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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Production : Central Films, De Nigris Productions, Pan-Européenne Production, Associated Filmmakers Distribution : Pan-Européenne Réalisation : Abel Ferrara Scénario : Simone Lageoles, Mario Isabella, Abel Ferrara Montage : Langdon F. Page, Fabio Nunziata Photo : Stefano Falivene Décors : Franck de Curtis Son : Davide Magara Musique : Francis Kuipfers Effets spéciaux : Renato Agostini Costumes : Silviana Nebiolo Directeur artistique : Monica Sallustio Durée : 85 mn
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Mary
USA, Italie, France / 2005
21.12.05
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"Pendant les quatre-cinq années durant lesquelles nous avons essayé de monter le film, on s'entendait dire que personne ne voulait voir un film sur la religion. Aujourd'hui, plus personne ne tient ce discours. Mais sans La Passion du Christ de Mel Gibson, Mary n'aurait jamais trouvé de financement. Mel Gibson a du financer et distribuer son film lui-même". Fidèle à ses univers de prédilection, Abel Ferra nous revient avec une toile mystique, pointant ce sacro-saint thème de la rédemption (The Addiction, Bad Lieutenant, King of New York, …) et celui des coulisses du cinéma (The Blackout, Snake Eyes). Un film conçu d'après plusieurs évangiles gnostiques dont celui de Philippe, découvert en 1945, et l'évangile de Marie Madeleine même. Laquelle suscite fascination chez le cinéaste… Pour lui avoir "ouvert les yeux" avec ses écrits sur la religion catholique. Pour avoir aidé à réhabiliter l'image de la femme au sein de l'église. "L'histoire de Maire Madeleine est une histoire féministe. C'est le féminisme des origines. D'ailleurs, la réévaluation du rôle de Marie Madeleine a réellement commencé à la naissance du féminisme dans les années 70", nous explique le réalisateur. Coup de cœur : sa Mary/Marie Madeleine sera campée par Juliette Binoche. Curieuse coïncidence : voilà quelques années, le théologien Yves Leloup lui avait déjà proposé d'incarner Marie Madeleine après avoir traduit son évangile. Un projet avorté. Aussitôt contactée, la comédienne qui, rappelons-le, pratique la méditation et a déjà effectué plusieurs voyages en terre sainte, s'est penché sur ce nouveau projet. Ferrara, fervent adepte du jeu sur le vif… Les évangiles… Marie Madeleine, "pécheresse" longtemps dite prostituée (le terme pouvait à l'époque désigner toute femme non mariée et sans enfant)… La comédienne se souvient : "Je me demandais s'il était possible d'aborder la question de Jésus et Marie Madeleine dans un film où, connaissant la réputation d'Abel Ferrara, il y aurait beaucoup d'improvisations et de changements de dernière minute. Je crois que simplement, il faut avoir la foi".
Matthew Modine et Marion Cotillard viennent parachever le jeu de Binoche. Une deuxième "made in USA" pour Cotillard ; après Burton, avant Ridley Scott (A Good Year, 2006). Reste que Mary est définitivement centré sur le personnage de Ted Younger incarné par Forest Whitaker : un journaliste courant à sa propre perte tant d'un point de vue personnel que familial ; voué à méditer, à prier pour trouver rédemption… Du Ferrara certes. Mais une idée première bien fragile (un talk show sur le Christ), vaguement conjointe à ses réflexions sur l'actorat, sur le 11 septembre 2001 (revanche sur 11'09'01 auquel le cinéaste n'a pas pu participer ?), sur les notions de doute, de Foi, sur l'Amérique gangrenée, la guerre des religions, l'antisémitisme, le conflit israélo-arabe… Laborieux. Quoi qu'il en soit, au final, Mary aura tout de même étrenné quelques tapis rouges, de la 62è Mostra de Venise (Prix spécial du jury) à Deauville 2005 (hommage à Forest Whitaker) en passant par Toronto et San Sebastian. Après la grossière Passion du Christ de Mel Gibson, Ferrara ne courait pas grand risque.
Sabrina
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