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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Film par film, France 3 cinéma Distribution : AFMD Réalisation : Yves Angelo Scénario : Yves Angelo, Nancy Huston, librement adapté du roman Montage : Thierry Derocles Photo : Pierre Lhomme Décors : Jean-Baptiste Poirot Son : Pierre Gamet, Gérard Lamps Musique : Angélique Ionatos Maquillage : Kaatje Van Damme, Jocelyne Lemery Durée : 105 mn
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Voleur de vie
France / 1998
29.09.98
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Un an après le flop d'Un air si pur, l'ex chef op' Yves Angelo revient avec une histoire de femmes perdues face à la mort, face à la vie. Un drame noir et passionnel comme l'était un peu Le Colonel Chabert.
Voleur de Vie a été présenté en avant-première mondiale à Venise. Les critiques sont mitigées entre le désastre selon Libé et le très bon selon Studio.
Voleur de Vie est avant tout une affiche inédite et stimulante (deux actrices françaises ayant souvent partagé les mêmes réalisateurs).
Et puis il s'agit d'un des espoirs français pour cette rentrée en salles. Et pourquoi pas quelques nominations aux Césars...
MAKING OF
A QUELQUES MINUTES DE BREST...
Le tournage, c'était au début de l'année 98, sur la petite île d'Ouessant, à quelques minutes de Brest.
L'histoire que filmait Yves Angelo depuis plusieurs semaines ressemblait à une légende oubliée. Il tournait tout simplement l'histoire d'une femme qui passe d'homme en homme, et sa soeur qui l'épie...
C'est donc un homme qui, dans l'ombre de ces deux femmes, a mis au point cette rencontre cinématographique. Yves Angelo, en lisant par hasard dans une librairie parisienne quelques pages d'un livre signé Steinunn Sigurdardottir, romancière islandaise, décide de porter à l'écran ce Voleur de vie. Encouragé par son producteur Jean-Louis Livi (Le colonel Chabert), qui lui confie un budget de 50 millions de francs, ce réalisateur discret autant que décidé se plonge littéralement dans l'aventure. Après les colères d'outre-tombe du Colonel Chabert et les réflexions amères de quelques tuberculeux pendant la guerre de 14 dans Un air si pur, le voilà donc cherchant à explorer les secrets de cette sororité tout à fait particulière. Si, à la lecture du script qu'il a co-écrit avec l'écrivain canadien Nancy Huston, on constate quelques frappantes similitudes avec ses deux films précédents - la présence de la mort dans la vie, le passé qui resurgit pour mieux parasiter et anéantir le futur - il y a quelque chose ici de tout à fait nouveau dans la narration et dans la volonté d'Yves Angelo de jouer avec le temps et les ellipses. Et surtout de s'attacher, plus que jamais, aux sensations.
COMPLICITE
L'oeil noir et le regard profond, Sandrine Bonnaire n'hésite pas à parler de sa complicité avec Emmanuelle Béart. Ne cherchant jamais à forcer leurs rapports pour les besoins du film, elle parle, avec ce naturel qui la caractérise pleinement, de cette relation qui en étonne déjà certains. Comme si la réunion de deux actrices de la même génération signifiait forcément affrontement ou bagarre... "La première fois que nous nous sommes croisés, à une séance photo, Emmanuelle n'avait pas encore tourné Manon des Sources. Ensuite, je l'ai revue sur le tournage de Quelques jours avec moi, où elle était venue voir Daniel Auteuil. Elle était restée dîner avec nous. Pendant le repas, elle était assise en face de moi et n'a pas dit un mot. Elle était timide... C'est vraiment à partir des Enfants du désordre que j'ai commencé à m'intéresser à elle, à son itinéraire d'actrice... Et puis... (Silence) J'ai beaucoup aimé aussi son geste en faveur des sans-papiers à l'église Saint-Bernard. J'avais envie de lui écrire pour le lui dire. Je me sentais proche d'elle".
De l'admiration, Emmanuelle Béart en a toujours eu à l'égard de Sandrine Bonnaire. Elle l'a toujours dit et a été ravie qu'Yves Angelo suscite leur rencontre. Aujourd'hui, on les sent dans une phase de plénitude. Comme si l'une et l'autre avaient su mettre de côté tout ce qui pouvait parasiter leur travail pour ne plus s'intéresser qu'à l'essentiel. Comme si l'une et l'autre, après avoir surmonté les tempêtes personnelles et professionnelles auxquelles elles n'ont pas manqué d'être confrontées, avaient décidé, chacune à sa manière, de profiter au maximum de leur trentaine naissante pour se lancer dans des aventures encore plus audacieuses, encore plus exigeantes. "On n'a jamais l'impression d'avoir atteint un but", souligne Emmanuelle Béart. "On ne fait que tourner des pages. Et ces pages, ce sont tout simplement les pages de la vie. Je n'ai jamais eu le sentiment d'être arrivée où que ce soit. Je sens plutôt une forme de continuité instinctive et finalement un chemin qui, même cahoteux, me correspond vraiment".
Certains racontent que le premier jour de tournage, Angelo aurait proposé aux deux actrices d'intervertir leurs rôles. Elles auraient hésité un instant. Est-ce vrai ?
(Source : Studio Magazine numéros 131 et 137)
chris
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