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Berlin sort les griffes
Cette 63e Berlinale ne ressemble pas aux récentes éditions. Le Forum accueille 8 films de plus. La compétition s’offre de grands noms aussi bien derrière la caméra que devant (la France envoie ainsi Huppert, Binoche et Deneuve). Berlin parvient même à « voler » des noms habituellement fidèles à Cannes et Venise : Soderbergh, Dumont, Sang Soo, Panahi, Tanovic, à s’offrir des œuvres de jeunes stars hollywoodiennes (Franco, Gordon-Levitt) et, comble suprême, à s’offrir le nouveau film tant attendu de Wong Kar-wai, abonné depuis 16 ans à la Croisette.
Cette année, Berlin a décidé de sortir les griffes et de ne plus être simplement le Festival audacieux de ces dernières années. Cela n’empêchera sans doute pas le palmarès de surprendre. Wong Kar-wai qui présida le jury cannois en 2006 avait récompensé Ken Loach, Bruno Dumont et Inarritu. Grand écart en perspective. Parmi la foison de films qui se disperseront dans les différentes salles de la métropole, des pépites émergeront.
Car à Berlin il ne faut pas se concentrer sur la compétition. Les sélections parallèles regorgent de films expérimentaux, documentaires, « underground », sans oublier les œuvres en lice pour le Teddy Bear. Le froid hivernal oblige les festivaliers à se réchauffer dans les salles plutôt qu’à flâner dans les rues. L’occasion de découvrir un film dont tous les noms du générique sont inconnus. C’est aussi l’opportunité de voir les premiers films montrés à Sundance il y a à peine trois semaines.
Pour la profession, enfin, c’est un rendez-vous incontournable. Avant même le lever de rideau, les premiers contrats, projets, « deals » en tous genres remplissent les colonnes des journaux professionnels. Le marché frémit déjà. On le prévoit déjà en bonne forme.
Cela contrastera avec la ville allemande, surendettée, incapable de finir son aéroport international, subissant une crise sociale violente. Malgré la beauté froide des gratte-ciels de Potsdamer Platz et le glamour des stars, il sera difficile d’ignorer que l’Europe, terre d’accueil des films du monde entier (l’Allemagne est d’ailleurs un important coproducteur international), est en mutation, hésitant entre fédéralisme et souverainisme, entre libéralisme et nationalisme ; à l’instar d’un cinéma qui vire vers le numérique et des grands écarts entre productions coûteuses et créations aux coûts de plus en plus régulés.
C’est tout l’enjeu de ce jeu festivalier : placer les films à égalité, et les mettre dans la lumière grâce à un prix, aux médias et, à Berlin, avec l’aide du public.
vincy
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