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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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BVI
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Production : Bonne pioche, Canal +, Buena Vista International Distribution : BVI Réalisation : Luc Jacquet Scénario : Luc Jacquet, Michel Fessler Photo : Laurent Chalet, Jérôme Maison Musique : Emilie Simon Durée : 85 mn
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La marche de l'empereur (March of The Penguins)
France / 2005
26.01.05
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Après les insectes, les oiseaux, les animaux originels, voici les manchots. C'est National Geographic dans les salles! Un an avec ces animaux du froid, voilà pour l'exploit. 400 salles à la veille des vacances de février. Faute de cartoon, Buena Vista (Disney) doit miser sur un Miyazaki et un documentaire animalier, pour faire face à l'invasion de dessin animés (Pinocchio le robot, Kié la petite peste, Pollux). Ca peut marcher à moins que le public familial se lasse des étendues glacées (déjà près de 2 millions de spectateurs pour Le dernier Trappeur) et boude la zoologie (Genesis fut un flop). Mais avec un marketing aussi implacable, comment résister à ces étranges palmipèdes? Avec un docu pour Canal + (Des manchots et des hommes), et des relais médias côté livre (Hachette), reportage (France Info), shoppoing (Nature et découvertes), caritatif (WWF), et autres cibles ados / adultes (Mickey, Géo ado, Club Med, écoles), La marche de l'empereur se veut un événement incontournable pour toute personne voulant avoir bonne conscience.
Mais comme d'habitude, il faut du people pour parler du film sur les plateaux télé (le web étant snobbé par Disney depuis un an). Le casting vocal (Charles Berling, Romane Bohringer, Jules Sitruk) a été mis à contribution. Côté radio, c'est la merveilleuse Emilie Simon, Victoire électro de l'an dernier, notre Björk nationale (reprise nickel de Ma vie en rose, joli Flowers, etc...) qui assure la bande son. De quoi nous rendre moins médisant.
En fait c'est davantage le profil du réalisateur qui nous intéressera, puisque le distributeur a préféré ne pas montrer son film à une grande partie de la presse (notre métier consisterait-il, de plus en plus, à recopier des des dossiers de presse, certes magnifiques, mais complètement pré-formaté dans le discours?). Luc Jacquet est un scientifique. Ethologue (étude du comportement animal), ce cinéaste en herbe, naturaliste et savant, a découvert l'Antarctique à 24 ans, grâce au CNRS (quand on vous dit que la recherche publique c'est important...). Il tombe amoureux de l'endroit et de ses habitants. Il devient le chef opérateur du film Le Congrès des Pingouins (de H. U. Schlumpf). Il réalise plusieurs documentaires avant de passer à ce long métrage ambitieux : La tique et l'oiseau, La part de l'ogre, Le printemps des phoques de Weddell, parmi les plus connus. "Pour moi, le monde animal est une source inépuisable d’histoires à raconter. Il suffit de lui prêter attention, de changer de regard. C’est ainsi que je conçois mes films : il y autant de nature et d’animaux que de manières de voir."
Ici, le Manchot empereur, "le plus humain des oiseaux". 1 mètre, 1 mètre 30, aux alentours de 30-40 kilos, il mange des poissons et des crustacés. Il pond un seul oeuf, à l'automne. Pas besoin de nid quand on peut se reproduire par - 50 ° celsius. Le plus drôle c'est que le mâle et la femelle alterne la garde du petit... Leur cycle de reproduction est unique au monde, mêlant amour, drame, courage, aventure dans une région hostile, isolée. L'homme ne l'a découvert qu'il y a un siècle. Nageur prodigieux et marcheur maladroit, l'animal doit défier le sol, alors qu'il est fait pour l'eau. Beau scénario. Surtout, malgré son immensité, l'Antarctique ne réserve qu'une quarantaine de sites pour assurer la reproduction de cette espèce et protéger les petits. Une véritable épopée s'engage, un millier de kilomètres à la nage (environ 30 kilomètres par heure), des dizaines de kilomètres de marche. L'Empereur peut, par exemple, plonger à 250 mètres (et parfois plus) sous l'eau, durant 18 mn... Le Grand bleu, coulé! Ils sont 400 000 "empereurs" (il y a 17 espèces différentes de manchots), répartis dans une quarantaine de colonies (logique). Il a fallu une année de tournage en Terre Adélie, grâce au soutien de l'institut Paul-Emile Victor. Une sorte de conte d'hiver. Tout public, forcément.
A noter : Le film a séduit 1 815 000 spectateurs en France, ce qui est loin de constituer un record en soi. En revanche sa sortie américaine est devenue davantage événementielle. Warner, le distributeur du film, a projeté le film en plein été. Envie de frais? En tout cas envies d'un film familial dans un contexte de super héros, science fiction apocalyptique ou de comédies à gros mots. March of the Penguins est devenu en quelques semaines un documentaire événement, battant Le peuple migrateur et Super Size Me assez rapidement. Prenant la place sur le podium du genre de Madonna : Truth or Dare (en dollars cumulés, puis en nombre de spectateurs) et enfin éjectant Michael Moore et son Bowling fo Columbine de la seconde place. Si les Pingouins ne pourront pas battre Fahrenheit 9/11 (120 millions de $), ses 20/30 millions de $ de recettes en font un succès plus important que Les Choristes ou Un long dimanche de fiançailles. Mais moins qu'Amélie. Pour en arriver là, Warner a quand même coupé 5 minutes du montage initial, engagé un scénariste (Jordan roberts) pour réécrire la narration, enrôlé l'Oscarisé et honorable Morgan Freeman pour la raconter, et enfin éliminé la musique électro d'Emilie Simon pour la remplacer par une trame sonore très classique composée par Alex Wurman. Très chic, très conservateur. loin des audaces des frenchys. Et ça marche! vincy
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