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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Pathé
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Production : Pathé, Intermedia Films, Moritz Borman Distribution : Pathé Réalisation : Oliver Stone Scénario : Oliver Stone, Christopher Kyle, Laeta Kalogridis Montage : Tom Nordberg, Yann Hervé, Alex Marquez Photo : Rodrigo Prieto Décors : Jan Roelfs Son : Jean Paul Muguel Musique : Vangelis Effets spéciaux : BUF Directeur artistique : James Lewis, Stuart Rose Durée : 170 mn
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Alexandre (Alexander)
USA / 2004
05.01.05
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Envahis par les Alexandre. Baz Luhrmann (Moulin Rouge) avait même envie de faire le sien, avec Leonardo DiCaprio et Nicole Kidman. Mirage ou réalité? Réponse l'an prochain... Les résultats du film d'Oliver Stone pourraient soit les refroidir, soit les encourager. Avec seulement 35 millions de dollars au Box Office US, comparé aux scores de Gladiator ou Troy, c'est un des fours de l'année 2004. D'autres films ou feuilletons sur le conquérant grec sont sur le marché. Une fascination qui trouve ses limites dans les budgets à débloquer. Cette version avec Colin Farrell (acteur à moins de 10 millions de dollars pourtant) a coûté modestement 150 millions de dollars, hors frais marketing. Film officiellement franco-américain (à opposer au Jeunet qui est américano-frenchy), Alexandre aurait pu coûter beaucoup plus cher si Tom Cruise, star initialement prévue, avait accepté le rôle. Puis on le proposa à Heath Ledger, un zeste trop jeune?
Le casting est digne des grands péplums des années 50 : incohérents et charismatiques. Angelina Jolie, 29 ans, joue la mère de Farrell, 28 ans. On retrouve aussi les vétérans Anthony Hopkins et Christopher Plummer en guest, les "bleus" Jared Leto (Requiem for a dream), Jonathan Rhys Myers (Joue la comme Beckham), la pin up Rosario Dawson (plusieurs Spike Lee)... Quelques français : Stéphane Ferrara, Féodor Atkine, Annelise Hesme... Sans oublier Val Kilmer, ex Doors d'Oliver Stone. C'est d'ailleurs en 1991 que Stone évoqua pour la première fois son projet avec sa vedette.
Le cinéaste s'est toujours intéressé aux leaders, pas forcément les plus sympathiques : Jim Morrison, les vautours autour de Kennedy, Nixon, Castro (dans son documentaire Comandante). Il dépeint les périodes les plus violentes (Salvador, Platoon, Wall Street et Any Given Sunday avec le fric, Natural Born Killers, ...) ou les utopies déchues (The Doors, Born on the Fourth of July, et la plupart de ses films...).
Alexandre n'est qu'au croisement de tout ceci. Entre le Maroc, Malte et Londres, la Thaïlande et l'Inde, le film s'est tourné entre septembre 2003 et avril 2004.
Ce n'est pas la première fois qu'Alexandre est porté à l'écran (Richard Burton l'a autrefois interprété). Entre les péplums italiens et les versions insolites (chinoise, indienne...), le héros macédonien a inspiré le cinéma, mais peu les grands récits ou le théâtre. le premier défi du réalisateur était d'écrire une dramaturgie autour du mythe. C'est la biographie rédigée par le professeur d'Oxford, Robin Lane Fox, qui servit de base au scénario. Le professeur fut aussi consultant sur les aspects de la vie quotidienne. "J'ai le sentiment que le film de Robert Rossen, en 1956, se réduisait à l'intrigue de la période grecque et s'épuisait avec la victoire d'Alexandre sur les Perses. Les dernières années de la vie d'Alexandre, au cours desquelles se produisirent certains des événements les plus intéressants et les plus importants, restaient ignorées", explique le cinéaste. Dans notre ère sordide et sensationnaliste, c'est évidemment la sexualité du personnage qui attira les quolibets. Des avocats grecs se sont érigés contre la vision de Stone de leur mythe. Quand le révisionnisme croise l'homophobie... triste époque. Les amours homosexuels sont pourtant très chastes, et historiquement vérifiés. Au moins, contrairement à Troie, il n'y a pas d'hypocrisie. Si Troie, justement, était une honte en terme d'adaptation littéraire, Alexandre est surtout coupable de gros raccourcis. Pas de mensonges ni trop de contre-vérités, juste une pudeur et des choix qui rendent l'entreprise peu précise. La description des batailles est plus "inventée". Alexandre pouvait être bien plus cruel et moins magnanime que dans le film. Stone s'intéresse surtout à trois époques : l'enfance (356-336 avant J.C.), la conquête de Babylone (331-330 avant J.C.) et l'exploration de l'Afghanistan (anciennement Bactriane) et des Indes (327-325 avant J.C.). Il mourra à peine une année après le décès de son amant, Héphaïstion, en 323 avant J.C. Autrement dit rien de ces premières conquêtes (grecques), ni de ses grandes batailles du Proche Orient (Issos, Gaza) ou de ses séjours en Egypte (pourtant fondateurs de son mythe).
Oliver Stone défend son héros, qu'il admire depuis l'enfance : "C'est un roi guerrier qui avait une vision de compassion, de générosité, de paix. Ce n'était pas un tueur ou un boucher. Bien sûr, il a du faire des massacres, mais l'époque n'était pas tendre. Il avait, à chaque fois, ses raisons. Il n'avait rien à voir avec Gengis Khan ou Attila. C'était un constructeur d'Empire, avec une seule langue, une civilisation, des peuples unifiés. Il y eut une forte croissance dans toute la Méditerranée et la Perse, qui conduisit à l'idée d'une Bibliothèque d'Alexandrie," explique le réalisateur, qui met en garde contre les interprétations. Il y a des parallèles avec notre actualité, mais "c'est une coïncidence. J'ai démarré le projet avant que ne commence ce cauchemar. La situation est vieille : l'Est contre l'Ouest. Alexandre était grand parce qu'il voyait au delà du conflit, il proposait une synthèse. Je ne suis pas sûr que Bush ait la même capacité." Ce qui coûta cher à l'Empire ce fut ce besoin toujours plus grand d'armes et de soldats pour le conquérir et le protéger. Alexandre avait su propager les valeurs helléniques (et notamment la liberté individuelle, il avait mélangé les coutumes et les lois, respecté les colonisés. Il ne voulait pas forcément imposer son diktat. Reste que Bush a conquis Babylone et le Bactriane, comme vincy
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