Dossiers de l'écran





Quand les dragons s’enflamment...

L'Alliance

La Chine a aujourd’hui les moyens de devenir un véritable contre-programme hollywoodien, et ainsi contre-balancer l’hégémonie américaine.

Drapeaux
C'est avec les échanges entre Hong Kong et la Chine, que toute la culture de ce pays va pouvoir se construire.
Hong Kong a déjà connu le besoin vital de contenu créatif grâce au bourgeonnement des chaînes de TV, et parce que sa population est habituée à voyager, à aller voir ailleurs (si elle y est).
La Chine, recluse, prête à sermonner ses plus grands cinéastes, à les censurer, est encore régie dans une forme étatique. Il faudrait une seconde révolution culturelle.
Est-ce souhaitable?
Dans quelles conditions? Car elle fera l’effet d’un électro-choc. Et si c’est pour imposer une culture américanisée....la Chine a aujourd’hui les moyens de devenir un véritable contre-programme hollywoodien, et ainsi contre-balancer l’hégémonie américaine.
Car les américains sont prêts, tassés à Hong Kong, à lancer des satellites pour diffuser, à construire des salles pour distribuer, à exporter son savoir-faire tant technique que marketing: il y a de la haute rentabilité au bout de ces dépenses colossales.
Un détail cependant panique les investisseurs: le piratage. Véritable art asiatique, l’absence de copyrights refroidit les financiers. Les Américains sont même obligés de prévoir des sorties à l’échelle continentale, et ce très rapidement après la sortie américaine.

Frontières

L’opposition à Beijing devra passer non plus par la presse locale mais par celle de Taiwan, l’ile voisine.
Un pays, deux systèmes....cela signifie que Hong Kong devra juste réguler ses propres lois, et notamment diminuer la violence et le sexe dans ses productions.

La Chine ne devrait donc pas s’en prendre au cinéma de Hong Kong (sauf si celui-ci s’attaque au gouvernement, évidemment), qui lui préserve une certaine identitié culturelle.
La logique voudrait d’ailleurs que la Chine en fasse la vitrine d’une "autre voie culturelle", profite de cette Hong Kong ouverte sur le monde, vibrante....Mais la logique ne prévaut pas toujours.
Aussi, le cinéma restera un investissement à haut risque tant que les limites de la censure ne seront pas définies précisément, tant que le marché chinois ne sera pas ouvert. Tant que le piratage existera.
On préférera reporter les financements culturels sur des feuilletons TV.
Hong Kong devrait même progressivement pénétrer les médias chinois; une influence artistique, créative, culturelle que tous prévoient.
Et ce tant que Hong Kong, ne donne pas la parole aux dissidents (Mais il y a peu de risques puisque le cinéma de HK n’a jamais été politique).
Car si l’argent abolit les craintes, il n’est pas évident que les droits de l’Homme soient aussi à l’aise avec cette rétrocession. L’opposition à Beijing devra passer non plus par la presse locale mais par celle de Taiwan, l’île voisine.
Un pays, deux systèmes...cela signifie que Hong Kong devra juste réguler ses propres lois, et notamment diminuer la violence et le sexe dans ses productions.
Les libertés individuelles: prostitution, homosexualité, jeux, ....tout reste malgré tout en suspens. Et si l’on y touche, cela changera à moyen terme les mentalités, voire enfreindra la créativité.
Enfin les capitaux sont par définition mouvants. Et il n’est pas impossible de les voir se déplacer vers la plus grande métropole du pays, Shanghai, dotée de grands studios de cinéma.

Shanghai Surprise

Logique imparable: Shanghai compte attirer les artistes d’un pays qui compte un cinquième de l’humanité. Donc 1/5 des créateurs, plus ou moins. La ville compte déjà 2 fois plus d’habitants que Hong Kong.
(...)"Ce sera L.A., l’endroit où vous devez être!"

Depuis son âge d’or des années 30, où Shanghai dominait le cinéma de l’Extrême Orient, juste avant l’invasion japonaise, la métropole chinoise n’a jamais connu un tel essor.
Modernisation de ses infrastructures, afflux de talents, investissements massifs...l’inverse de Hong Kong.
Le plus grand port chinois bénéficie aussi de l’émergence de sa propre culture pop depuis son ouverture économique il y a 10 ans. Le gouvernement soutient ce développement, particulièrement dans le Cinéma. Il y a une volonté politique pour cette industrie.
Logique imparable: Shanghai compte attirer les artistes d’un pays qui compte un cinquième de l’humanité. Donc 1/5 des créateurs, plus ou moins. La ville compte déjà 2 fois plus d’habitants que Hong Kong.
Pour Christopher Doyle, chef opérateur de Kaige ou Kar-wai, cela ne fait aucun doute: "Shanghai est notre futur! Ce sera comme dans les années 30. Ce sera L.A., l’endroit où vous devez être."
Shanghai vole donc déjà la vedette à Hong Kong. Grâce à une habile tactique politicienne et des capitaux concentrés dans une seule direction.
Mais le Happy End n’est pas encore de rigueur.
Si les chiffres parlent en la défaveur de Hong Kong (Box Office en baisse, investissements stagnants), c’est aussi en grande partie à cause de l’incertitude causée par la rétrocession.
De plus de nombreux étrangers ont parié sur le moyen terme. Et la plupart des films qui seront exhibés dans les festivals en 97-98 sont le fruit de joint-ventures entre des producteurs occidentaux et des producteurs locaux.
Le poids de l’industrie cinématographique de l’île est bien trop important pour être transformé en quelques mois.

6ème Génération

Les films y sont faits illégalement, avec de petits budgets, ou à l’aide d’une collaboration internationale (festival, producteur indie).
Tout cela le Pouvoir Central en a conscience. Muet sur le sujet, mais souhaitant voir opérer des changements (comment expliquer sinon le boom de Shanghai?).

Alors que beaucoup envisage l’absorbtion de talents venus de Hong Kong par le cinéma chinois, d’autres parlent déjà d’un nouveau cinéma.
Né de réalisateurs moins connus, plus "undergrounds", indépendants même, ce mouvement apparait déjà très puissant. Les films y sont faits illégalement, avec de petits budgets, ou à l’aide d’une collaboration internationale (festival, producteur indie).
Tout cela le Pouvoir Central en a conscience. Muet sur le sujet, mais souhaitant voir opérer des changements (comment expliquer sinon le boom de Shanghai?). Au rythme voulu, c’est à dire lentement.
C’est toute la fin d’un système qui est en jeu. Il ne faudrait pas le brusquer: on parle de la fin du communisme. Progressivement cela entrera dans les moeurs d’un peuple aux cerveaux lavés par la Révolution Culturelle maoïste.
Et alors ce sera un pays, un système. Avec la main d’oeuvre la plus grande de la planète, et le nombre de consommateurs le plus important.
Et d’autres préparent déjà le prochain combat: celui que Hollywood livrera dans les salles de cinéma...suite

Les enjeux de la rétrocession


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