Photos (C) Warner Bros Pict.
 Dossier préparé par Vincy et PETSSSsss
 (C) Ecran Noir 1996-2001
 

La vie de J. K. Rowling a des allures de conte de fée. Version moderne bien naturellement, mais avec les ingrédients des bonnes vieilles histoires du coin du feu. Une jeune anglaise, Joanne Kathleen Rowling, au parcours somme toute assez banal. Enseignante, divorcée, elle cultive un goût certain pour les lettres. Les temps sont durs, elle traverse une mauvaise passe et connaît une situation relativement précaire, assistée socialement, tenue d'élever seule sa jeune sœur de deux ans. Et puis le miracle, son manuscrit, un conte, est publié en juin 97. L'accueil est triomphal et instantané, le livre est traduit et l'engouement se communique sur l'ensemble de la planète. Qui aurait pu penser qu'un livre pour enfant, littérature souvent considérée comme mineure et destinée à un jeune public qui lit de moins en moins, pouvait se transformer en un véritable phénomène de société ? Car ce ne sont pas seulement les enfants qui se ruent sur les aventures magiques d'Harry Potter, mais aussi les adultes. D'un point de vue sociologique, on parle depuis le début des années 90 d'un contexte de régression nostalgique, d'une tendance qui se dessine de plus en plus chez les trentenaires des pays industrialisés à se réfugier dans leurs rêves pré-adolescents, d'un refus de faire face aux responsabilités d'adulte dans leur comportement, dans leur façon de consommer. Tous se reconnaissent au travers de l'apprentissage de petit garçon au destin étonnant. Economiquement, c'est une aubaine pour l'éditeur Bloomsbury Publishing. Car la romancière britanique n'en restera pas là et écrira trois autres volumes des péripéties de l'apprenti magicien qui suciteront une attente croissante (le cinquième tome arrive en 2002). Bref une success story, mythe entre les mythes de notre société moderne.

En faisant abstraction des ventes collossales des tribulations d'Harry Potter, il serait pourtant peu évident de prétendre que J. K. Rowling révolutionne véritablement l'écriture. S'inscrivant dans l'imagerie fantaisiste de la littérature britanique, elle créé un univers qui plonge ses références dans le folklore des légendes païennes et des cultures européennes anciennes. Chateaux, sorcières à balais, trolls, gobelins et sortillèges. J.R.R. Tolkien (dont on espère aussi que l'œuvre attire les foules sur les écrans en fin d'année) avait déjà montré combien l'imaginaire ancestral était intemporel et trouvait une résonnance dans notre monde contemporain. J.K. Rowling a eu bon nez de faire se côtoyer fantaisie et réalité de notre quotidien et de guider le lecteur d'un monde à l'autre, un peu comme le périple d'Alice aux pays des merveilles de Lewis Caroll. L'œuvre n'en est que plus accessible au plus grand nombre. Ce basculement permet aussi à l'auteur de jouer sur les anachronismes fixant l'œuvre définitivement dans la modernité. On pense souvent à Terry Pratchett et à son univers foisonnant et irrévérencieux qui pastiche la référence Tolkien. Rien de bien nouveau donc.
On reconnaitra cependant à l'écrivain un certain pouvoir de suggestion dans ses romans. L'écriture imagée, c'est la bénédiction de Rowling. L'intuition dont elle fait preuve pour construire des intrigues et inventer des situations qui font appel directement à la mémoire enfantine du lecteur permet de figurer clairement chaque scène dans l'esprit de chacun. Son sens minutieux du détail y est aussi pour beaucoup. Bref, du pain béni pour un scénariste qui n'aura pas trop de mal à y trouver matière pour écrire un film.

PETSSSsss-

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