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LE FEST À NU
Etat des lieux 2007
Le chiffre 13 ça porte bonheur. 13e édition, celle du renouveau. Visuel coloré et généreux, nouvelle équipe, nouvelle organisation, mais de nouveau au Rex. Métro bonne nouvelle, ce qui pourrait être l’accroche de l’année. 8 journées arc-en-ciel, et surtout 25 séances de films, qui rappelons-le sont souvent inédits en salles.
Si le personnage homo, bi, trans est de plus en plus récurrent au cinéma, quelque soit le pays (sauf en Iran, puisque paraît-il il n’y aurait aucun homosexuel sur cette portion de la planète) , le cinéma dit « gay » (certains magasins font des rayons spécialisés, n’est-ce pas une forme de discrimination?) continue de poser des questions existentielles essentielles et de se concevoir à la marge des productions les plus importantes. Les cinéastes comme Van Sant, Waters, et même Ozon ou Chéreau, ne sont pas ceux qui reçoivent les budgets les plus importants, même si ce sont « les plus connus » du grand public. Toute homosexualité reste sous entendue voire interprétée dans les gros hits (Dumbledore dans Harry Potter 5 ou encore Ensemble c’est tout qui ne résout pas la question pour l’un des personnages principaux). Cette année, les homos sont avant tout les vedettes de petits films (souvent excellents, bien écrits) que des gros succès. Pas un « millionnaire » n’a de gay ou de lesbienne ou de transsexuel dans sa liste de personnages principaux. Aussi remercions Téchiné et ses Témoins, la comédie anglaise Joyeuses funérailles, ou encore Christophe Honoré et son jeu joli des jouissances sans jugement : Les chansons d’amour.
Quand ce n'est pas au repos, ça bande
Le Festival des films gays et lesbiens de Paris malgré son adresse rue du repos, opte plutôt pour les nuits blanches dès le 13 novembre. Ouverture par l’argentin XXY, Grand prix de la Semaine de la critique et soutien ACID du dernier festival de Cannes. Rien de mieux que l’hermaphrodisme pour brouiller les frontières de l’intime. Une semaine plus tard c’est le sud-coréen Lee Jun-Ik, flirtant avec l’esprit de Adieu ma concubine, qui clôturera la manifestation. Le panorama mondial, éclectique, hétérogène (et sans gène assumé homo), comprendra une programmation comme Beurs Appart (qui attirera les fans des pubs Nickel et des pornos de Citebeur) ou le punky sexy loufoque Itty Bitty Titty Committee. Il ne faudra pas manquer Comme des voleurs (à l’est) du suisse Lionel Baier (Garçon Stupide) ou Nina’s Hevenly Delights de la britannico-kenyane Pratibha Parmar.
En présence de la Maria de Medeiros, Rioparo bénéficiera d’une avant-première à la hauteur de son Grand Prix du festival du cinéma italien d’Annecy. L’œuvre de Marco Simon Puccioni, jeune cinéaste italien prometteur, rappelle, par son sujet, le très beau Oubliez Cheyenne. Côté garçons, The Houseboy évoque davantage le triolisme, nouvelle tendance sociologique qui risque d’inspirer nombre de fictions occidentales.
A cela s’ajoutent une tonne de courts métrages (notons le Spécial Mix Brasil), quelques documentaires (notamment Gay et après ? au coeur de la nuit gay Canal +), un hommage à William S. Burroughs.
C'est (jamais) trop tard!
Au-delà de l’identité sexuelle, la transformation physique et les mutations de la vie amoureuse sont au coeur des préoccupations d’une communauté en quête absolue d’un avant-gardisme nécessaire. Pourtant les revendications ne sont pas achevées : le mariage homosexuel, l’homoparentalité, ne sont pas encore à l’ordre du jour politique. Le nombre de crimes homophobes continuent d’être exagérément haut, même si les sanctions sont de plus en plus fortes. Les paroles publiques homophobes en France, en Italie, en Russie, et ailleurs ne sont pas découragées ou punies. Les budgets de la santé font craindre que l’on touche à la prévention sur le SIDA, et cauchemar !, aux remboursements sur les traitements palliatifs.
Il faudra bien toutes ces fêtes au Rex Club, Tango, Bains Douches et surtout au Troisième lieu, transformé en bar / QG du festival pour tenter de répondre au cliché bienveillant : seuls les gays et les lesbiennes savent faire la fête… Pour mieux oublier la réalité d’une condition plus acceptable, mais toujours difficile en terme d’égalitarisme ?
vincy
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