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Chroniques

Amours chiennes

Xavier D'ArthuysIl existe des dénominateurs communs aux films ibéro-américains. Il y a le feu et les fleuves. La chair, torride, embrasée, fortement sexuée, ou brûlante de désir combat ce mysticisme permanent, cette foi anvahissante, ces voix divines et ces hallucinations folles. Cette lutte classique entre le matériel et le spirituel est omniprésente. Les deux exigent une quête de l'absolu. Il y a bien sûr la mort, l'humour, les mots pour relativiser. Cinéma bavard et violent, brutal et inondé de sang, les films latino-américains n'hésitent pas à traverser les frontières, à s'affranchir des tabous, à défier les destins.
Bref le cinéma transcende les clichés et reflètent, en déformant, la société. Typique d'un tango mélancolique, d'un fado désespéré ou d'un flamenco fatal, on suit des itinéraires d'errance et de fuite, des personnages passionnés et "jusquauboutistes".
Ca ne manque pas dans la sélection de cette année à La Cita. Les amours y sont chiennes, l'argent crame, l'enfer rode... Les victimes sont souvent responsables de leur propre malheur. L'incommunicabilité, tendance générale dans le monde, les conduit à ne pas s'expliquer, à créer les malentendus. A déclencher la fureur des armes, la colère des hommes, quitte à y perdre son âme. Ces sourds-muets ne cherchent qu'à se confier ou se confesser, qur l'oreiller ou à l'église.
Après des siècles de catholicisme tyrannique et des décennies de dictatures (politiques, militaires, policières, bananières), ces peuples qui n'ont pas eu souvent l'occasion de s'exprimer en sont à vanter des histoires de rebelles, de bandits, de roublards, de résistants, de marginaux en tout genre... Tout en se taisant, en craignant l'uniforme, en accrochant une croix au dessus du lit.
Tous ces paradoxes, ces contrastes permettent de faire naître l'émotion. Ce cinéma d'Amérique Latine n'en manque pas. Larmes et rires à fleur de peau. Ces films, souvent ignorés des salles de cinéma, semblent pourtant plaire à un public large et varié, fidèle à ce Festival. Découvrant un continent étranger sans bouger de chez eux. Apprenant à connaître intimement des gens et des peuples, leurs modes de vie, sans les avoir jamais rencontré. On devrait déclarer les Festivals de ce genre d'utilité publique.

Vincy

 

 
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