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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : ADR Productions Distribution : Tfm Distribution Réalisation : Richard Dembo Scénario : Richard Dembo Montage : Isabelle Devinck Photo : Laurence Fleutot Décors : Christian Marti Son : Michel Casang, Christophe Winding, Dominique Hennequin Durée : 110 mn
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Agnès Jaoui : Nina
Sarah Adler : Marlène
Gaspard Ulliel : Izik
Katia Lewkowicz : Eva
Adèle Csech : Sylvie
Jeremy Sitbon : Georges
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La maison de Nina
France / 2005
12.10.05
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Douze ans que Richard Dembo n'avait plus tourné après l'échec de L'instinct de l'ange en 1993, peignant l'histoire d'un pilote (Lambert Wilson) en mal d'extrême pendant la première guerre mondiale. Depuis, le réalisateur était passé à l'opéra avec la mise en scène de la "Bohème" et des "Contes d'Hoffman". En 1996, il co-écrivait l'adaptation des "Palmes de M. Schutz", aux côtés de Claude Pinoteau et Jean-Noël Fenwick. La page semblait tournée, après ses heures de gloire de 1984 : franc succès critique, sa Diagonale du fou, remportait le Prix Louis Delluc et, l'année suivante, le César de la meilleure première œuvre, l'Oscar du meilleur film étranger, entre autres nominations dont une aux Golden Globes. Un film sur l'affrontement de deux champions d'échecs russes et fond de dissidence communiste. Tour magistral pour notre cinéaste, écrivain ("Le jardin vu du ciel") et metteur en scène, cofondateur de la Quinzaine des Réalisateurs en 1969 avec Pierre-Henri Deleau, créateur de la Société des Réalisateurs et de l'ARP. Dembo avait été, entre autres grands noms, l'assistant de Jean Schmidt, George Stevens et André Téchiné. Brutalement décédé à l'âge de 56 ans, le 11 novembre 2004, en plein montage de La maison de Nina, ses proches collaborateurs ont assumé la délicate tâche de mener le film à terme, se rapprochant au mieux des intentions artistiques, premières visées et notes du cinéaste, se fiant à deux pré-montages réalisés avant sa disparition, un de 2h38, l'autre de 2h15 avec sa monteuse Isabelle Devinck. Secondée par la femme même de Richard Dembo, Jessica (détentrice du final cut), Alain Rozanes et Pascal Verroust, les producteurs du film et Agnès Jaoui, Isabelle Devinck parvint à achever cette dernière œuvre. Jean-Paul Rappeneau et Costa Gavras, cinéastes que Richard Dembo souhaitais consulter, apportèrent leurs regards avertis. Un délicat travail d'équipe. A l'arrivée, d'inévitables questions restées sans réponses. Pascal Verroust se souvient : "Isabelle Devink a été extrêmement importante sur toute la fin du film. Elle a vécu quelque chose d'inouï. Nous étions tous orphelins de notre réalisateur. Mais elle a été un roc pendant le montage. Ce film est très proche de l'idée que pouvait s'en faire Richard quand il est parti. Ce qu'on n'a pas, et ce qu'on n'aura jamais, c'est ce qu'il aurait pu inventer entre les images. On ne sait pas où sa réflexion l'aurait conduit". Agnès Jaoui, envoûtée par le travail de Dembo dès lecture du script s'est naturellement joint à cette construction de puzzle. Confidences : "J'étais contente de faire ça. D'abord parce que j'adore le montage que ce soit sur mes films ou ceux des copains. Souvent, je passe les voir à ce moment là. A l'étape du montage, tu redonnes vie à quelque chose. C'était encore plus vrai sur La maison de Nina. J'avais l'impression de retrouver Richard, que l'on prolongeait l'aventure de son film. C'était agréable d'être réunis autour de ce montage. Même si la dernière semaine est devenue un peu plus difficile parce qu'il fallait prendre les décisions finales qui ne m'appartenaient pas puisque c'est Jessica qui avait le final cut".
L'Histoire, la vraie
Les maisons d'enfants : page méconnu et pourtant incontournable de la Shoah. Elle furent crées en 1944 pour d'accueillir les enfants juifs cachés. Dès 1945, après la Libération, y vécurent les enfants et adolescents survivants en camps de concentration. La maison de Nina est inspiré de l'authentique histoire de ceux qui ont survécu de Buchenwald. 200 d'entre eux, la plupart originaires des pays de l'Est, furent accueillis en France à l'initiative du Général De Gaulle.
Nombre de ces maisons restèrent ouvertes jusqu'aux années 60, consacrées à l'aide sociale aux familles juives. Dans sa jeunesse, Richard Dembo avait connu l'une d'entre elles, transformée en colonie de vacances. Certains amis du cinéaste avaient eux-même été des enfants cachés pendant la guerre. Vocations religieuses ou socialo-communistes dans le sillage du sionisme : la reconstruction identitaire, tant individuelle que communautaire, fut naturellement la priorité de ces maisons d'enfants, quelle qu'en soit l'orientation. Le film de Richard Dembo équilibre subtilement ces deux vocations, accordant toute priorité à l'épanouissement via reconquête des essences vitales, au retour aux sources tant intimes que psycho-culturelles, tant physiques que spirituelles. Chaleureux hommage avant que le cinéaste ne tire sa grande révérence.
Sabrina
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