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Chroniques
Amours chiennes
Il existe des dénominateurs communs aux films ibéro-américains. Il y a le
feu et les fleuves. La chair, torride, embrasée, fortement sexuée, ou
brûlante de désir combat ce mysticisme permanent, cette foi anvahissante,
ces voix divines et ces hallucinations folles. Cette lutte classique entre
le matériel et le spirituel est omniprésente. Les deux exigent une quête de
l'absolu. Il y a bien sûr la mort, l'humour, les mots pour relativiser.
Cinéma bavard et violent, brutal et inondé de sang, les films
latino-américains n'hésitent pas à traverser les frontières, à s'affranchir
des tabous, à défier les destins.
Bref le cinéma transcende les clichés et reflètent, en déformant, la
société. Typique d'un tango mélancolique, d'un fado désespéré ou d'un
flamenco fatal, on suit des itinéraires d'errance et de fuite, des
personnages passionnés et "jusquauboutistes".
Ca ne manque pas dans la sélection de cette année à La Cita. Les amours y
sont chiennes, l'argent crame, l'enfer rode... Les victimes sont souvent
responsables de leur propre malheur. L'incommunicabilité, tendance générale
dans le monde, les conduit à ne pas s'expliquer, à créer les malentendus. A
déclencher la fureur des armes, la colère des hommes, quitte à y perdre son
âme. Ces sourds-muets ne cherchent qu'à se confier ou se confesser, qur
l'oreiller ou à l'église.
Après des siècles de catholicisme tyrannique et des décennies de dictatures
(politiques, militaires, policières, bananières), ces peuples qui n'ont pas
eu souvent l'occasion de s'exprimer en sont à vanter des histoires de
rebelles, de bandits, de roublards, de résistants, de marginaux en tout
genre... Tout en se taisant, en craignant l'uniforme, en accrochant une
croix au dessus du lit.
Tous ces paradoxes, ces contrastes permettent de faire naître l'émotion. Ce
cinéma d'Amérique Latine n'en manque pas. Larmes et rires à fleur de peau.
Ces films, souvent ignorés des salles de cinéma, semblent pourtant plaire à
un public large et varié, fidèle à ce Festival. Découvrant un continent
étranger sans bouger de chez eux. Apprenant à connaître intimement des gens
et des peuples, leurs modes de vie, sans les avoir jamais rencontré. On
devrait déclarer les Festivals de ce genre d'utilité publique.
Vincy
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