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69, EDITION ECONOMIQUE
Menacé, le Festival de Venise, le plus vieux du monde, est à un carrefour. Marginalisé côté événements par Toronto, qui commence dans quelques jours. Rétrogradé côté grands films par Cannes. Il ne possède aucun grand marché du film sur lequel se reposer, au contraire de Berlin, cannes, Toronto ou même Pusan en Asie. Déstabilisé financièrement par la crise, il est concurrencé de plus en plus fortement par le Festival de Rome qui nourrit de grandes ambitions, au point d'avoir débauché cette année Marco Müller, directeur artistique de la Mostra jusqu'en décembre dernier. A cela s'ajoute la renaissance de Locarno, grâce à Olivier Père, qui artistiquement semble plus audacieux.
Et puis il y a la crise économique qui touche l'Europe et particulièrement l'Italie : les coupes budgétaires dans la culture mettent en péril le fragile financement de l'événement. Pourtant Venise veut y croire encore. En créant un marché du film, modeste, en reliftant hôtels et Palais du Lido, en simplifiant les sélections (ce qui n'empêche pas d'afficher 50 avant premières mondiales cette année), en bâtissant une résidence d'auteurs, sur le modèle de L'Atelier de la Cinéfondation et du Sundance Institute, Venise investit pour le futur, plutôt en copiant les autres qu'en imaginant un modèle qui lui est propre.
"Cette année, le grand hall d'accueil du Palais a été refait totalement. Il y a un projet concret qui, sur trois ans, va permettre de renouveler totalement les structures disponibles sur le Lido", s'est réjoui le directeur du festival, Alberto Barbera, dans un entretien avec l'AFP.
Et même s'il affirme qu' "un festival ne peut pas se contenter d'être une passerelle pour célébrités", Barbara est fier d'énumérer son casting étoilé : "Il y aura beaucoup de stars cette année sur le Lido, il suffit pour cela de parcourir les castings des films sélectionnées: de Ben Affleck à Javier Bardem en passant par Gérard Depardieu, Zac Efron, Shia Labeouf, John Malkovich et Robert Redford, qui pour la première fois viendra à Venise" et "côté femmes, Claudia Cardinale, Cécile de France, Selena Gomez, Vanessa Hudgens, Kate Hudson, Isabelle Huppert, Jeanne Moreau, Marisa Paredes, Winona Ryder, Emmanuelle Seigner...".
Très fier aussi d'annoncer qu'il y aura 21 réalisatrices présentes, alors que le Festival de Cannes a subit une polémique très suivie sur l'absence de femmes dans sa sélection. Venise ouvrira avec un film réalisé par une femme - Mira Nair - et quatre réalisatrices concourront pour le Lion d'or, dans une compétition très centrée sur l'Occident. Le cinéma américain se taillant une part de ... lion.
Pour cette 69e édition, ce ne sera pas l'érotique mais l'économique qui sera en vedette. "Le thème principal de cette mostra sera la crise économique actuelle, mais aussi la crise de valeurs, de modèles ainsi que celle des rapports humains et sociaux, notamment à travers la solitude", a expliqué jeudi le directeur du festival, Alberto Barbera. Autre sujet très présent, "les fondamentalismes, comme dans le film d'ouverture signé de l'Indienne Mira Nair, L'intégriste malgré lui, un thriller politique".
Comme si Venise tendait un miroir à ses propres problèmes et cherchait l'explication à ses maux à travers des films qui évoquent tous les symptômes d'une maladie incurable : Venise a besoin de croire, mais on ignore toujours si la Mostra va survivre ou s'enfoncer dans le coma.
vincy
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