilleur film étranger

Production: UGC
Réalisation: Régis Wargnier (Indochine)
Scénario: Régis Wargnier, Roustam Ibraguimbekov, Louis Gardel, Sergueï Bodrov
Photographie: Laurent Dailland
Musique: Patrick Doyle
Montage: Hervé Schneid (120 minutes)

Casting:
Sandrine Bonnaire (Marie)
Oleg Menchikov (Alexeï
Sergueï Bodrov Jr (Sacha)
et Catherine Deneuve (Gabrielle)

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HISTOIRE

1946. Staline offre l'mnestie aux russes émigrés à l'Ouest. parmi ceux qui répondent à cette propagande, le Docteur Alexei Golovine, sa femme Marie, une française qui abandonne tout pour le suivre, et leur fils Serioja.
Arrivés en Ukraine, le régime déporte ou assassine ces traitres à la mère patrie, la Russie. Les Golovine tentent de s'adapter, de survivre en essayant de ne pas se faire remarquer. Mais au milieu de cette vie communautaire, Marie craque. Elle va alors profiter de toutes les occasions pour fuir vers la France.
Le TNP est en tournée à Kiev, avec la grande Gabrielle Develay dans le rôle de Marie Tudor. C'est son premier espoir.
Le second sera ce jeune Sacha, champion en natation, prêt à tous les risques pour passer de l'autre côté, à l'Ouest...


CRITIQUE

Une femme française

"C’est l'odeur du camp; je ne m'en débarrasserai jamais!"
Régis Wargnier est un cinéaste qui aime les grandes épopées, les mélos à rebondissements, les films collection Harlequin avec une forte dose de documentation historique, les oeuvres où les sentiments sont bigger than life.
Et surtout un scénario dont le personnage central est une femme. Une femme avec ses failles, son coeur qui bat, ses désirs qui s'enflamment, ses idées, son instinct maternel... Une femme forte. ce fut Birkin, Blanc, Deneuve, Béart et désormais Bonnaire.
Donc. Si vous n'aimez pas les déchirements de couple, les sauvetages improbables, les destins tourmentés, les sacrifices et la survie des êtres, si vous n'aimez pas les violons et les beaux paysages, les phrases définitives, littéraires et les personnages qui n'existent qu'au cinéma, et bien vous n'aimerez pas Est-Ouest.
Pourtant, il s'agit d'une épopée divertissante, servie par de grands acteurs (jamais Bonnaire n'a été si plaisante à voir), et avantagée par un montage alliant moments graves et suspens haletant.
On retrouve cette esthétique propres aux paysages russes, verts et bruns, gris et froids. Wargnier ne nous éblouit pas autant qu'un Mikhalkov ou comme aux temps d'Indochine, mais on le sent inspiré par son sujet.
Si il bacle un peu le personnage (secondaire) joué par Deneuve (sorte de Signoret un peu clichée, motivée par ses idées de gauche autant que par une certaine solidarité féminine), il dessine très bien ceux de Bonnaire, Menchikov (décidément magnifique) et du jeune Bodrov.
Dans cette prison Russie, dans cette URSS méconnue, les destins croisent la politique, l'Histoire se mêle des vies de chacun. Et l'on sent bien cette opression communiste sur les individus.
Le final est grandement réussi, grâce à son rythme constant, et un scénario qui privilégie l'action. Mais la plus belle scène restera celle où Sacha doit absolument remporter une cométition de natation. Du plongeon (majestueux) jusqu'aux angoisses de Marie, Wargnier filme un bel instant de cinéma.
On reprochera la naïveté idéologique, on critiquera le scénario trop convenu, on s'en voudra d'avoir été séduit par cette eau de rose sur la Mer Noire. Pire, on se dira que des films comme Le Voleur et l'enfant en montrent plus, et le montrent mieux, sur la colocation imposée par le régime soviétique. Mais pour une fois qu'un film français nous fournit des émotions puissantes et riches, on ne va pas bouder notre plaisir...

(Vincy)



Deneuve par Régis Wargnier
J'ai toujours tenu Catherine au courant de l'évolution du scénario. Nous avions pris ensemble la décision de renoncer au projet de western en Asie centrale , tout en ressentant forcément une certaine déception. On ne voulait pas en rester là. Lorsque je lui ai parlé d'une participation dans le nouveau projetn elle m'a dit que si le rôle lui plaisait, elle serait d'accord. A partir de ce moment, j'ai vraiment écrit pour elle. Il fallait une actrice d'une grande notoréité, une actrice qui en impose dès qu'elle arrive. C'est cela qu'apporte Catherine: l'excès dans le bon sens, la détermination et l'autorité naturelle.

Deneuve par Sandrine Bonnaire
Je n'admire pas des carrières, je préfère admirer des personnes, par exemple Catherine Deneuve pour la femme qu'elle est, que je connais peu mais que je devine. Ce que j'aime en elle, c'est le contraire de son image publique. C'est quelqu'un de digne et d'audacieux à la fois. Elle peut passer d'un rôle de maturité à celui d'une grande amoureuse. Elle m'épate vraiment. Pour une femme, et encore plus pour une actrice, ce n'est pas évident de continuer à susciter le désir et de conserver une si grande modernité.

Le personnage de Deneuve par Louis Gardel
C'est un mélange. Au début, nous nous sommes inspirés d'une grande actrice du TNP parce que la troupe de Vilare faisait beaucoup de tournées en URSS à cette époque, et puis nous avons aussi songé à Simone Signoret. Le background historique est très documenté. On sait que Signoret a été sollicitée au cours de ses voyages en URSS par des gens qui lui demandaient de les aider à s'en sortir. Il y a une anecdote célèbre qui raconte, qu'à son retour d'URSS, Signoret, bouleversée, va s toruver Aragon pour lui faire part de la situation terrible de la femme d'un dissident et lui dit: "Depuis que j'ai vu cette femme, je ne dors plus". Et Aragon aurait alors répondu: "Moi Simone, il y a 20 ans que je ne dors plus..." Et il n'a absolument rien fait.

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