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Film

Un air si pur
FFM Montréal 97

Un Air si pur sera projeté le 23 aout à l'Impérial à 16 heures 30

FFM 97


A c t u a l i t é
Premier Jour - 22 août - Un air si pur

Temps gris pour tempes grises

22.08.97/21.00 - Première mondiale pour Un air si pur du cinéaste français Yves Angelo. Un film autrefois nommé Le Palais de la Santé et adapté d'un roman de Hansum, le dernier chapitre. Une oeuvre glacée et grise comme un hôtel thermal dans les Alpes, l'hiver.
Le film a reçu un bel accueil de la part du public montréalais pour cette première projection 97 du FFM. Même si sa superficialité risque de ne pas être au goût de tout le monde (Première n'a mis qu'une étoile). Un divertissement morbide.
Lors de la conférence de presse (avec un micro-public déficient), Yves Angelo et Marie Gillain (Star) étaient présents.
Angelo le confirme, le film n'a rien "de réaliste dès le départ." Il définit son film comme "une enchevêtrement de personnalités dans un lieu clos, propice à l'insanité.".
Les "personnages y sont malheureux, s'inventant des personnalités, ils sont malades mentalement ou physiquement (il y a cette belle phrase dans le film qui dit que "Le chagrin ne peut pas être physique"), qui rêvent dans leurs têtes."
Ce film dramatique et amusant, l'actrice belge marie Gillain le voit surtout comme un univers "loufoque, ironique, tragique". Elle avoue que "le scénario (l') a déconcerté la première fois.".
Pour Angelo, c'était évidemment l'occasion de refilmer la mort, la guerre, l'identité et donc la mémoire (qui "elle ne se perd pas comme on peut perdre la vue" selon Luchini).
Petites morts
L'adaptation du roman est très libre: si l'histoire se déroule sur plusieurs années en 1923, le film prend place durant la première guerre mondiale, le temps d'une quinzaine de jours. Angelo souhaitait essentiellement confronter "la réalité de l'Histoire, telle qu'on l'apprend, telle qu'on la retient, et nos petites histoires, nos anecdotes d'êtres humains." Un peu comme le mélange des problèmes de notre quotidien avec les événements d'un journal télévisé.
5 morts face aux morts de l'Histoire reconnaissante. Chacun y verra un message, sa vérité. Une perception propre sur cette métaphore de la vie. On pourra d'ailleurs s'intéresser à la vision du réalisateur sur le sexe et l'argent. Les deux y sont assez liés. Jusqu'à rendre Gillain enceinte d'un paquet de fric dérobé. Yves Angelo montre là furtivement "nos petits désirs, nos petits espoirs, nos petits désordres."
Faisant l'éloge de la sincérité nécessaire de son métier, Angelo avoue qu'un "film trahit et révèle l'identité de son auteur. On ne fait jamais un film par hasard."
Les difficultés rencontrées, il y en a eut: la claustrophobie d'un tournage en montagne, isolé, en commmunauté, mais aussi le montage financier d'un projet dangereux, atypique, inhabituel, qui faisait peur. Il fallait convaincre pour avoir les moyens artistiques qu'il fallait.
Les sarcasmes de Fabrice Luchini
En cela, on devine que le nom de Luchini (Star) a dû aider. "J'avais déjà eu une expérience avec Fabrice Luchini, je le connaissais un peu. Il a ce tempérament de cynique, même s'il ne le distille pas constamment. Son personnage c'était Luchini dans un film. Il s'agit du caractère le moins transformé. Il n'est pas le narrateur, mais le regard extérieur. Ici le personnage symbolise l'acteur. En cela son interprétation devait être différente."
Le personnage de Marie Gillain est plus en nuance. Elle a une évolution, à respecter, un passage enttre sa vie insousciante et la réalité. Elle doit craquer. A la fin, elle n'est plus rien, d'avoir perdu ses rêves. "Elle est sec tellement elle est perdue", dit l'actrice. "Ce que j'ai aimé dans ce personnage c'est son coté décalé, son ambiguïté, l'absence de psychologie qui conduit à rendre les émotions plus fortes. On ne sait pas ce qui la guide, ce qu'elle va faire."
Elle ajoute que le fim entier est "décalé. On passe toujours à coté de l'émotion, y compris lors de la pendaison, ou lorsque mon personnage craque, enlaidie. On peut même penser qu'ils sont minables." Pitoyables aurait dit Luchini.
Une critique: le manque d'émotion...
Ce décalage, ce mélange des genres est sans doute ce qui a été le plus dénoncé cette après midi après la projection. Angelo se justifie: "le mélange ne se situe pas entre le cynisme, le burlesque, et le dramatique ou l'émotion. Les personnages ici sont enfermés et ne se libèrent jamais. Il ne peut donc pas y avoir d'émotion à fleur de peau puisque tout est glacé." Ils s'autodétruisent.
Le cinéaste souhaite que "si émotion il y a, il faut que ce soit après la projection. L'émotion se situe dans nos vies, dans notre réflexion.".
Et au fur et à mesure que les masques tombent, c'est l'humanité des personnages, plus que l'émotion, qui se dévoile. Nous sommes dans un décor, il n'y a pas de naturalisme. Pas de psychologie. Les acteurs jouent des archétypes qui deviennent des êtres humains.
Alors que conclure? Que penser de cet enfant-pas-normal, innocent et observateur, orphelin et témoin, qui vient porter un chapeau rouge, comme le symbole de l'amour ou de la vie retrouvée, à un pendu qui se rate?
"L'enfance ce n'est pas le passé, mais le présage" expliquait Yves Angelo.

22.08.97/21.00 - Pré-projection, une pub en 3 images. Une question - Y-a-t'il quelqu'un dans cette salle, aux instincts suffisamment bassement commerciaux pour vouloir jouer à un concours?
Une réponse - tant pis pour vous, c'est peut-être votre voisin qui partira pour Hong Kong. Un commanditaire: Air Canada, qui sponsorise le Prix du public.
Un bon présage pour le FFM: les rires ont fusé.



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