Dossiers de l'écran





Quand les dragons s’enflamment...

Chinoiseries

La Chine n’aime pas la violence (donc les films de Bruce Lee et de Jackie Chan). La Chine n’aime pas le sexe (donc ceux de Kar-wai). Pas de politique, non plus. Et malgré cela, les cinéastes de Hong Kong restent confiants.

Le cinéma de HK est surtout commercial. Et là se jouera - ou pas- les changements. Est-ce que le pouvoir central à Beijing autorisera n’importe quelle production sous un simple prétexte marchand?
Le cinéma de Hong Kong est avant tout un produit d’exportation et donc une source de revenus.
Officiellement, la consigne qui émane du gouvernement est la suivante: "dans le respect des industries du cinéma et de la télévision, il n’est pas question de travailler sous l’autorité du gouvernement central." La confirmation provient du ministre de la Culture, Chau Tak-hay.
Pourtant....
On sait déjà que la Chine n’ouvrira pas tout de suite les réseaux de distribution du pays à un cinéma insoumis au gouvernement.
La Chine n’aime pas la violence (donc les films de Bruce Lee et de Jackie Chan). La Chine n’aime pas le sexe (donc ceux de Kar-wai). Pas de politique, non plus. Et malgré cela, les cinéastes de Hong Kong restent confiants.
La censure est très tendue ces derniers temps. Depuis très longtemps, le pouvoir n’avait pas montré autant d’agressivité à l’égard des cinéastes. Depuis l’automne 96, les déclarations officielles ont aggravé les relations avec les artistes. Coup de bluff? Cannes a prouvé la détermination chinoise à réprimer les libertés culturelles.
Le premier exemple pourrait être Happy Together de Kar-wai, un des rares auteurs du cinéma de Hong Kong. Ce film sur l’homosexualité est en exploitation et connait un beau succès actuellement. Sera-t-il brusquement retiré des écrans le 1er juillet?
Rappelons que le film chinois East Palace West Palace, sur le même thème, a entraîné la privation du passeport à son réalisateur, Zhang Yuan. Que Zhang Yimou a reçu l’ordre de ne pas montrer son dernier film à Cannes, et de ne travailler qu’en Chine.
Même à Hong Kong la censure est apparue, notamment sur l’oeuvre de Cheung Yuen-ting, à propos des soeurs Soong au début de la révolution chinoise. Deux scènes coupées. Coupes déséquilibrant tout le film.

Dilemne

Chen Kaige: "Depuis 10 ans, nous essayons de leur montrer que nous sommes juste des artistes, qu’il n’y a aucune action dirigée contre le gouvernement. Je ne suis pas intéressé dans la Politique, mais malheureusement ici, tout est politique. Et la Politique a un tout petit sens de ce qu’est l’art."

Adieu ma concubine a été la première Palme d’or chinoise. Succès mondial, il a d’abord été censuré dans son pays. Puis enfin montré. Alors le film fut un des plus gros succès du cinéma chinois.
Selon John Woo, "le gouvernement ne les retient pas de faire ces films. Je pense que le pouvoir les aime. Il les comprend et préfère les voir tourner en Chine. Le gouvernement s’ennorgueillit de leurs célébrités."
John Woo est de Hong Kong, et vit à Los Angeles.
Chen Kaige, réalisateur de la Concubine, a un avis un peu plus nuancé. "Depuis 10 ans, nous essayons de leur montrer que nous sommes juste des artistes, qu’il n’y a aucune action dirigée contre le gouvernement. Je ne suis pas intéressé dans la Politique, mais malheureusement ici, tout est politique. Et la Politique a un tout petit sens de ce qu’est l’art."
Kaige comme ses collègues de la 5ème génération sont des survivants de la Révolution Culturelle. Ils croient en leur responsabilité, en leur devoir de transmettre fidèlement leur vision de la société chinoise, à travers ce siècle.
Cette crainte de la repression politique a été l’une des causes de l’exode vers les USA.
Tout comme la censure et la non diffusion des films chinois ont conduit Maggie Cheung et Gong Li à travailler avec l’étranger.

Made in China

En Amérique et en Europe, Kar-wai, Chan, Woo ont réussi en moins d’une décennie à se rendre culte auprès de fans très lointains, et à être artistiquement reconnus par les Festivals du monde entier.

Après quelques succès récompensés par les plus grands prix occidentaux (Cannes, Venise, Berlin, Oscars), le cinéma chinois va absorber un cinéma hong kongais au meilleur de sa forme.
Jackie Chan est une star dont les films cumulent plus de 10 millions de $ au B.O. dès le premier week end de sortie aux USA. Tsui Hark a réalisé un Van Damme. Kar-wai vient de recevoir le Prix de la Mise en scène à Cannes. Stanley Tong après avoir commis Supercop sera l’auteur du Mr.Magoo de Disney.
En Amérique et en Europe, Kar-wai, Chan, Woo ont réussi en moins d’une décennie à se rendre culte auprès de fans très lointains, et à être artistiquement reconnus par les Festivals du monde entier.
Reste encore les Académies et le Grand Public.
Les films de Hong Kong vivent grâce à un réseau d’amateurs.
Les vidéos sont rangées dans un genre, ignorant parfois la diversité des films.
Enfin, revues (fanzines) ou sites internets, Hong Kong reste un objet culturel exotique, parfois incompréhensible (langue), et donc rarement traduit ou transporté ailleurs.
Ironiquement le site officiel de Leslie Cheung se trouve au Canada, et la plupart des fans de Gong Li sont en Europe. Mieux, Wong Kar-wai est "sité" plus souvent en Europe qu’ailleurs.
Il faut que des Jackie Chan ou des John Woo soient fortement courtisés par Hollywood pour que le succès dépasse les frontières.
Mais tout le monde s’accorde à dire que les films de Woo ont perdu leur originalité, leur ton, tout en gardant le rythme et les plans. Quant à Chan, il occupe la place des Lee, Van Damme, et autres "actionners", avec un brin d’humour en plus. Pour l’instant, malgré leur talent, aucun des deux n’a eu de blockbuster.
Là encore on retrouve le clivage Europe-Amérique.
Si Hollywood attire les films de genre, les stars-karaté, les producteurs européens s’intéressent davantage à Maggie Cheung, Gong Li, ou Kar-wai.
Ils les engagent pour des drames, des films d’auteurs, ou les adulent pour leur oeuvres très artistiques.

Dependance Day (compte à rebours) Tout le monde, en Chine ou à Hong Kong, Cantonnais ou Mandarins, acteurs ou auteurs, n’attend qu’une chose ...la date du 1er juillet. Excitation à son paroxysme. Aussi vibrant que ces événements médiatiques fabriqués à coup de marketing. Un pré An 2000. On veut en être, on veut voir.
Tout le monde attend. Le désir. La peur.
Pourtant il y a un souvenir que certains voudraient ne plus voir. Une image dans la tête, plus forte que n’importe quelle image de film, une image qu’aucun Hong Kongais n’efface: le 4 juin 1989, les chars sur la Place Tian An Men....et si ça leur arrivait un jour?
-FIN-...début

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