Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Beijing Film Studio, China Film Group Corporation
Distribution : Eurozoom
Réalisation : An Zhanjun
Scénario : Zhang Ting
Montage : Chenh Jie
Photo : Yang Baocheng
Format : 35 mm
Son : Guan Jian
Musique : Wang Liguang
Durée : 95 mn
 

Fan Wey : Du Hongjun, le père
Zhao Jun : Liu San
Chen Xiaoyi : Xiao Song
Zhang Weixun : Du Xiaoyu
 

 
 
Kan chen ren de qi yue (Un père à Pékin)


Chine / 2004

22.02.06
 

An Zhanjun est très connu en Chine pour son téléfilm Year after year, portrait des changements majeurs survenus dans la société des grandes villes chinoises ces vingt-cinq dernières années. Avec Un père à Pékin, il poursuit dans cette veine sociale en s'intéressant à des personnages de condition très modeste vivant en périphérie de Pékin. Lors du Festival des films du monde de Montreal 2004, où il a reçu le prix du jury, le film a d'ailleurs été salué pour sa capacité à se focaliser sur la société chinoise contemporaine.





An Zhanjun appartient à cette nouvelle génération de cinéastes qui, tournant le dos aux œuvres historiques, s'intéresse aux réalités de leur époque, offrant un témoignage brut sur la nouvelle donne économique et les difficultés sociales rencontrées par toute une fange de la population. Tout comme ses compatriotes Jia Zhang-ke (Le monde, Plaisirs inconnus) et Ning Ying (Un taxi à Pékin), il filme un monde en plein changement où les bouleversements urbains et les mutations sociétales créent des inégalités toujours plus cruelles. "La Chine se modernise à un rythme effréné, expliquait-il à Montréal en 2004. Dans ce mouvement irrésistible, il faut tenir compte des gens ordinaires comme ceux dont je parle dans mon film. Il ne faut pas les oublier et les laisser se perdre."

Dénonciation
Pour ce faire, An Zhanjun emploie un style proche du documentaire, volontairement réaliste, qui met en évidence le dénuement du quartier de Du Hongjun et, par contraste, l'opulence de celui où il travaille. D'un côté l'obscurité, les déplacements en vélo, la vétusté des quartiers populaires aux ruelles étroites, de l'autre les lumières, les voitures luxueuses, l'occidentalisation. On perçoit également les bouleversements architecturaux qui viennent renforcer ces inégalités sociales en rejetant les plus pauvres loin de la rutilance du centre ville de Pékin. Le cercle vicieux de la marginalisation, en quelque sorte…

On est loin, ici, de ces films à la gloire de la Chine qui ont fait les beaux jours du régime. An Zhanjun n'hésite pas à montrer l'absence de solidarité entre les individus et le peu d'espoir qui reste à ceux qui n'ont pas su prendre en marche le train de la modernisation. Ni l'Etat, ni la justice, ni même l'amour ne peuvent sauver le personnage principal d'un destin tragique. La police s'avère procédurière, ridicule (le réalisateur tourne notamment en dérision le fameux exercice de l'autocritique), inutile, puisqu'elle harcèle ceux qui n'ont rien à se reprocher et laisse les autres commettre leurs crimes en toute impunité. Même le personnage de Du Hongjun, père sensible et amant attentionné, est particulièrement éloigné des personnages masculins chinois traditionnels qui se distinguent par une virilité autoritaire souvent teintée de machisme. Ce n'est ni un héros, ni même un battant, juste un homme simple qui aspire à mener une vie heureuse entre son fils et la femme qu'il aime.
Malgré cette dénonciation d'une société qui laisse de côté une partie de ses membres, An Zhanjun n'a pas rencontré de difficultés particulières pour tourner. "La production du film a été très facile, raconte-t-il. Quant à l'approbation gouvernementale qui était nécessaire auparavant, ce n'est plus un problème aujourd'hui…"

Défi
Fan Wey, qui interprète le rôle du père, a reçu le prix d'interprétation masculine à Montréal en 2005. L'acteur, surtout connu en Chine comme le partenaire de l’acteur comique et imitateur Zhao Benshan, a cherché à rendre les émotions de son personnage les plus intérieures possibles. "Pour moi, ce rôle était un défi, avouait-il lors de la présentation du film à Montréal. Il m'a séduit tout de suite, mais j'ai dû parler beaucoup avec An Zhanjun pour trouver la manière de l'incarner."
 
MpM
 
 
 
 

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