Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Pathé Distribution  

Production : Film Workshop
Distribution : Pathé Distribution
Réalisation : Tsui Hark
Scénario : Tsui Hark, Chung Chi Sing, Chun Tin Nam
Montage : Angie Lam
Photo : Keung Kwok Man
Décors : Eddy Wong
Son : Chung Wai Leung, Chung-hau Leung
Musique : Kenji Kawai
Effets spéciaux : Peter Webb
Costumes : Poon Wing-Yan
Durée : 145 mn
 

Donnie Yen : Chu Zhaonan « Chimère »
Leon Lai : Yang Yunchong « Transcendance »
Charlie Young : Wu Yuanyin « Infini »
Sun Honglei : Ravage
Lu Yi : Han Zhibang « Divinité »
Kim So Yeun : Perle de Jade
Lau Kar Leung : Fu Quingzhu « Rédemption »
Tai Li-wu : Xin Longzhi « Firmament »
Duncan Chow : Mulang « Nimbe »
 

Site officiel français
 
 
Seven Swords (Qi Jian)


Hong Kong / 2005

30.11.05
 

Le « wu xia » est un genre épique par excellence comme il existe peu d’équivalent en occident. Ecouter Tsui Hark nous en offrir sa définition propose néanmoins quelques pistes : « Le wu xia exprime une foi romantique dans un monde meilleur, un monde idéal, où les héros vivent parmis nous et offrent justice et protection à tous ceux qui n’ont pas le pouvoir de se défendre tout seul ». Robin des bois ? « C’est un acte qui exige que l’on se lance des défis, qu’on les surmonte armé d’un courage immense, que l’on fasse preuve de grandes aptitudes et d’espoir, que l’on possède la connaissance et la foi ». La légende du Roi Arthur ? Les Chevaliers de la Table Ronde ? Excalibur ? Tout cela à la fois mais bien plus encore. Le wu xia intègre l’art martial dans des récits mettant en scène nombre de vertus prolongeant l’arme au corps et le corps à l’esprit. Le combat exige un profond respect de l’adversaire et des valeurs que l’on défend, le traître étant généralement l’incarnation du mal dans son essence. Le genre n’exclu pas le romantisme « hétérosexuel », bien au contraire, mais y préfèrera une amitié virile (à l’instar du western) qui tend aujourd’hui la perche à une interprétation gay trop évidente pour ne pas être erronée. Littéraire dans un premier temps, le wu xia se répartit en trois périodes et tient part entière dans l’histoire, la culture et la philosophie chinoise. Ses origines remontent aux Dynastie Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911). Parmis les romans les plus notables de cette période, « Au bord de l’eau », par exemple, connu de nombreuses adaptations télévisuelles et cinématographiques dont celle de Chang Che, en 1972, intitulé « La légende du Lac ». La seconde vague des romans d’arts martiaux est intimement liée à la proclamation de la République de Chine, en 1911, et dont le représentant fut sans conteste le prolifique Wang Dulu qui inspirera en 2000 le « Tigre et Dragon » de Ang Lee. La dernière débute dans les années 50 au cœur de Taiwan et Hong Kong, sans doute par revendication identitaire face aux colonisations (Taiwan ne fut rendue à la Chine par les Japonais qu’en 1949 suite à la victoire communiste) et compte dans des rangs des auteurs tels que Wu Lon-shen, Liang Yu-shen, Jin Yong et Gu Long.




Une telle source d’inspiration n’allait pas être passé sous silence par l’art nouveau du cinéma, quitte à en faire une seconde nature dès les débuts du muet. Se contentant jusqu’alors d’en illustrer plus ou moins les romans originaux, il prend un véritable essor dans les années 60 lorsque le cinéaste King Hu, et notamment sa célèbre « Hirondelle d’or », y intègre la gymnastique propre à l’Opéra de Pékin qui s’éloignait du réalisme et de la stratégie des véritables combats. Dès lors les salles ne désemplissent plus d’œuvres signées Liu Chia-Liang (« Le 8 diagrammes de Wu-Lang »), Chen Kang (« 14 amazones »), Chu Yan (« Le complot des clans », « L’île de la bête »), Meng-Hua (« Les griffes de Jade »), Lo Wei (« L’ombre du fouet ») ou du maître incontesté Chang Che (« 2 héros », « Frères de sang », « 5 venins mortels », « La Rage du Tigre »…).
Aprés des années d’études à New York où il fut journaliste, réalisateur et metteur en scène, Tsui Hark revient à Hong-Kong et crée sa propre société The Film Workshop, pour produire « Le syndicat du crime » réalisé par l’un de ses associés, John Woo. Formé par Chang Che pour lequel il fut l ‘assistant et à l’occasion comédien. Woo est désormais lassé des wu xia pian du pauvre que lui imposait la Golden Harvest et a pour intention d’en appliquer désormais les codes aux films de gangsters. La place est donc libre pour Hark qui en profite et de directement à « Star Wars » avec le fer de lance de toute son œuvre à venir, l’extravagant et révolutionnaire « Zu, les guerriers de la montagne magique» dont le mariage des effets spéciaux à l’univers wu xia en pose les bases d’une relecture artistico-commerciale. S’entourant des plus grands chorégraphes, Hark met son montage au service des plus ahurissantes prouesses et devient dès lors « le Steven Spielberg Hong-Kongais » comme on aime internationalement, sans doute à tort, le répéter à la vison de ses « Swordsman », « L’auberge du Dragon » ou sa saga des « Il était une fois en Chine ». Lorsque Hark lit « Seven swordmen of Mount Heaven » de Liang Yu Shen, il se dit qu’il le portera un jour à l’écran. « Le livre semble raconter une histoire wu xia classique, dit-il, mais j’y ai trouvé bien plus que ça. Il ne ressemble à aucun autre livre wu xia. Les sabres sont au coeur du récit : le roman explique comment on créé un sabre en lui donnant son caractère propre ; comment le rapport entre le guerrier et sa lame – comme la discipline de l’homme – peuvent transformer le pouvoir de l'arme; il évoque le pouvoir que cette dernière peut exercer sur son propriétaire à différentes étapes ; il explique précisément la culture du sabre, culture à part entière. Ce sujet n’a jamais été abordé dans un film wu xia et, à mon avis, il exprime l’art même du genre ». Pour se faire, Hark décide de tourner sur les lieux mêmes de l’action, au Mont Tian, à Kianjiang, à l’extrême nord de la Chine occidentale. Une terre soumise aux caprices de la nature, âpre et austère, et dans le désert de Gobi, reflétant ce qu’endure ses villageois durant leur exode et un panel de paysages singuliers, enchanteurs ou inquiétants. Il engage comme chorégraphe et dans l’un des principaux rôles (Fu Qingzhu alias Redemption), Lau Kar Leung, vétéran aux 400 films en tant que réalisateur, directeur des combats, comédien, et parfois les trois à la fois. Cet ancien collaborateur de Chang Che fut formé par son père, lui-même formé par Lau Chan, l’un des meilleurs disciples de Wong Fei-Hung…ce dernier qui possède à l’écran les traits de Jet Li dans la saga des « Il était une fois en Chine » et ainsi boucler la boucle! Avec un montage de 4 heures, Hark se retrouve alors face au veto des distributeurs internationaux et la crainte des exploitants au point de devoir réduire son épopée de plus d’une demi-heure. Une malchance qui semble poursuivre Hark depuis quelques temps, puisque ses deux opus précédents, son incroyable « La légende de Zu » et pitoyable « Blak Mask 2 », furent distribués chez nous directement en vidéo. A quand la pareille au Steven Spielberg américain ?
 
Arnaud
 
 
 
 

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