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Le blog Ecran Noir pour suivre le festival au jour le jour
Le site internet du festival
Festival international des Cinémas d’Asie,
du 29 janvier au 5 février 2006,
Majestic, espace des Lumières, Vesoul
Le jury
Masahiro Kobayashi, réalisateur japonais (président) ;
Niki Karimi, réalisatrice et actrice iranienne ;
Jocelyne Saab, réalisatrice libanaise ;
Safarbek Soliev, réalisateur tadjik.
La compétition officielle
Les moissons pourpres de Cai Shangjun (Chine) ;
Le vieux barbier de Hasi Chaolu (Chine) ;
Frozen de Shivajee Chandrabhushan (Inde) ;
Those three de Naghi Nemati (Iran ) ;
Trois mères de Dina Zvi-Riklis (Israël) ;
Le martinet d’Abai Kulbai(Kazakhstan) ;
Boz Salkyyn d’Ernest Abdyjaparov (Kirghiztan) ;
Waiting for love de James Lee (Malaisie) ;
Philippine science d’Auraeus Solito (Philippines).
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LE CINEMA A L'HEURE ASIATIQUE
On veut tous voir Vesoul
Etonnant pari que de créer à Vesoul un festival de cinéma consacré à l'Asie dans son intégralité géographique, c'est-à-dire au continent asiatique du proche à l'extrême-orient, incluant aussi bien Israël que le Japon, l'Inde, l'Iran ou encore le Kazakhstan. Pensez donc : céer une grande fête populaire autour de cinématographies aussi complexes et lointaines dans une petite commune de moins de 20 000 habitants quelque part en Haute-Saône, à une époque (1995) où cela n'était pas encore vraiment la mode ! Et pourtant, les treize premières édition ont largement prouvé que le cinéma asiatique peut non seulement être ludique et exaltant, mais également populaire. En 2007, ce sont en effet plus de 23 000 spectateurs qui se sont pressés en une semaine dans les trois salles ultra-modernes réquisitionnées par le festival. Et encore, on ne compte plus les séances complètes, preuve de l'engouement vésulien, ou plus généralement franc-comtois, voire français puisque l'on vient de partout, pour ces films souvent rares et inédits. Pas étonnant, alors, qu'il se place au premier rang des manifestations cinématographiques françaises consacrées à l'Asie.
Mais à Vesoul, on ne se repose pas sur ses lauriers. En 2008, le festival propose 73 films répartis en sept sections distinctes :
- une compétition "long-métrages" qui réunit neuf films parmi lesquels le troisième volet de la trilogie sur l'amour du Malaisien James Lee (Waiting for love) ;
- une compétition "documentaires" réunissant des œuvres du Bangladesh, d'Afghanistan ou encore du Tibet ;
- une section thématique "Villes d'Asie", qui souligne le fait que pour la première fois en 2008, il y aura plus de citadins que de ruraux sur terre ;
- une rétrospective sur le dialogue des cinématographies françaises et japonaises afin de commémorer le 150e anniversaire de l'instauration officielle des relations entre les deux pays ;
- un regard sur le cinéma tadjik au travers de neuf films-clef dans l'histoire de cette cinématographie qui a produit aussi bien des œuvres réalistes qu'épiques ou d'aventures (les fameux "easterns", en référence aux westerns américains) ;
- une sélection "jeune public" qui propose une programmation familiale sous la forme notamment d'un film d'animation iranien Le corbeau et un drôle de moineau et de la caméra d'or 1995, Le ballon blanc du réalisateur iranien Jafar Panahi ;
- et des séances spéciales "animation japonaise" avec la diffusion de La traversée du temps de Mamoru Hosoda et l'avant-première nationale de Brave Story de Koichi Chigira.
Une vraie plongée au cœur des problématiques asiatiques contemporaines qui se double d'une bonne session de rattrapage de quelques œuvres indispensables, méconnues ou tout simplement impossibles à découvrir ailleurs.
Masahiro Kobayashi et Stanley Kwan, invités de marque
Mais ce n'est pas tout, puisque plusieurs soirées exceptionnelles permettront de découvrir Le cahier d'Hana Makhmalbaf (fille du célèbre réalisateur Mohsen Makhmalbaf et sœur de la réalisatrice Samira Makhmalbaf) ainsi que des œuvres inédites des membres du grand jury : Pressentiment d’amour de Masahiro Kobayashi, le président du jury, qui a reçu le léopard d'or au festival de Locarno en 2007, Quelques jours plus tard de l'Iranienne Niki Karimi, Une vie suspendue de la Libanaise Jocelyne Saab et Waiting Calendar du Tadjik Safarbek Soliev.
Enfin, cette 14e édition met également à l'honneur le réalisateur et producteur hongkongais Stanley Kwan qui recevra un Cyclo d'or spécial pour l'ensemble de son œuvre. Une rétrospective proposera ainsi tout au long du festival de découvrir ses principaux films, parmi lesquels Center stage, l'hommage de Kwan à la grande actrice Ruan Lingyu, le documentaire Yang+-Ying : la confusion des genres sur la représentation du sexe dans le cinéma chinois et enfin deux inédits : Everlasting regret et Love unto waste. Connu pour sa convivialité et son cadre intimiste, le festival ne manquera par ailleurs pas d'aménager des moments de rencontre et de discussion entre le grand auteur et son public, ainsi qu'avec la majorité des comédiens ou réalisateurs présents.
Echanger quelques mots avec Stanley Kwan, Masahiro Kobayashi ou encore Niki Karimi, à Vesoul, rien de plus facile ! L'une des particularités de la manifestation est en effet son ambiance chaleureuse qui fait naturellement tomber les barrières entre spectateurs et invités, tous se retrouvant spontanément autour d'un verre ou d'une assiette froide à la fin des séances ou lors des quelques soirées festives organisées dans l'espace détente du Majestic. Parce qu'un festival, c'est aussi le lieu privilégié pour entrer en contact avec ceux qui font le cinéma que l'on aime. Alors, cinéphiles et curieux du Grand Est et d'ailleurs, tous à Vesoul ! Et pour ceux qui ne parviendraient pas à faire le voyage, rendez-vous sur Ecran Noir pour suivre le festival au jour le jour.
PALMARES COMMENTE
Vive la Chine
Par le jeu des jurys multiples (pas moins de six, plus le public), six films sur les neuf en compétition dans la sélection Visages des cinémas d'Asie contemporains ont remporté un prix. Grand vainqueur, le cinéma chinois repart avec sept récompenses, dont quatre pour le seul film Le vieux barbier de Hasi Chaolu, qui donne à voir les évolutions de la ville de Pékin (destruction des anciens quartiers pittoresques presque villageois au profit de grands immeubles impersonnels) au travers du quotidien ritualisé d'un vieil homme de 92 ans. Une tranche de vie humaniste et bienveillante qui sortait indéniablement du lot.
Plus contestable, le choix des Moissons pourpres de Cai Shangjun, sorte d'inventaire lourdingue de toutes les difficultés sociales de la Chine actuelle : explosion du noyau familial avec les relations explosives entre un père et son fils, drame de l'exode rural massif, développement économique galopant mais ne bénéficiant qu'à une portion réduite de la population, prostitution, mariages forcés... Non seulement ça fait beaucoup pour un seul film, mais en plus chaque question est abordée de manière beaucoup trop artificielle pour sonner juste.
Oeuvres personnelles
Rien à redire en revanche sur le lauréat conjoint du jury international et du public, Philippine science de Auraeus Solito, qui nous attache avec beaucoup d'intelligence à une poignée d'étudiants des années 80 sur fond de dictature Marcos. Enlevé et drôle, il revisite avec profondeur les films de teenagers dont le cinéma occidental est friand. Très bons choix également que Frozen de Shivajee Chandrabhushan et Boz salkyn de Ernest Abdyjaparov, deux oeuvres personnelles et novatrices aux qualités esthétiques et scénaristiques indéniables. On émettra plus de réserves sur Those three de Naghi Nemati qui après un début très réussi (trois soldats en manoeuvre dans une région hostile décident de déserter) se perd dans des effets visuels curieux (saturation verte des images) et une lenteur dépouillée qui ne débouche jamais sur rien.
Et les oubliés de ce palmarès ? Le plus flagrant est Le martinet du Kazakh Abai Kulbai, film peu confortable, difficile à aimer (probablement à cause de son ton radical et de son héroïne agressive), qui suit la déchéance d'une adolescente livrée à elle-même dans Almaty. On sent d'un bout à l'autre un vrai regard de cinéaste, précis et complexe, ainsi qu'une volonté de privilégier la justesse au détriment de la facilité scénaristique. Un premier film plus imparfait sans doute que nombre de ses concurrents, mais qui aurait mérité d'être mis en avant.
MpM
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