Les nominations des Césars
présentation par Géraldine Pailhas
La controverse aura lieu, à n'en pas douter. Les 12 nominations de 8 femmes ne feront pas oublier l'absence de Deneuve, Béart, Richard et Ledoyen. Partout, les 8 actrices ont reçu un prix collectif, sauf en France. Adjani est pareillement snobbée. De même côté acteurs, il faudra nous expliquer comment Adrien Brody, acteur remarquable, mais néanmoins américain dans une production en langue anglaise, a trouvé sa place dans une catégorie meilleur acteur. Ou alors, dans ce cas, pourquoi pas Suleiman et un jour Lynch en meilleur réalisateur (puisque celui-ci est aussi produit par Alain Sarde)? Ne passons pas à côté de ce non sens : Emilie Dequenne, premier rôle du film de Claude Berri, prix d'interprétation à Cannes en 99, nommée dans la catégorie meilleur espoir en 2003?!
En fait les Césars vont subir les pires critiques : on savait ce genre de rituels plus ou moins vains, on les devine désormais absurdes. Il va nous falloir décoder le règlement pour comprendre ces contradictions. Si cette édition 2003 souligne en creux la faiblesse artistique du cinéma français - malgré sa richesse et sa diversité que nous essayons de défendre à longueur d'années - en 2002, comment ne pas s'indigner que des films comme Bord de mer, Caméra d'or à Cannes, ou des expériences plus audacieuses, plus singulières comme Novo, Irréversible, Sex is comedy, ou L'Homme du train soient à ce point méprisées? Deux productions internationales (Le Pianiste et Amen), anglophones et plutôt européennes tant dans leur sujet que dans leur montage financier et artistique, trustent les places. Il n'y a rien à dire à ce sujet : les films sont produits en France, réalisés par des français. La langue, grand débat des Césars dans les années 80 (notamment avec les films d'Annaud) n'est plus un critère. Mais la nomination d'Adrien Brody a franchit une ligne jaune inimaginable pour les acteurs/actrices français(es).
Ces paradoxes, qui du coup maquillent les bonnes initiatives (César pour un film européen) et les heureuses surprises, contribuent à la baisse de crédibilité d'une cérémonie qui n'enthousiaste plus personne (la faute à la mise en scène). Comment accorder de l'importance à une telle liste? Quand Berléand, second rôle de Mon idole est nommé meilleur acteur ; ou encore Jamel, qui est le rôle principal d'Astérix, nommé que "meilleur second rôle"? De même Altman, cinéaste américain, concours dans la catégorie Meilleur film européen (de fait le financement est britannique...); et Intervention divine, si choyé par la critique, est inexistant. Gamblin, primé à Berlin, Tavernier, Bellucci, Dupontel, Stévenin, Deville, où sont-ils? Tout un pan du cinéma français est oublié : celui des indépendants, celui des auteurs à poigne, celui des films militants. Un carnaval? une farce? Les César cette année seront comiques, involontairement.
César d'honneur : Bernadette Laffont,
Spike Lee, Meryl Streep
MEILLEUR FILM
Huit Femmes
Amen
Etre et avoir
L'Auberge
espagnole
Le
Pianiste
MEILLEUR REALISATEUR
- Costa-Gavras (Amen)
- Cédric
Klapisch (L'Auberge
espagnole)
- François Ozon (Huit Femmes)
- Nicolas Philibert (Etre et avoir)
- Roman Polanski
(Le
Pianiste)
MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL OU ADAPTATION
- Michel Blanc (Embrassez
qui vous voudrez)
- Costa-Gavras, Jean-Claude Grumberg (Amen)
- Ronald Harwood (Le
Pianiste)
- Cédric Klapisch (L'Auberge
espagnole)
- François Ozon, Marina de Van (Huit
Femmes)
MEILLEUR ACTEUR
- Daniel
Auteuil (L'Adversaire)
- François
Berléand (Mon
idole)
- Adrien
Brody (Le
Pianiste)
- Bernard Campan (Se
souvenir des belles choses)
- Mathieu
Kassovitz (Amen)
MEILLEURE ACTRICE
- Fanny Ardant (Huit Femmes)
- Ariane Ascaride (Marie-Jo et ses deux amours)
- Juliette Binoche (Décalage Horaire)
- Isabelle Carré (Se souvenir des belles choses)
- Isabelle Huppert (Huit Femmes)
MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND ROLE
- François Cluzet (L'Adversaire)
- Gérard Darmon ( Astérix et Obélix: mission Cléopâtre)
- Jamel Debbouze ( Astérix et Obélix: mission Cléopâtre)
- Bernard Le Coq (Se souvenir des belles choses)
- Denis Podalydès (Embrassez qui vous voudrez)
MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND ROLE
- Dominique Blanc (C'est
le bouquet!)
- Danielle Darrieux (Huit Femmes)
- Emmanuelle Devos (L'Adversaire)
- Judith
Godrèche (L'Auberge
espagnole)
- Karin Viard (Embrassez qui vous voudrez)
MEILLEUR JEUNE ESPOIR MASCULIN
- Lorant Deutsch (3
zéros)
- Morgan Marinne (Le Fils)
- Jean-Paul Rouve (Monsieur Batignole)
- Gaspard Ulliel (Embrassez qui vous voudrez)
- Malik Zidi (Un
moment de bonheur)
MEILLEUR JEUNE ESPOIR FEMININ
- Emilie Dequenne (Une femme de ménage)
- Mélanie Doutey (Le frère du guerrier)
- Marina Foïs (Filles perdues, cheveux gras)
- Cécile
de France (L'Auberge
espagnole)
- Ludivine Sagnier (Huit Femmes)
MEILLEURE PREMIERE OEUVRE DE FICTION
- Carnages
- Filles perdues, cheveux gras
- Irène
- Mon idole
- Se
souvenir des belles choses
MEILLEUR FILM DE L'UNION EUROPEENNE
- 11'09"01 September 11
- Gosford Park
- L'homme sans passé
- Parle avec elle
- Sweet Sixteen
MEILLEUR FILM ETRANGER
- Bowling for Columbine
- Ivre de femmes et de peinture
- Le Voyage de Chihiro
- Minority Report
- Ocean's Eleven
MEILLEUR SON
- Jean-Marie Blondel, Gérard Hardy, Dean
Humphreys - Le Pianiste
- Dominique Gaboriau, Pierre Gamet - Amen
- Pierre Gamet, Benoît Hillebrant, Jean-Pierre
Laforce - Huit femmes
MEILLEURE MUSIQUE ECRITE POUR UN FILM
- Armand Amar - Amen
- Antoine Duhamel - Laissez-passer
- Wojciech Kilar - Le Pianiste
- Krishna Levy - Huit femmes
MEILLEURE PHOTO
- Patrick Blossier - Amen
- Pawel Edelman - Le Pianiste
- Jeanne Lapoirie - Huit femmes
MEILLEURS COSTUMES
- Pascaline Chavanne - Huit femmes
- Philippe Guillotel, Tanino Liberatore, Florence
Sadaune - Astérix et Obélix: mission
Cléopâtre
- Anna Sheppard - Le Pianiste
MEILLEURS DECORS
- Thanh At Hoang Astérix et Obélix: mission Cléopâtre
- Emile Ghigo - Laissez-passer
- Arnaud de Moléron - Huit femmes
- Allan Starski - Le Pianiste
MEILLEUR MONTAGE
- Hervé de Luze - Le Pianiste
- Nicolas Philibert - Etre et avoir
- Francine Sandberg - L'Auberge espagnole
MEILLEUR COURT-METRAGE
- Candidature de Emmanuel Bourdieu
- Ce vieux rêve qui bouge de Alain Guiraudie
- Peau de vache de Gérald Hustache-Mathieu
- Squash de Lionel Bailliu