Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Les films du Carosse
Distribution : MK2 (2004)
Réalisation : François Truffaut
Scénario : François Truffaut, Marcel Moussy
Montage : Marie-Josephe Yoyotte
Photo : Henri Decae
Décors : Evein
Son : Jean-Claude Marchetti
Musique : Jean Constantin
Durée : 90 mn
 

Jean-Pierre Léaud : Antoine Doinel
Claire Maurier : Mme Doinel
Anlbert Rémy : Mr Doinel
Guy Decomble : le professeur
Patrick Auffay : René Bigey
Georges Flamant : Mr Bigey
Henri Virlojeux : le gardien de nuit
Pierre Repp : le professeur d'anglais
Claude Mansard : le juge d'instruction
 

 
 
Les 400 coups (Les quatre cents coups)


France / 1959

03.06.59
 

Premier long métrage de François Truffaut, Les 400 coups raconte un peu de la véritable histoire du cinéaste et de son ami Robert Lachenay, par ailleurs assistant sur le film. Truffaut avait réalisé un court métrage, Les Mistons, l'année précédente et souhaitait écrire une série de sketches centrés sur l'enfance, dont le premier d'entre eux se nommait La fugue d'Antoine. Puis il imagine un long métrage chapitré (Antoine à l'école, Antoine chez lui, Antoine dans la rue). Antoine n'est autre que le sosie de l'auteur. Cancre, adepte de l'école buissonnière, fan de cinéma, menteur, grand lecteur, il vit entre la Place Clichy et la Place Pigalle, les quartiers d'enfance de Truffaut (et accessoirement le quartier d'Ecran Noir).




Aujourd'hui le Gaumont Palace a laissé place à un hôtel 2 étoiles et un centre commercial. Et le maître d'école n'existe plus qu'au cinéma ou dans des émissions de télé-réalité. Truffaut, ici, a relaté de nombreux événements qui lui sont arrivés, y compris cet enfermement dans un centre pour mineurs délinquants et une nuit au commissariat. Mais au delà de la dimension autobiographique, le réalisateur demande à son co-scénariste, Marcel Moussy (homme de télévision, mais aussi scénariste de Tirez sur le pianiste), de lui écrire une histoire plus universelle. La fugue d'Antoine devient ainsi Les 4 Jeudis (à l'époque le jour de repos des enfants scolarisés) puis Les 400 coups.
Pour incarner le personnage - symbole Antoine Doinel, il fallait trouver le bon acteur. L'annonce est publiée dans France-Soir (à l'époque un grand quotidien) en septembre 1958. Loin des scores de Star Academy et autres Nouvelle Star, 60 gamins d'environ 13 ans passèrent des essais. Jean-Pierre Léaud emporta le morceau parce qu'il voulait le rôle, plus que par ressemblance physique. Mais durant toute la vie de Truffaut, tout le monde constatera l'étrange analogie entre les deux hommes, Léaud pouvant être clairement le fils de son mentor. Selon les propres dires du cinéaste, le jeune comédien est devenu un précieux contributeur. Les gestes, la justesse du vocabulaire, et même le caractère (plus effronté) sont des apports de l'acteur qui permet cette véracité que cherchait le réalisateur.
Comme l'écrivait Serge Toubiana, ce film baptise à la fois l'acteur, le personnage de Doinel et le critique de cinéma qui devient alors metteur en scène. Chacun invente l'autre. Le tournage débute en novembre 1958. Ce jour-là, le fondateur des Cahiers du Cinéma, le père adoptif de Truffaut, André Bazin meurt. Le film lui est dédié. Le temps d'une scène, Mademoiselle Jeanne Moreau et Jean-Claude Brialy, égéries de la Nouvelle Vague, viennent copiner. On remarque Jacques Demy en policier. L'Assistant réalisateur est un nommé Philippe de Broca.
Le film sera présenté au Festival de Cannes. Sur la croisette se croisent Signoret, Hitchcock, Cary Grant, Gene Kelly, Sagan, Greco, ... L'accueil est magnifique. Le prix de la Mise en scène ouvre la voie au sacre de sa génération tandis qu'Orfeu Negro gagne la Palme d'or. Ce ne sera pas le seul trophée : Prix du meilleur film étranger pour la Critique de New York, Grand prix de l'OCIC à Cannes, Prix Joseph Burstyn du meilleur film étranger, Prix du festival d'Acapulco, Prix Méliès, nomination pour le meilleur film aux British Awards, Nomination pour le meilleur scénario original aux Oscars...
Le film sort dans la foulée en France. Il séduit presque autant que la Palme d'or et fait jeu égal avec La Mort aux trousses. Avec 3 650 000 spectateurs (dans un contexte où le cinéma attirait deux fois plus de cinéphiles qu'aujourd'hui, le film est un triomphe. Certes, Truffaut ne peut pas lutter contre Fernandel, Disney (La belle au bois dormant), Bardot, Bourvil, Blanche, Wilder, Ford et Vidor, mais il entre par la grande porte l'année où La vache et le prisonnier remplit les salles. Cela permet au réalisateur d'obtenir une véritable indépendance économique. De plus, l'année où Les cousins, A bout de souffle et Hiroshima mon amour sortent en salle, c'est un phénomène culturel et cinématographique qui est en marche l'année où la France élit De Gaulle.
Truffaut se lance immédiatement dans le tournage de Tirez sur le pianiste. Il reprendra les aventures d'Antoine Doinel dans L'amour à vingt ans, un segment d'un film à sketches, en 62, puis signera trois films qui suivront la vie du personnage : Baisers volés (68), Domicile conjugal (71), L'amour en fuite (78). L'ensemble peut être vu sous forme de coffret DVD aujourd'hui. Les 400 coups ont même bénéficié d'une restauration Haute Définition, comme les films de Chaplin avaient pu en profiter.
Pour finir parlons un peu des acteurs. Claire Maurier, qui incarne la mère, a vieillit mais elle a partciipé en second rôle à des films cultes comme La cuisine au beurre, Un air de famille (la mère acariâtre) et Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (la tenancière du bistrot). Elle fut nommé pour le César du meilleur second rôle pour sa prestation dans Un mauvais fils.
Quant à Jean-Pierre Léaud, honoré par un César en 2000, il a eu plus de mal à se faire un nom hors de l'univers de Truffaut; on l'a remarqué dans Le dernier tango à Paris, La maman et la putain, Détective, Les Keufs, Bunker Palace Hôtel, Mon Homme, Irma Vep, Une affaire de goût, Le Pornographe... autant de genres et de cinéastes différents... Mais à tout jamais, il sera le petit Antoine, rieur et renfrogné, mal aimé par ses parents et tant aimé par le public.
 
vincy
 
 
 
 

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